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Monde

Erdogan s’oppose aux féministes voilées

Rédigé par Timur Safak | Jeudi 21 Avril 2011 à 19:02

           

Le Premier ministre Erdogan a maintenu son refus de présenter des candidates voilées pour les prochaines élections législatives de juin. Une plateforme de féministes avait milité en faveur de ces candidatures et contre ce qu’elles qualifient de discrimination.



Fatma Bostan Unsal est l’une des intellectuelles engagées pour la candidature de femmes voilées aux prochaines législatives de juin.
Fatma Bostan Unsal est l’une des intellectuelles engagées pour la candidature de femmes voilées aux prochaines législatives de juin.
L’AKP persiste et signe. Il n’y aura pas de candidates voilées à la députation aux élections de juin. « Le foulard ne doit jamais devenir un sujet de marchandage pour entrer au Parlement » a affirmé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Il réagissait à une initiative lancée par des intellectuelles pour soutenir des candidates voilées aux législatives.

Un certain nombre de journalistes, romancières et universitaires voilées avaient lancé la plateforme Pas de candidates voilées, pas de voix pour dénoncer la discrimination, selon elles, qui les frappent.

La crainte d’une interdiction

Même si l’Assemblée nationale ne bannit pas explicitement le voile, ses détracteurs affirment qu’il ne peut être porté dans son enceinte.

M. Erdogan et certains intellectuels craignent une instrumentalisation de cette question sensible qui pourrait conduire à un nouveau procès d’interdiction contre l’AKP. Le parti avait échappé de justesse à une telle sanction en 2008 pour « activités anti-laïques » lorsqu’il avait tenté de libéraliser le voile dans les universités. Depuis, cette interdiction a été allégée. Mais le foulard reste interdit dans la fonction publique et les écoles.

L’AKP n’a inscrit qu’une seule femme voilée sur ses listes pour les législatives du 12 juin. Pourtant, Gülderen Gultekin a peu de chance d’être élue car elle est placée en bas de liste. Frustrées, les intellectuelles voilées ont vu dans la position de M. Erdogan une manoeuvre électoraliste pour s’attirer les voix des moins conservatrices de la population.

« Nous devons attendre encore un peu »

L’AKP « se tient à distance des députées voilées car il les perçoit comme un obstacle », a commenté la journaliste Hilal Kaplan, initiatrice du mouvement pro-foulard à l’Assemblée. Pour le politologue Tarhan Erdem, le voile est un risque pour l’AKP, qui ambitionne de pouvoir remporter un troisième mandat. Le parti « ne souhaite pas en faire un sujet de discussion », estime l’analyste.

Selon les enquêtes, la moitié des Turques se couvrent la tête avec le fichu traditionnel ou le foulard islamique. Bülent Arinc, poids lourd de l’AKP, a estimé que le temps n’était pas venu pour une députée voilée. Le voile « n’a rien à voir avec la laïcité ou le régime mais nous avons des craintes traditionnelles et des suspicions », estime-t-il : « Je pense que nous devons encore attendre un peu », a-t-il tranché.







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