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Points de vue

Les sept recommandations du HCI auxquelles vous avez échappé

Par Salaam Sciences Po*

Rédigé par Salaam Sciences Po | Lundi 12 Août 2013 à 06:05

           


Nous avons eu accès au projet d’avis du Haut Conseil à l’intégration sur l’expression religieuse et la laïcité dans l’enseignement supérieur. Sans s’attarder sur les quelques surprises rencontrées à la lecture de la composition des membres du comité de réflexion (« Ohh Sihem Habchi, qu’est ce que tu fais là ? »), nous l’avons lu avec attention.

Nous prenons très au sérieux le fait que des étudiants ne veuillent pas travailler en binôme mixte ou remettent en cause radicalement le contenu des enseignements. Pour nombre d’entre nous, le supérieur a été avant tout un lieu d’épanouissement, de brassage social et d’échanges. Cela étant dit, il est très difficile de prendre au premier degré les recommandations du HCI pour résoudre les problèmes évoqués dans les universités. Et parce qu’ils ne sont pas les seuls à avoir le droit de s’amuser, nous avons décidé de creuser, de produire notre petit jus de cerveau perso et d’ajouter notre grain à l’addition salée.

Après avoir suivi la même méthode de travail, voici les sept recommandations de Salaam que nous voulons soumettre au HCI.

1. Obligation de manger au restaurant universitaire le midi

En 2003, plusieurs professeurs de l’Université de Thionville se sont alarmés du comportement alimentaires de certains étudiants. La pratique du jeûne islamique (appelé Ramadan dans les milieux souterrains) intervenait alors au mois de septembre.

Témoignage d’un professeur d’économie recueilli sur le terrain 10 ans plus tard :

« C’était affolant. J’avais en face de moi une armée de zombies. Certains avaient la langue blanche et le teint pâle, d’autres présentaient la silhouette d’un triple vainqueur de Koh Lanta. Et puis impossible de m’approcher pour une explication avec l’haleine fétide qui émanait de leur bouche. Le pire, c’est qu’à 18h, il s’arrêtait tous pour manger des fruits séchés et pour boire du lait. Comment voulez-vous parler d’Adam Smith dans ces conditions ? »

Afin d’éradiquer les comportements alimentaires fanatiques, Salaam préconise que chaque étudiant prenne son repas dans un restaurant universitaire à midi. Les étudiants qui ne présenteront pas leur badge se verront sanctionnés d’un avertissement et devront se présenter dans le bureau du directeur de la faculté où ils boiront un bol de Nesquick cul sec.

2. Interdiction du port de la barbe dans l’enceinte des établissements

Depuis plusieurs années, une recrudescence de jeunes hommes barbus a été observée dans les universités.

Témoignage d’un professeur d’arts plastiques recueilli sur le terrain :

« Les barbus en cours, je ne les supporte plus. Déjà parce que ça salit le matériel, je retrouve des touffes entières dans le papier canson et y’a plus moyen de séparer le bon grain de l’ivraie. Ensuite, plusieurs incidents ont émaillé mes cours. J’ai eu une fois un étudiant qui refusait de dessiner un portrait de Reagan parce que c’était selon lui, je cite, "de l’association alors que Dieu n’a pas d’associé". Moi, naïvement, j’ai remarqué "Tony Montana, il n’avait pas d’associé non plus et ça s’est mal terminé" et là ça a été terrible, il a essayé de me faire un ippon, je suis encore traumatisé. Une autre fois, un étudiant barbu a refusé de me dessiner nu parce que je n’étais pas circoncis. Je lui ai dit de dessiner une corbeille de fruits à la place mais mon travail devient de plus en plus difficile. »

La barbe, s’inscrivant sans contestation dans la catégorie des signes ostentatoires d’appartenance à une religion, Salaam recommande l’interdiction du port de la barbe dans les salles de classe. A l’instar des coins fumeurs, des espaces barbus pourront être tolérés en périphérie de l’établissement. Les barbes hippsters, marxistes et Amish, ne s’assimilant pas à une appartenance religieuse, resteront licites.

3. Interdiction des jupes longues

Si les jeunes filles acceptent de retirer leur voile, elles resteront néanmoins férocement attachées à leurs jupes et leur robes longues. Des sites internet, tels que muslimaclothing.com ou encore dressingmuslim.com référencent ces pièces avec les noms de code « abayas » ou « jilbab » pour la gente féminine et « qamis » pour les garçons.

Témoignage d’un prof de sport recueilli sur le terrain de basket :

« On ne peut pas pratiquer un sport collectif avec des vêtements longs. Ça se saurait sinon. Vous avez déjà vu Kobe Bryant dunker avec un kilt ? Moi non plus. Et puis quand on fait des déplacements, les gens ont peur, on passe pour une équipe de Ninja. Et je m’en fous que la FIFA ait autorisé les filles à jouer avec le voile, moi je maintiens que ça gêne pour les coups de tête balayette. »

Salaam se positionne pour l’interdiction des jupes allant au-delà du genou.

