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Chroniques du Ramadan

L'interruption de la Révélation du Coran

Chroniques du Ramadan

Rédigé par | Mardi 19 Mars 2024 à 17:00

           


L'interruption de la Révélation du Coran
La fatara désigne les deux périodes d'interruption de la Révélation. Son intérêt vient du contexte de l'époque où l'adversité est forte contre l'islam alors que seule la Révélation prouve que le Prophète est proche de Dieu. C'est ainsi que la première interruption fait l'objet de spéculations diverses.

La seconde fatara est assez simple car le Prophète est malade. Une situation ordinaire : il est investi dans sa mission avec des hauts et des bas. La maladie lui impose du répit. Mais la révélation était en cours car huit sourates, peut-être dix, étaient révélées, son statut de Prophète n'est plus douteux.

L'activité du Prophète est source de clivages. Ses ennemis détestent son activité et sont contents de le voir malade. Mais après deux jours, voire trois, le Prophète est de nouveau sur pied, ce fut la fin de la seconde fatara. Elle recueille peu de commentaires.

Une première fatara qui engendre de grands doutes

La première a lieu au début de la mission du Prophète suite à la rencontre de l'Ange Gabriel. Ce fut un choc pour le Prophète. Il en sait peu sur la prophétie et se pose certainement des questions sans réponses. Sa tristesse est grande. Il est en proie à des doutes sur ce qu'il avait vécu.

Il se demande s'il n'avait pas perdu la tête, s'il n'avait pas fantasmé. Les tribus de La Mecque n'ont pas une tradition prophétique au contraire des Juifs. Le Prophète ne comprend pas ce qu'il vit. Son épouse le conduit auprès de son cousin chrétien, Waraqa ibn Nawfal, dont les conseils rassurent le couple.

Waraqa ibn Nawfal était âgé mais sera d'un bon secours au Prophète à la révélation de la sourate Fatiha. Mais en attendant, que fait le Prophète dans cette période trouble ? La confrontation des avis indique qu'on l'ignore précisément le comportement du Prophète. Comme d'habitude, les indices sont interprétés pour donner les affirmations multiples et variées. Cette fatara dure quarante jours pour certains, deux ans pour d'autres, sinon environ trois ans.

Une rumeur dit que le Prophète était si désespéré qu'il voulut se donner la mort. Selon cette rumeur, l'ange Gabriel vint à son secours à chaque tentative de suicide. Elle a beau être populaire, il s'avère que cet épisode résiste mal aux analyses des spécialistes du hadith. Mais la rumeur a la peau dure. Toujours est-il que la tristesse du Prophète est profonde. Ses doutes aussi. Cela dure « un certain temps » où il devient la risée des Mecquois. L'épouse de son oncle Abu Lahab vient le narguer. « J'espère que ton djinn t'a enfin laissé tranquille », dit-elle. Bientôt l'ange se manifeste et la révélation reprit, rassurante.

La fatara, un temps d'appropriation pour se projeter en Prophète

Dieu seul sait les raisons de la fatara. On peut tenter de l'expliquer, de la justifier. Deux arguments me plaisent. Le premier concerne « l'envie » ou « le désir » sans lequel un humain ne peut s'investir. C'est l'élan de « mise en projet » cher aux pédagogues. Il consiste à en éveiller la curiosité, l'intérêt du sujet afin qu'il participe, qu'il soit « volontaire » au lieu de subir sa mission prophétique.

Car, en vérité, Rassul devient Prophète sans avoir le choix. Il n'a formulé aucune demande et il se découvre prophète. Une mission pénible qui va lui exiger des sacrifices et de l'engagement. Dans le laps de temps où s'interrompt la révélation, naît son envie de mener cette mission. Cela fait de la fatara est une pause structurante, un temps d'appropriation pour se projeter en Prophète.

Le Prophète, notre exemple dans ses vertus comme sa vulnérabilité

L'autre commentaire que je retiens est énergétique. Les fréquences coraniques étant élevées, Rassul avait besoin de s'y habituer. Il fallait donc laisser digérer le trouble du premier contact, le temps que ses vibrations s'alignent de nouveau pour accueillir les révélations suivantes.

Dieu a tous les pouvoirs. Il choisit d'interrompre la révélation et nous enseigne que Son Messager a des attributs humains comme chacun de nous. Sa mission prophétique est une mission humaine par nature. Et parce qu'il est humain, il est notre exemple dans ses vertus comme sa vulnérabilité.

De ce point de vue, la fatara humanise le Prophète et rappelle que notre amour pour lui reste dans la limite d'un amour humain, pas une idolâtrie. Dieu le choisit comme point de contact vivant et il est soumis à Sa volonté ; l'Unique volonté qui détient le contrôle parfait sur tout.

À la fin de la première fatara arrive la deuxième révélation. Un pas de plus vers la sourate Fatiha qui se situe en cinquième révélation. Ce sera notre prochaine publication inchaAllah. Que Dieu accepte notre jeûne. Qu'Il nous donne la force d'affronter et traverser nos difficultés dans la patience et la foi. Que Sa Miséricorde comble Son Messagers, sa famille, se nobles successeurs et tous ceux qui les aiment. Rendez-vous dans nos dou’as à l'heure de l'iftar.

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Diplômé d'histoire et anthropologie, Amara Bamba est enseignant de mathématiques. Passionné de... En savoir plus sur cet auteur


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