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Points de vue

Haïti : « La catastrophe apparaît comme une aubaine pour les impérialistes »

Par Maud Bellon

Rédigé par Propos recueillis par Maud Bellon | Mardi 2 Février 2010 à 02:15

           

Interview de Jean Lavalasse, photographe et documentariste haïtien résidant à Bruxelles depuis le début des années 1970.



Comment qualifieriez-vous la situation avant le séisme qui a touché Haïti ce 12 janvier 2010 ?

Jean Lavalasse : La situation était simple, nous étions sous occupation… et ce, depuis que Jean Bernard Aristide fut expulsé vers l’Afrique du Sud. Le gouvernement de René Préval était censé être mis en place pour effectuer une transition démocratique après Aristide. Mais nous avons connu trois impérialismes, ce que certains appellent l’IFAC : Impérialisme Français Américain Canadien.

Haïti : « La catastrophe apparaît comme une aubaine pour les impérialistes »
Le Canada est arrivé dans les années 1980, grâce à la francophonie et à ce qu’on nomme l’intégration horizontale : faire venir, dans un premier temps, les femmes et les enfants dans le pays pour pouvoir s’y installer plus tard. La France, elle, est très présente au travers des ONG. D’ailleurs, sous le gouvernement de l’ex-Premier ministre Michèle Pierre Louis, Haïti était gouverné par les ONG ! Mme Pierre Louis collaborait grandement avec George Soros, que nous connaissons maintenant comme étant le grand magnat des finances et des ONG. Préval a voulu contrôler le pays en faisant des accords tacites avec la République dominicaine, accords dont personne ne connaît vraiment le fond.

Le 22 février 2006, Gérard Latortue, ancien Premier ministre d’Haïti, a signé un accord qui énonce clairement la mise sous tutelle onusienne du pays. Cet accord stipule que chaque accord pris antérieurement et qui serait en contradiction avec le fonctionnement de la MINUSTAH sera « corrigé » parce que caduc. [1]

Le 9 mai 2007, après une rencontre entre George W. Bush et René Préval, le désir sous-jacent d’autonomie a été presque totalement entériné. Durant cette rencontre, Bush a dit que les rapprochements entre Haïti et l’ALBA [2] devaient être avortés et que les Etats-Unis sont « les seuls amis d’Haïti ». Préval, en bon domestique, a pratiquement cessé d’apparaitre aux réunions de l’ALBA. Lors d’une entrevue avec Hugo Chavez, Jose Maria Aznar a même confié qu’il fallait « oublier Haïti ».

Quant au Brésil, il a un rôle capital, déjà tracé par Reagan en 1980 dans son Plan. En effet, il prévoyait que l’Allemagne s’occuperait de l’Europe, le Japon de l’Asie, l’Afrique du Sud de l’Afrique et le Brésil de l’Amérique latine. Lula n’est que très peu progressiste donc il entretient de bonnes relations avec les Etats-Unis. Il n’a jamais été là pour aider Haïti, il n’a fait que poser les jalons pour préparer l’occupation par les trois Roches [3].

Maintenant, le pays est contrôlé par Barack Obama, lui-même secondé par Bill Clinton et George W. Bush…

J. L. : (Rire) On a cru, surtout chez les « Noiristes », que parce que Barack Obama était Noir, il allait changer les choses. Mais il ne faut pas oublier que c’est Colin Powell, un autre Noir, qui a fait arrêter Aristide. De plus, depuis des années, de nombreuses personnes se demandaient si Haïti pouvait devenir le Porto Rico ou le Taïwan des Caraïbes. La question est : dans quel sens ? Puisque Porto Rico lutte pour son indépendance et pour retirer son étoile du drapeau américain. François Duvalier a toujours dit qu’il fallait lutter comme pour la Martinique et la Guadeloupe. D’ailleurs, en ce qui concerne la Guadeloupe, les Etatsuniens ont compris que la France avait gagné une petite bataille. Pour faire face, il faut donc qu’ils ternissent un peu l’image d’Haïti et démantèlent le désir de libération. Obama, lui, est un produit, l’homme du système, il est formaté, il est la continuité de Kennedy dans le sens où lui aussi a envenimé une guerre en y envoyant des soldats.

