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Culture & Médias

Médias et diversité : difficile évidence

Rédigé par Rachida Douadi | Vendredi 12 Décembre 2008 à 10:41

           

L’institut Panos, pour le pluralisme médiatique, organisait, jeudi 11 décembre à la Maison de l’Europe à Paris, une rencontre débat sur la diversité dans les médias en Europe. « Quels rôles, quels responsabilités ? », pour répondre à ces questions, Rachid Arhab, membre du CSA et président de l’observatoire de la diversité, Catherine Humblot, journaliste au Monde et Isabelle Rigoni, sociologue ont brossé un tableau encore bien pâle de la présence des minorités dans les médias en France.



Médias et diversité : difficile évidence
A la question « Les médias reflètent-ils la diversité de nos sociétés ? », la réponse semble évidente. Mais le constat ne l’est pas moins. « Non ! Malheureusement » a répondu sans une moindre hésitation Catherine Humblot, plume du journal Le Monde et co-auteur de « Télévision française : la Saison ». Elle a signé de nombreux articles sur la représentativité des populations immigrées puis issues de la diversité dans les médias. Toutefois, nuance-t-elle « la situation s’améliore un peu, malgré les blocages épouvantables qui existent dans la société française ». La loi républicaine, a souligné Catherine Humblot dans son intervention, est l’une des causes de ces blocages. Car, au nom de l’égalité, il n’est pas possible de les comptabiliser ni de nommer les minorités : « dire qu’ils sont noirs ou arabes, ça pose de gros problèmes » pour désigner ces populations alors « on ne peut employer que le mot diversité qui reste un terme très flou» avoue-t-elle.

Le dernier rapport du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), publié en novembre dernier a permis de mettre quelques chiffres sur ces visages. « 2% d’arabes, 2% d’asiatiques, 8% de noirs et 2% autres » énumère Rachid Arhab, président de l’Observatoire de la diversité et membre du CSA. Soit, a-t-il précisé, seulement « 14% de personnes non-blanches » ont été identifiées comme telles, par l’équipe chargée de l’étude à l’écran, sur tout une semaine de programmes des principales chaines de télévision. Avec cet outil de mesure « relativement satisfaisant » note Rachid Arhab, la réalité est encore plus évidente. Les minorités sont effectivement « mal représentées ».

Alors, quelles solutions ? Personne n’a vraiment su répondre à cette question assez embarrassante. Le modèle britannique a longtemps été présenté comme modèle. La BBC a depuis longtemps proposé des fictions, des émissions en prime-time qui impliquent toutes les minorités, a détaillé Claire Frachon, journaliste et membre de l’Institut Panos. Un indicateur permet selon elle de mesurer le retard de la France par rapport à la Grande Bretagne : « Quand Harry Roselmack, journaliste d’origine martiniquaise, arrivait à la présentation du journal de TF1, au même moment Trevor Mac Donald, né à Trinidad, présentateur vedette de la chaine ITN, prenait sa retraite ». Mais nuance-t-elle, le modèle a tendance aujourd’hui à subir quelques régressions.

De son coté, Rachid Arhab, a insisté sur le poids des histoires coloniales, qui selon lui permettent d’appréhender de façon plus réaliste les différents modèles : « on a des histoires coloniales différentes» a-t-il tenu à souligner. En France, « il faut que l’on se regarde en face. D’où venons-nous ? Qu’avons-nous fait ensemble ? Qui sommes nous ? Et qu’avons-nous envie de faire ensemble ? » a-t-il esquissé en guise de réponse, avant de demander « un véritable débat national » sur ces questions.




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