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Sur le vif

Refus d'inhumer un bébé rom : le maire de Champlan accusé de racisme

Rédigé par La Rédaction | Lundi 5 Janvier 2015 à 12:14

           


Erreur administrative ou racisme par-delà même la mort ? La commune de Champlan, dans l’Essonne, est accusée d’avoir refusé d’inhumer un bébé rom en raison de ses origines, a révélé l'Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms (ASEFRR).

Maria Francesca, un bébé rom âgé de deux mois et demi, est décédée dans la nuit du 25 au 26 décembre à Corbeil-Essonnes, succombant à la mort subite du nourrisson. Une entreprise de pompes funèbres a alors demandé à la municipalité l’autorisation d’inhumer la petite Maria Francesca dans le cimetière de Champlan, à la demandé de la famille. Mais le maire l'aurait refusé sans « aucune explication », a assuré le gérant des pompes funèbres.

« C'est du racisme, de la xénophobie et de la stigmatisation », s’est indigné Loïc Gandais, le président de l’ASEFRR. Christian Leclerc, le maire de la commune (divers droite), a d’abord évoqué, mercredi 31 décembre, un manque de place, expliquant que « priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux ». Autre raison invoquée par la municipalité, l’enfant a été déclaré mort dans une autre commune.

Il a finalement nié s’être opposé à l’inhumation, dimanche 4 décembre, et évoqué une mauvaise interprétation de ses propos. « A aucun moment je ne me suis opposé à cette inhumation. La mayonnaise a été montée », a affirmé l’édile à l’AFP. « On avait le choix (pour l'enterrement) entre Corbeil et Champlan. J'ai dit OK mercredi matin pour l'un ou l'autre des scénarios », s’est défendu Christian Leclerc.

Il a ensuite plaidé l’erreur administrative. « Il y a eu une erreur de compréhension dans la chaîne de décision entre ce qu'ils pouvaient faire et ne pas faire », assure le maire, alors en vacances. Selon lui, la personne ayant pris en charge la demande d’inhumation n’étant pas habituée à traiter ce genre de dossier, « elle s'est un peu pris les pieds dans les différents documents ». Le maire a envoyé un message de condoléances et d’excuses à la famille, et a déclaré souhaiter que l’enterrement de la petite Maria Francesca « puisse avoir lieu dans la commune de Champlan ».

Malgré les déclarations du maire, l’ASEFRR a maintenu ses accusations, et a indiqué « demander solennellement à M. Toubon de faire toute la lumière qu'il souhaite sur cette affaire qui devient brûlante ». L’association ne portera pas plainte. « Sur le plan moral, c'est absolument contestable, mais sur le plan juridique, on ne pourra pas faire grand chose », a expliqué Loïc Gandais. Le Défenseur des droits Jacques Toubon, qui s’est dit « bouleversé », a décidé de lancer « des investigations » et de faire toute la lumière sur l’affaire.

La petite Maria Francesca sera finalement inhumée lundi 5 janvier dans la commune voisine de Wissous. Le maire UMP de Wissous, Richard Trinquier, a évoqué un « souci d’humanité ». « Par simple souci d'humanité, on ne pouvait pas laisser cette situation dans l'état », a déclaré ce dernier. « Une mère qui a porté un enfant pendant neuf mois et qui le perd à deux mois et demi, ce n'est pas la peine d'aggraver sa douleur », a-t-il encore affirmé. L’ASEFRR prendra en charge les frais d’obsèques.

L’inscription « Leclerc, Valls même racisme d’Etat !! » a par ailleurs été taguée sur le mur de la mairie de Champlan, a-t-on appris lundi matin. Le Premier ministre Manuel Valls avait condamné via Twitter le refus d’inhumation.

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