Pour ce qui est de Clinton et de Bush…

J. L. : Aristide disait à propos des Américains : « Que je fasse, que je ne fasse pas, ils agiront quand même. » Dès 1993 et la réunion de Governors Island, Aristide avait compris qu’il devait se conformer aux exigences des Etats-Unis s’il souhaitait rester à la tête de l’Etat. L’ancien ambassadeur américain en Haïti, Janet Anderson, a révélé que peu importe le gouvernement, que ce soit celui de Préval ou celui d’Aristide, Haïti a connu l’occupation doublure, c'est-à-dire que, dans le dos de chaque ministre haïtien, il y avait un représentant américain et chaque parti politique était et est toujours financé par un des trois impérialistes au travers de différents organismes comme l’IRI (Institut Républicain International).

Durant ce qu’on appelle, l’occupation d’octobre 1994, Aristide devait non seulement entretenir d’excellents rapports avec les Américains, mais également se plier aux quatre volontés du FMI. Pour cela, Haïti devait couper certaines aides destinées à la population et mettre au chômage les Haïtiens pas assez rentables et surtout « moderniser », autrement dit privatiser. Sa « désobéissance » provoquera sa chute quand il a réclamé le remboursement de la dette de l’indépendance à la France, soit 21 milliards de dollars, et a voulu augmenter les salaires des Haïtiens.

Dans ce cas, pourquoi Bill Clinton a tant tenu à restaurer Aristide ?

J. L. : Aristide était devenu docile et surtout il était soutenu par le peuple. C’était par ailleurs son atout et sa faiblesse parce que, à part le peuple, il n’avait ni parti politique ni cadre, et la rue ne peut pas vous aider à diriger un pays et à prendre des décisions. C’est aussi la première fois que les Etats-Unis ramènent et contrôlent un président démocratiquement élu. Aristide était populaire : d’ailleurs, une grande majorité de Haïtiens demeure « aristidienne », même s'il n’avait pas de véritable idéologie. Il avait de belles paroles et de bonnes intentions, mais qu’il n’arrivait pas à mettre en place. Pourtant, il avait les fonds pour. Peu après son élection, il a créé le groupe VOAM (Voyez Haïti Monter) qui a récolté en 4 jours près de 4 millions de dollars.

Pour l’heure, Haïti est investi par les GI Américains : ressentez-vous cela comme une invasion ?

J. L. : C’est une invasion voulue et préparée par les hommes du gouvernement haïtien. Il ne faut pas dire que le président ait été pris de cours. L’impérialisme est bel et bien là et les conseillers de Préval préparaient cette invasion.

Quels sont les intérêts des Etats-Unis ?

J. L. : Les intérêts des Américains de faire main basse sur Haïti sont nombreux. D’une part, la main-d’œuvre est très bon marché en Haïti et l’île n’est située qu’à 30 minutes de la Floride, y faire transiter des cargaisons serait rapide depuis ce nouveau Taïwan.

Ensuite, il y a Cité Soleil, cette zone est convoitée par les Etats-Unis en accord avec la grande bourgeoisie commerçante d’Haïti, pour la convertir en un grand port : un port franc et une zone industrielle.

Puis, c’est le moment idéal pour se servir du territoire comme base arrière pour contrôler et contrecarrer Cuba puisque Obama a promis de libérer Guantanamo. Depuis Cité Soleil et au-dessus de Gonave, il y a une vue appréciable sur Cuba.

Et enfin, le sous-sol haïtien est bourré de pétrole. Apparemment, les gisements vénézuéliens prendraient leur source sous l’île. Port-au-Prince est assis sur un gigantesque puits de pétrole qui ne pouvait être jusque-là exploité. En effet, depuis les années 1950, Jean Dumarsais Estimé, le président de l’époque, avait déplacé la capitale anciennement située à Marchand-Dessalines vers l’actuel Port-au-Prince. Cette transition ne permettait pas d’exploiter le pétrole mais, Mère Nature aidant, aujourd’hui tout est possible. De plus, le séisme a provoqué un exode rural volontaire des habitants de Port-au-Prince, laissant le champ libre à la destruction des ruines de la capitale et pourquoi pas le forage des sols… Dans d’autres circonstances, s’ils avaient demandé aux habitants de partir vers les campagnes, cela aurait été considéré comme un génocide. La catastrophe apparaît comme une aubaine pour les impérialistes car elle permet de déplacer à nouveau la capitale. Tout n’est qu’enjeux géopolitiques et économiques.

