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Sur le vif

Le grand mufti de Bosnie appelle les Serbes à demander pardon

Rédigé par La Rédaction | Mardi 11 Septembre 2012 à 23:59

           


Vingt ans après la terrible guerre en Bosnie-Herzégovine (1992-1995), qui a provoqué la mort de plus de 100 000 personnes majoritairement musulmanes, la communauté catholique italienne Sant’Egidio a organisé à Sarajevo la 26e rencontre annuelle interreligieuse pour la paix du 9 au 11 septembre.

A cette occasion, toutes les religions – monothéistes ou non – se sont retrouvées pour la première fois après la guerre autour du thème « Vivre ensemble, c’est l’avenir ». L’événement a réuni des milliers de participants, parmi lesquels de nombreuses personnalités politiques et religieuses, dont le patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe Mgr Irinej, le cardinal et archevêque de Sarajevo Vinko Pujlic, le grand mufti de Bosnie-Herzégovine Mustafa Ceric ou encore le président de la communauté juive du pays Jacob Finci.

« La paix, est menacée par l’exploitation de la religion à des fins violentes et par le rejet de Dieu d’une société totalement sécularisée. L’effet conjugué de ces deux forces négatives a été expérimenté dans des proportions tragiques à Sarajevo », a écrit le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, qui s’est exprimé au nom du pape Benoit XVI.

« Aujourd’hui, dans cette ville, un message de paix peut s’élever grâce à la rencontre d’une multitude d’hommes et de femmes de différentes religions. La paix a besoin d’être soutenue par des cœurs et des esprits qui cherchent la vérité, s’ouvrant à l’action de Dieu et tournant leurs mains vers les autres », a-t-il fait savoir dans son message lu au public, dimanche 9 septembre.

Saluant la communauté Sant’Egidio pour leur initiative, le mufti de Bosnie-Herzégovine Mustafa Ceric a profité de cette occasion, mardi 11 septembre, pour déclarer que la réconciliation ne serait possible en Bosnie qu'une fois que les Serbes auront demandé pardon. « Dans le concept de la réconciliation, il y a aussi le concept du pardon. Mais le pardon suppose une petite condition qui est très importante. Pour pardonner à quelqu'un son péché, il doit reconnaître l'avoir commis », a-t-il dit. « Ici, nous savons très bien qui doit dire "oui, j'ai fait une erreur, pardonne-moi" (…) Commencera alors un processus qui se terminera par la réconciliation », a-t-il ajouté à l'adresse de la communauté serbe locale.

De son côté, le patriarche de l'Eglise orthodoxe serbe s'est plaint des discriminations faites à l'encontre des chrétiens à Sarajevo, ville principalement musulmane. « Le christianisme est très menacé ici. Le peuple serbe (...) ne vit plus aujourd'hui dans cette ville », a-t-il déclaré à la presse lundi. Des propos qualifiés de « blasphématoires » par le maire de Sarajevo, faisant vraisemblablement référence au siège de la ville tout au long de la guerre, par les forces serbes, qui a fait plus de 11 500 morts.

Si la rencontre s'est bien achevée sur un appel à la paix de la part de toutes les communautés religieuses, la réconciliation entre les peuples a encore besoin de temps pour être effective.

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