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Sur le vif

La crise des réfugiés vue par Charlie Hebdo, le nouveau scandale

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 18 Septembre 2015 à 16:42

           


La crise des réfugiés vue par Charlie Hebdo, le nouveau scandale
Des dessins de Charlie Hebdo de nouveau au cœur d’une polémique. Le journal satirique s’est fait remarquer pour sa couverture de la crise des réfugiés dans son numéro du 9 septembre. Au lendemain de la diffusion internationale de la photo d'Aylan, retrouvé noyé sur une plage turque, un dessin de Riss a indigné du monde... outre-Atlantique et outre-Manche.

Le dessin du corps inerte de l’enfant avec en fond une publicité pour Mc Donald's et le message « Si près du but » n’ont pas fait rire du tout et ont même relancé le hashtag #JenesuispasCharlie. Un autre dessin croque Jésus marchant sur la mer dans laquelle un enfant se noie. Dans la légende, on peut lire : « Les chrétiens marchent sur l'eau, les musulmans coulent », suivie de « La preuve que l'Europe est chrétienne ».

Un cynisme qui a choqué en Grande-Bretagne au point où l'association d'avocats Black Lawyers, qui lutte contre les discriminations au Royaume-Uni, a annoncé des poursuites judiciaires contre l'hebdomadaire. Pour l'avocat Peter Hebert, l’incitation à la haine raciale est à relever. Il écrit sur Twitter : « L'humour et la satire doivent être encouragés mais la mort tragique d'un enfant n'est jamais acceptable. Rions nous de l'Holocauste ou de génocides ? », lance-t-il. Et d’ajouter : « Charlie Hebdo est un journal purement raciste, xénophobe, en banqueroute idéologique, qui représente le déclin moral de la France », tance-t-il.

Si les commentateurs britanniques et américains ont largement critiqué ces dessins, ces derniers n'ont été que très peu relevés en France, où des intellectuels et autres personnalités médiatiques ont auréolé les membres de Charlie Hebdo d’une fonction d'« intouchables ». Sur Europe 1, le philosophe Raphaël Enthoven a choisi ce sujet pour sa chronique quotidienne. « Il n'y a aucun sens à dire "Je ne suis pas Charlie" », martèle-t-il. « Je ne suis pas Charlie, c'est une servitude volontaire déguisée en révolte. Dire "Je ne suis pas Charlie", c'est combattre contre son propre esclavage comme si il s'agissait de sa liberté », lance le philosophe.

La crise des réfugiés vue par Charlie Hebdo, le nouveau scandale

« La satire doit choquer » pour Charlie Hebdo

D'autres défenseurs du journal ressassent le même argument de « l’incompréhension », à l'instar de Caroline Fourest qui déclare sur Twitter : « Huit mois après les attentats, le monde ne comprend toujours pas Charlie Hebdo. » En clair, les Anglo-saxons ne connaissent pas le second degré… Hank, un dessinateur venu également à la rescousse de ses confrères, a carrément fait une explication primaire des symboles du dessin avec pour titre « Le dessin de presse pour les nuls ». Qui n'est pas adepte du style Charlie est donc un nul. Pour l'adepte de la satire, « ce dessin n'est pas un dessin drôle, il dénonce une situation » .

Les explications de la rédaction ont tardé à venir. Ce n'est que le 17 septembre, à l'occasion du prix allemand M100 Media Awards lors duquel l'hebdo s'est vu remettre un prix pour la liberté d'opinion et la démocratie, que Gérard Biard s'est exprimé. « Ces dessins sont satiriques et la satire doit provoquer un choc. Si cela ne provoque pas de choc, il ne s'agit pas d'un bon dessin », s'est justifié le rédacteur en chef.

Il reprend également l'argument de la dessinatrice Corinne Rey, alias Coco, qui a signé le dessin de Une montrant la caricature d'un Français moyen, bière à la main, les pieds posés sur le dos d'un « migrant » en guenilles, et le message « Vous êtes ici chez vous ». « La référence à McDonald's représente le rêve capitaliste vendu aux migrants par les passeurs qui, désespérés de rejoindre l'Europe, risquent la vie de leurs enfants ». Pour elle, «les réfugiés sont manipulés », reprenant les arguments d’une certaine droite qui infantilise les réfugiés en les invitant gentiment à rester chez eux. Ainsi, selon Charlie Hebdo, Aylan et sa famille, comme des milliers d’autres, auraient risqué leurs vies pour atteindre le « rêve » capitaliste… On pensait qu’ils fuyaient simplement les bombes et la guerre pour rejoindre des pays en paix qui respectent les droits de l'Homme ? Nous avons du mal comprendre.





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