A votre avis, pourquoi les Américains sont arrivés en Haïti avec autant d’armes et de soldats ?

J. L. : Les Américains sont arrivés en Haïti en position de vainqueurs. Ils voulaient démontrer leur force et leur suprématie pour impressionner à la fois la communauté internationale mais aussi, et peut-être surtout, les Haïtiens eux-mêmes. Ils ont senti qu’il y avait en Haïti des sentiments de « ras-le-bol » concernant l’occupation − aidé par les événements en Guadeloupe contre le gouvernement français.

Il y a quelques années, les Français avaient confié aux Américains qu’ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient d’Haïti dans leur arrière-cour mais qu’ils ne devaient pas toucher à la langue française ; les Français tenant à garder la francophonie intacte (bien qu’aujourd’hui trois quarts des Haïtiens parlent anglais) . Aujourd’hui, les Américains investissent leur arrière-cour et programment le quadrillage de l’île : pour ce faire, armes et soldats sont nécessaires.

Dans un article rédigé pour Newsweek, B. Obama a annoncé qu’il pensait faire un travail de reconstruction à long terme pour remettre le pays à flot, comme les Etats-Unis l’ont fait en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale...

J. L. : (Rire) Quoique pensent faire les Etats-Unis, Cuba, le Venezuela et l’ALBA (Alliance Bolivarienne) seront toujours à nos côtés. Pour l’heure, c’est aux Haïtiens de prendre leurs dispositions et de lutter contre les ingérences. Bien entendu, les Américains vont profiter du chaos qui règne, mais ce chaos ne veut pas forcément dire qu’il n’y a pas d’organisations. C’est à nous de trouver un terrain d’entente, un fond commun pour reprendre les choses en main. Les difficultés seront présentes mais, sur place, le travail doit se faire. C’est à nous de mener la lutte contre l’impérialisme. Nous devons faire ce travail idéologique, en poussant les envahisseurs hors de nos frontières. De 1994 à nos jours, Cuba a apporté plus d’aide à Haïti que n’importe quel pays prétendument « ami » et le peuple haïtien en est conscient.

La Conférence de Montréal du 25 janvier a regroupé les « amis » d’Haïti pour évoquer comment organiser l’aide…

J. L. : Les amis d’Haïti ne font pas partie de ce groupe des 3 Roches, des IFAC. Le Canada a un rôle fondamental au sein de cette trilogie, dans laquelle Haïti est au milieu. En effet, il entretient des relations à la fois avec Haïti et la France pour la francophonie, mais aussi avec les Etats-Unis au travers de l’ALENA [4].

Le Canada est un grand manipulateur puisqu’il joue sur tous les tableaux et fait le travail de l’impérialisme. Si les Etats-Unis n’étaient pas venus eux-mêmes pour « gérer » l’après-séisme, ils auraient envoyé le Canada. En ce qui concerne le Brésil, Lula n’a pas encore acquis toute la confiance des Américains, qui ne lui auraient pas laissé l’opportunité de prendre les commandes en Haïti.

Par ailleurs, notre « ami » canadien est en pleine appropriation de l’intelligentsia haïtienne, puisqu’il lui ouvre grand ses portes. Pour exemple, il y a cinq ans, une seule des trois jeunes filles qui sont allées faire leurs études (payées par le gouvernement haïtien) en Belgique est effectivement rentrée en Haïti. Donc nous ne sommes pas dupes, les pays présents à cette conférence ne sont pas nos amis !

Et les relations avec Cuba, quelles sont-elles ?

J. L. : Depuis la chute de François Duvalier, elles étaient très attendues. En 1994, des relations diplomatiques s’engagent enfin sous Aristide. Dès le début, Cuba a déployé l’aide Sud-Sud en envoyant des médecins, des agronomes… sur l’île pour aider et former les Haïtiens.

Un jour, un paysan m’a dit : « Les ONG nous donnent à manger et les Cubains nous apprennent à pêcher… » Au contraire des autres pays et ONG présents en Haïti, les Cubains et les Vénézuéliens nous parlent d’égal à égal et surtout, ils ne se sont jamais mêlés des affaires internes du pays. Il n’y a jamais eu d’ingérence de leur part.

Maintenant que les Etats-Unis ont fait main basse sur le pays, comment pensez vous que les relations avec Cuba vont évoluer ?

