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Culture & Médias

Le Conseil de l'Europe, moteur de l'action en faveur de la diversité des médias

Rédigé par Pauline Compan | Mercredi 23 Novembre 2011 à 07:01

           

Les informations diffusées quotidiennement sur toutes les télévisions, radios et autres journaux ne reflètent pas la diversité de la société française. Conscient de ce problème, le Conseil de l'Europe a pris l'initiative de réunir journalistes et responsables associatifs, les 14 et 15 novembre dernier à Lille. Ensemble, ils ont pu réfléchir aux pratiques journalistiques et aux outils nécessaires pour lutter contre les discriminations dans le traitement de l’information. Les participants ont ainsi lancé un projet d’état des lieux des productions journalistiques pour mesurer la diversité réelle des médias (femmes, handicapés, minorités visibles...) ainsi que des recommandations pour une meilleure diversité à l’intérieur même des rédactions.



Le Conseil de l'Europe, moteur de l'action en faveur de la diversité des médias
Une poignée de main suffirait-elle à effacer des propos racistes tenus lors d’un match de football ? Par ses déclarations du mercredi 16 novembre, le président de la FIFA, Sepp Blatter, s’est attiré les foudres des médias, de plusieurs personnalités footballistiques, mais aussi de responsables politiques anglais ; une levée de boucliers pour une meilleure prise en compte d’un problème qui mine le football mondial : le racisme.

Malgré les excuses de M. Blatter, le mal est fait et il prouve le déni de l’élite du football face à une situation préoccupante. Mais les médias non plus ne sont pas exempts de préjugés racistes et/ou discriminatoires.

C’est d’ailleurs tout l’enjeu du programme MARS du Conseil de l’Europe : « Médias et antiracisme dans le sport », dans lequel s’inscrit cette première rencontre de Lille.

Organisée en partenariat avec le Syndicat national des journalistes (SNJ), la SNJ-CGT et avec le soutien de la Fédération européenne des journalistes, la première rencontre nationale du programme MARS a invité, plus largement, les participants à s'interroger sur la prise en compte de la diversité dans les productions journalistique.

En effet, l’information médiatique reflète l'élitisme de la société française. Ainsi si l'information était une couleur, elle serait blanche et si elle était un genre, elle serait masculine. Au vu de la crise du secteur de la presse et des réalités de la société contemporaine, une meilleure visibilité de la diversité, aussi bien par les sujets abordés que par les interlocuteurs convoqués dans les articles, pourrait permettre une information plus pertinente et plus proche de la diversité du lectorat potentiel.

Des discriminations insidieuses

Ces discriminations au sein de la machine médiatique sont insidieuses et diffuses à l’intérieur même du système. Par manque de temps ou même parfois par paresse, les journalistes se rabattent souvent sur les mêmes interlocuteurs, dits « experts » pour alimenter leurs papiers. De même, les témoignages ou autres « micro-trottoir » sont truffés de profils « homme, blanc, d’un niveau social plutôt élevé ».

Pourtant les personnes handicapées, d’origine ethnique différente ou d’une autre orientation sexuelle considèrent, à juste titre, qu’elles devraient participer au débat médiatique autrement que dans des articles spécifiquement axés sur leur problématique. Une personne aveugle peut parler de politique ou de l'éventuelle perte du triple A français, tout comme une personne d'origine maghrébine peut être interrogée sur ses pratiques numériques et pas seulement sur les problèmes des banlieues.

Dans les faits, des barrières conscientes et inconscientes existent et freinent le développement d’une information réellement inclusive. La rencontre a mis en lumière deux axes de réflexion pour changer les pratiques des médias : la nécessité de quantifier le problème et la question du recrutement et de la formation des journalistes eux-mêmes.

Une prise en charge proactive du problème

Sur le modèle d’une étude belge réalisée par l'Association générale des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB), les journalistes français entendent désormais prendre une mesure fiable de l’ampleur des discriminations au sein de la machine médiatique par un travail de recherche sur le profil sociologique des personnes convoquées dans les articles. Une base de travail pour de futurs questionnements sur les « bonnes pratiques » à adopter en tant que journalistes mais aussi un document « choc » qui peut permettre une prise de conscience.

Les écoles de journalisme ne sont pas un modèle de diversité. Un premier constat qui en entraîne un autre : comment prendre en compte la diversité dans les productions journalistiques si les journalistes eux-mêmes ne sont pas sensibles à la question ? Un recrutement diversifié est donc une première étape.

Sur ce point, la rencontre de Lille a mis l’accent sur l’initiative de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille qui s’associe au Bondy Blog pour proposer aux jeunes des quartiers un stage de préparation au concours de l’école. Un dispositif positif, qui devrait être étendu aux concours des autres écoles de journalisme. De même, une sensibilisation à la thématique de la diversité dans la formation des journalistes constitue une piste pour améliorer les pratiques des professionnels.

Cette première rencontre inaugure une série de quatre autres réunions, qui auront lieu en Pologne, en Espagne, au Danemark et au Portugal. Une Rencontre européenne se tiendra à Birmingham (Royaume-Uni), en mai prochain, pour tirer les conclusions des outils développés lors des rencontres nationales.








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