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Sports

JO : athlètes et voilées

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mardi 14 Août 2012 à 00:00

           

Les jeux Olympiques (JO) de Londres ont accueilli des athlètes venus des quatre coins du globe, notamment des sportives arabes de confession musulmane. Cette année, elles ont été plus nombreuses à arborer le foulard islamique (hijab) dans les compétitions du tournoi international car, pour la première fois, l'Arabie Saoudite mais aussi le Brunei Darussalam et le Qatar ont autorisé des femmes à participer aux JO.



Wojdan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani est la première athlète féminine de l'Histoire à avoir concouru pour l'Arabie Saoudite lors des JO. La participation de la jeune judokate avait fait grand bruit car la fédération internationale du judo n'avait pas accepté dans un premier temps qu'elle porte le hijab. Elle avait finalement combattu vendredi 3 août avec un bonnet mais s'était rapidement inclinée dès le premier tour.

Si le port du hijab a suscité de vifs débats dans le judo, ce n'est pas le cas dans les autres disciplines des JO.
Ainsi, sa compatriote, Sarah Attar, seconde femme de l'équipe olympique du royaume, a échappé à un tel déferlement médiatique.
Elle a terminé dernière de sa série du 800 m dans le stade olympique de Londres, mercredi 8 août. Mais le symbole est là.

Pour susciter des vocations

« C'est un honneur tellement immense et une expérience si incroyable, rien que de pouvoir représenter les femmes », a déclaré la jeune femme à l'agence Associated Press (AP). Fille d'un Saoudien et d'une Américaine et dotée de la double nationalité, elle a choisi de représenter l'Arabie Saoudite pour « susciter des vocations chez les femmes » du royaume.

Ces JO ont aussi été d'une valeur particulière pour Maziah Mahusin, première femme à incarner le sultanat de Brunei. L'athlète de 19 ans s'est illustrée sans hijab sur 400 m en athlétisme. Avec un temps de 59 secondes et 28 centièmes, elle n'a pas réussi à passer le premier tour mais c'est le « record de Brunei », a-t-elle commenté ravie, elle qui a eu l'honneur d'être le porte-drapeau de son pays lors de la cérémonie d'ouverture des JO.

Par ailleurs, trois femmes ont porté les couleurs du Qatar, qui envoyait également pour la première fois des femmes aux JO. Noor Hussain Al-Malki, dans l'épreuve du 100 m, a malheureusement chuté. Blessée, elle a dû quitter la piste en fauteuil roulant.
Bahya Mansour Al Hamad, qui s'illustrait en tir dans l'épreuve du 50 m et celle de 10 m, n'a pas réussi à se qualifier en finale, malgré sa médaille d'argent obtenue aux Championnats arabes de tir en mars dernier et ses trois titres remportés lors des Jeux arabes en décembre 2011.
Aia Mohamed, 3e femme à représenter le Qatar, s'est, elle aussi, inclinée dès son premier match dans le tournoi de tennis table face à la Canadienne d'origine chinoise Zhang Mo.

Manque d'entraînements

Difficile pour ces sportives de réaliser de belles performances. Le manque d'entraînements y est pour quelque chose. Ainsi, les Saoudiennes n'ont que très rarement accès aux installations sportives dans leur pays. L'éducation sportive des filles n'est possible que dans les écoles privées.

La Palestinienne Wouroud Sawalha, qui s'est illustrée sur 800 m, connaît aussi les difficultés d'entraînement. Elle a découvert sa première piste d'athlétisme et a chaussé ses premières pointes trois mois seulement avant les JO lors d'une préparation au Qatar.

Espérons que les conditions d'entraînements des sportives féminines d'Arabie Saoudite, de Palestine et des autres pays du monde arabe s'amélioreront. L'Arabie Saoudite, qui interdit aux femmes de conduire, devra aller au-delà de ses traditions. Quant à l'avenir sportif des Palestiniens, qui participent aux JO depuis 1996, il reste lié aux conditions de vie dramatique dans lesquelles ils vivent.

Dans le monde sportif féminin arabe, on notera toutefois une excellente performance : celle de Habiba Ghribi. La Tunisienne a décroché, lundi 6 août, la médaille d’argent dans l'épreuve éprouvante du 3 000 m steeple. « C’est une médaille pour tout le peuple tunisien, pour les femmes tunisiennes, pour la nouvelle Tunisie », a-t-elle clamé à l'issue de sa course.
Mais, concourant en tenue classique d'athlétisme, elle s'est attirée les critiques de certains qui ont jugé sa tenue trop dénudée et non appropriée en pleine période de Ramadan.

Ces personnes comme celles qui ont fustigé la judokate saoudienne oublient que la tenue vestimentaire relève d'un choix personnel. Une liberté reconnue par la Fédération internationale de football international (FIFA) , qui a autorisé récemment le port du voile lors des matchs de foot féminins. Une initiative qui, malheureusement, ne fait pas l'unanimité. La Fédération française de football (FFF) a interdit à ses licenciées de porter le voile, privant ainsi les femmes voilées de jouer au foot dans les clubs français.

Des athlètes féminines du monde arabe aux JO de Londres






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