Les sept recommandations du HCI auxquelles vous avez échappé

4. Interdiction de disposer d’un matériel électronique équipé de contenu religieux

L’apparition de nouvelles technologies s’est accompagnée d’une crispation identitaire qui se cristallise à l’heure actuelle dans des chants religieux au format mp3 ou à travers des applications Iphone appelant à la prière islamique.

Témoignage d’un professeur d’Histoire recueilli sur le terrain :

« Je n’ai rien contre les NTIC, entendons-nous bien. Mais je ne puis assurer mon cours en présence d’individus qui ont des applications radicalistes dans leur smartphones. L’autre jour, un étudiant avait oublié de l’éteindre et l’appel à la prière a retenti en plein amphithéâtre. Mais on est où là ? Au souk de Ouarzazate ? Et ils ne peuvent pas mettre du David Guetta ou du "Quand il pète, il troue son slip" comme tout le monde en sonnerie ? Doit-on encore tolérer ces chants religieux en sonnerie où on entend les sabres tinter ? »

Face à l’affirmation identitaire qui se manifeste à travers l’utilisation des nouvelles technologies, Salaam recommande de bannir de l’enceinte des établissements tout équipement électronique présentant du contenu religieux à caractère prosélyte.

5. Obligation de porter un prénom laïque

Le principe de neutralité doit s’appliquer au patronyme. Le fait de porter ostensiblement un prénom qui dénote un caractère religieux ou faisant l’apologie d’une religion contrevient aux principes républicains.

Témoignage d’un directeur d’université recueilli sur le terrain :

« Depuis quelque temps, je vois de plus en plus de prénoms islamiques sur les listes d’inscriptions. Au début, je trouvais ça exotique. Mais j’ai fait des recherches et ces prénoms sont problématiques. Déjà, un tiers des prénoms renvoient à des prophètes, ce qui est une marque claire, visible et sonore d’appartenance à une religion. Certains usent même de stratagèmes en déformant le prénom mais j’ai vérifié, Mamadou, Mohand, Mehmet, tout ça c’est prophétique aussi. Ensuite, un autre tiers des prénoms font une allusion directe à Dieu. serviteur de Dieu, soldat de Dieu... autant de prénoms à connotations agressives et envahissantes. Le tiers restant fait allusion à des membres de la famille des prophètes donc j’imagine que ça compte aussi. »

Une liste de prénoms laïques sera soumise aux étudiants au moment de l’inscription. Ils en choisiront un qu’ils conserveront tout au long de leur scolarité.

6. Interdiction de prononcer la formule « Insh’Allah »

Les références à Dieu se sont multipliées dans les salles de classe récemment. Des professeurs ont noté que des formules et des codes étaient utilisés pour faire passer des messages prosélytes.

Témoignage d’un professeur de philosophie recueilli sur le terrain :

« Je sens que les étudiants font de plus en plus référence à Dieu en cours. C’est très dérangeant et très choquant. La formule que je ne peux plus encadrer, c’est "Insh’Allah". Pas plus tard qu’il y a cinq ans, un étudiant m’a répondu "Insh’Allah" quand je lui ai demandé quand il comptait me rendre son devoir. J’ai regardé dans le calendrier, il n’y a pas d’Insh’Allah au mois de janvier et j’attends toujours son devoir. »

Face à un langage de plus en plus libéré et imprégné de références politico-religieuses, Salaam prône l’emploi d’une sémantique exclusivement laïque en classe. Des cours de vocabulaire laïque seront dispensés lors d’un stage de pré-rentré.

Les sept recommandations du HCI auxquelles vous avez échappé

7. Interdiction de penser à Dieu dans l’enceinte de l’établissement

Le fait de penser à Dieu nuit à l’ordre public et au bon déroulement des cours. Pour certains professeurs, il est devenu impossible de composer avec cette donnée qui occupe l’esprit de milliers d’étudiants. Certains marmonnent des formules inintelligibles avant les examens où il est clairement fait référence à Dieu.

Témoignage d’un professeur de littérature recueilli sur le terrain :

« Je vois de plus en plus d’esprits qui divaguent en cours. Dans les années 80, les jeunes rêvassaient mais c’était sain. Ils s’évadaient avec Michel Platini, Johnny Haliday ou la guerre froide. Maintenant, ils pensent de plus en plus à Dieu. Je le vois dans leur yeux, je le sens. L’autre jour, il y en a même un qui est entré en transe et qui s’est mis à danser en tournant sur lui-même. Vous vous rendez compte que l’intégrité physique et mentale des autres étudiants était menacée ! »

Salaam propose de sanctionner durement tout étudiant surpris en train de penser à Dieu. Tout forme d’auto-motivation autre que « hip hip hourra » sera proscrite avant un examen.

*Salaam Sciences Po est une association d’étudiants de la prestigieuse école parisienne, créée en été 2010. dans le but d'inviter la communauté universitaire à une réflexion sur l’islam. Elle est signataire, avec plusieurs organisations, d'une tribune parue sur Saphinews contre la stigmatisation des étudiants musulmans dans les universités, qui fait suite au débat ouvert par le HCI sur le voile.
Site officiel de Salaam Sciences Po





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