J. L. : En 2004, quand Aristide fut chassé, les Français ont tenté de déloger les Cubains mais l’ambassadeur de Cuba est sorti de ses gonds et, par crainte de chaos, les Français ont préféré se retirer.

Obama va certainement tout faire pour minimiser l’aide cubaine et pousser les coopérants cubains hors du pays. Ce sera impossible puisque les Cubains et les Vénézuéliens ne sont pas nos amis ; ce sont comme nos frères. Cuba reste un élément fondamental, il est notre exemple. S’il le faut, il y aura lutte au sein même de l’île pour dénoncer sérieusement l’ingérence des Américains.

Dernièrement, cette ingérence des Etats-Unis a valu aux avions de Médecins sans frontières (MSF) d’être détournés vers la République dominicaine…

J. L. : Le détournement des avions de MSF n’est qu’un faux problème. Les Américains comptaient sur MSF pour agir et faire le travail à Cité Soleil… Ils ont donné pignon sur rue aux ONG étrangères tandis qu’ils gèrent l’aéroport international. MSF réagit simplement pour faire bonne figure, mais ces deux impérialismes sont alliés.

Pourtant, nous avons pu voir des images télévisées montrer la population haïtienne remerciant les Américains de leur aide et brandissant le drapeau des Etats-Unis…

J. L. : A Cité Soleil, il y a beaucoup d’ouvriers et beaucoup de journaliers ; ceux-ci ont été payés par les Américains pour faire leur éloge et se pavaner avec leur drapeau.

De nombreuses ONG étaient déjà sur place avant le séisme, ce qui a permis de donner les premiers soins aux victimes, vous devez être reconnaissant envers cet élan de solidarité ?

J. L. : Les ONG font souvent du bon travail sur place, mais profitent généralement de la situation. Il y a en Haïti pratiquement autant d’ONG qu’en Inde, sachant qu’Haïti est un territoire d’environ 27 750 km2 et l’Inde 3 290 000 km2 ! Haïti est une plateforme d’ONG.

Les premières ONG ayant porté secours sont les Cubaines et les Vénézuéliennes, les autres ont simplement appelé au secours pour faire venir l’aide. Ensuite, ce sont les aides chinoises qui sont arrivées les premières de l’extérieur. De plus, les ONG ont choisi leurs cibles. Quand une ONG vient en Haïti, elle s’installe dans les endroits stratégiques… et chauds, les ONG ne sont donc pas présentes sur toute l’étendue du territoire, contrairement aux Cubains. Par ailleurs, cette omniprésence entraine des rivalités entre ONG.

Vous semblez critique concernant les ONG…

J. L. : Les ONG ont toujours été très présentes en Haïti au point qu’elles ont empêché
la lutte, l’élan même de transformation mentale du peuple haïtien. Pour exemple, le père Lannoo a expliqué, lors d’une interview à la télévision suisse en 1986, que la population haïtienne devait être calmée et recentrée pour éviter tous désirs de changement et tendances révolutionnaires. Les ONG ont un rôle politique, voire tampon. Kissinger, le grand stratège de la guerre du Vietnam affirme que « si les ONG avaient existé dans les années 1960, il n’y aurait pas eu de guerre au Vietnam ».

Au début, au sein des ONG, il y avait des mouvements de lutte de libération, comme au Nicaragua. En Europe, dans les années 1970, les progressistes luttaient contre le pouvoir mais, lorsque François Mitterrand arrive au pouvoir, la donne change. Auparavant, une partie de l’argent donnée aux ONG servaient à financer les mouvements de libération. Aujourd’hui, avec les socialistes au gouvernement, ces mouvements ne sont plus aussi viables, notamment parce que ce système de partage des dons est bien connu. Maintenant, il y a des réseaux pour contrôler les ONG. Ce sont des organisations créées par des progressistes, mais le système capitaliste a réussi à détourner le problème. De fait, les ONG sont devenues une plaque tournante des informations ; elles ont d’ailleurs donné de nombreuses informations sur les installations en Irak.

Le président René Préval a lui aussi émis des critiques sur les ONG en soulignant qu’il y avait un véritable manque d’organisation de l’aide internationale.

J. L. : On peut considérer que le président est pris entre deux feux, mais soyons honnêtes, il est assis sur des ONG bien structurées. En Haïti, il n’y a jamais eu de canalisation des ONG, avec le séisme et le chaos ambiant cela devient plus visible alors Préval fait de belles phrases. Mais chez nous, ce sont les ONG qui choisissent, donc ce sont des faux problèmes, les ONG sont très bien organisées, elles sont structurées en réseaux, ce sont « des balles enrobées de sucre » [5] . Elles se battent entre elles, non pas à couteaux tirés mais à coup d’articles. Les gens se rendront compte au fur et à mesure de ce que cachent les ONG. Lorsqu’elles gouvernaient le pays grâce à Pierre Louis et Soros, Préval était satisfait puisque l’argent rentrait dans les caisses de l’Etat. Ce genre de discours n’a donc aucune valeur quand on connaiî la réelle situation d’Haïti. Préval ne peut rien faire d’autre.

Vous sous-entendez qu’il est dépassé ?

J. L. : Il savait parfaitement où il allait mais pas à cette vitesse, pas si vite... Pour l’heure, il est à découvert. Remettre les clés de l’aéroport international revient à remettre les clés du pays.

Comment Haïti peut reprendre sa vie en main ?

J. L. : Les impérialistes peuvent rester longtemps, mais jamais définitivement. Ils peuvent faire des dégâts comme ils l’ont fait en 1915 et en 1934 lorsqu’ils nous ont laissé l’armée d’Haïti et ce, jusqu’à ce qu’Aristide la chasse. Si le palais national est tombé comme un château de cartes, c’est parce qu’il y a des souterrains menant de la police au palais en dessous. Dans ces souterrains, de nombreux hommes sont morts torturés par les milices de Duvalier.

Pourquoi Aristide ne revient-il pas ?

J. L. : Aristide ne peut pas revenir maintenant, il y a trop d’enjeux et il n’a plus d’hommes de main ni de cadre et il n’est plus soutenu par les impérialistes. Il existe des groupes, clandestins ou non, qui ont de l’argent, qui rassemblent du monde et qui avancent lentement. Il s’agit de distinguer qui sont nos vrais amis et nos vrais ennemis. En Haïti, il y a aussi une lutte des classes et une différence de perception entre homme blanc et homme noir. C’est donc tout un travail de reconstruction aussi bien physique qu’idéologique qu’il faut établir en Haïti. Quoiqu’il en soit, le Canada, la France et les Etats-Unis ne sont pas nos amis et ils l’ont prouvé.

Haïti deviendra t-il la 51e étoile du drapeau américain ?

J. L. : Haïti ne sera jamais un Etat américain !

Comment voyez-vous l’avenir ?

J. L. : L’avenir sera dur, voire très dur. Les Etats-Unis ont essayé de hisser leur drapeau sur l’aéroport de Port-au-Prince, mais Préval y a mis un terme. L’étoile américaine ne sera pas pour Haïti. Si un jour Haïti a une étoile, elle sera rouge comme celle de Cuba. Haïti luttera pour retrouver sa souveraineté, le pays est indépendant depuis le 1er janvier 1804 et il le restera. Comme le disait Henri Christophe, nous pouvons mettre le feu dans tout Haïti ; l’impérialisme américain pourra reconstruire, mais cela pourra être détruit. Sur les cendres d’Haïti, nous rebâtirons notre Haïti…


Notes :
[1] Accord du 22 février 2006, article 2.3 : « Le gouvernement communiquera à la MINUSTAH copie de tous les accords qu’il aurait pu souscrire avant l’entrée en vigueur de l’accord du 22 février 2006, et qui seraient encore valides. Si la MINUSTAH considère qu’un de ces accords pourrait être incompatible avec son mandat ou avec la bonne exécution du plan de réforme de la Police Nationale Haïtienne, le gouvernement apportera à cet accord les aménagements que la MINUSTAH lui demandera pour éviter cette incompatibilité » et ajoute que le document accorde à « la MINUSTAH l’extension de sa toute puissance au-delà de l’actuel gouvernement de transition ».
[2] Alliance Bolivarienne pour les Amériques.
[3] Métaphore haïtienne pour caractériser les 3 pays impérialistes : des roches sur lesquelles on fait cuire à manger.
[4] Accord de Libre Echange Nord Américain conclu entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada.
[5] Image employée par Mao.








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