un zarlite, deux youyoux
Takaclic
Ma copine Steph m’a expliqué que dans leur mariage, le couple de mariés place toujours les célibataires, ensemble, pour permettre, éventuellement, la création de nouveaux couples. Je trouve cela génial mais, malheureusement, inappropriés pour nos fêtes.
Bien que les mentalités aient évoluées, la possibilité de mettre les célibataires entre eux serait scandaleuse. La jeunesse ne devrait-elle pas songer à se rebeller ?
Heureusement que, nous, les filles, nous avons plus d’un tour dans notre sac. Pour se faire repérer d’un mec, lors d’événements qui nous rassemblent tous, nous avons réussi à développer une stratégie de rencontre. D’ailleurs, ce soir, pour le mariage de Lila, j’ai bien l’intention de suivre les différentes étapes du stratagème. Vu mon âge bien avancé, ce soir, je ne peux pas prendre le risque, de laisser passer la chance de ma vie.
Première étape. Faire un brushing. Eh ! Oui ! Une jeune fille ne montre jamais sa vraie texture de cheveux, surtout s’ils sont frisés… beurk. C’est qu’une fois mariée, qu’elle peut, au grand désespoir de son mari.
Comme toutes mes concurrentes, je me fais coiffer par Malika D., c’est la seule à pouvoir apprivoiser nos cheveux crépus.
Seconde étape. Mettre une robe qui prouve ses origines. Une robe qui dit au mec : « je viens de ton pays, plus exactement de ta région et mieux encore, de ta ville. Je suis donc celle que ta mère recherche ».
Pour ce soir, je mets, donc, la robe achetée au marché d’Argenteuil et judicieusement choisie pour le repérage.
Troisième étape. Mettre les bijoux en or. Les bijoux sont destinés à la future belle-mère, ça veut dire : « t’as vu, chui un bon parti, moi. Tu peux parler de moi, à ton fils, n’hésite surtout pas ! »
Je mets, donc, la ceinture en or, offerte par maman quand j’avais atteint l’âge de raison.
Ca y est. Avec ma mère, nous sommes fin prêtes à aller me faire draguer. Mais où ai-je mis Tartaga. Ma copine Steph appelle sa voiture, titine. La mienne, mes parents l’ont baptisée, Tartaga. On pourrait traduire ça par « P’tite crotte ». J’aime bien !
Arrivé devant la salle de fête, ma mère m’indique, une place de parking libre… heu… créneau… ché pas faire ça, moi ! J’arrive quand même à nous trouver un coin, certes hyper loin, mais où je peux me garer facilement.
Avant de descendre de voiture, je vérifie mes cheveux, ma robe, mon maquillage, c’est bon ! Tout est dans l’ordre pour que je puisse effectuer une entrée triomphale.
Dans la salle, ma mère repère l’emplacement « des femmes » ainsi que la table de sa copine. Je la suis et accomplis la cinquième étape : montrer qu’on est une fille de bonne famille en respectant les règles de savoir vivre.
1) s’asseoir à côté de sa mère
2) Ne pas bouger de sa place même si on a envie de faire pipi
3) Ne jamais regarder du côté des hommes, toujours regarder vers la piste de danse
4) Ne jamais danser sur une autre musique que celle de sa ville d’origine (pour dire, aux mecs, je suis originaire de là-bas, c’est moi la bonne !)
Le DJ, nous passe différents types de musiques mais pas celle qui me donne le droit de me lever. Je n’en peux plus d’attendre….Tiens, cet air me dit quelque chose, je le connais… Je cours sur la piste... Il faut impérativement que je cartonne, tous les regards sont pointés par ici, je le sais !
Je me donne, alors à fond, et pour frimer j’accomplis, le pas de danse favoris des maghrébines. Celui que mon frère appelle « la tremblote des épaules ». Je tente tant bien que mal de faire mieux que ma voisine en faisant gaffe de ne pas me déboiter quelque chose… Je sens que je cartonne !
Ma mère fait, alors, le youyou.
Ce cri de joie, incompris des européens, exprime, simplement, sa gaité et, par la même occasion, transmet un message aux autres mères de famille :
« C’est ma fille qui danse, ce n’est pas la fille d’une autre, c’est la mienne donc si toi, tu la veux pour ton fils, c’est moi que tu devras venir voir. Mais, surtout, quand tu te décideras à venir, n’oublie pas le plus important, la « bata patiss’rie ».
Pour une demande en mariage, un jeune homme doit, toujours venir accompagner de ses parents et d’une boîte de gâteaux. Attention ! Pas avec des fleurs…
Quoique ! Depuis quelque temps, il y a de grands changements, grâce en partie, à la nouvelle génération… C’est bien les jeunes, émancipez vous !… Continuez ! Ne lâchez pas le combat !
Je continue de danser, en regardant du côté des hommes. Sur la piste de danse, on a le droit de mater. Je sais. Ca paraît bizarre, mais c’est comme ça.
Wahou ! C’est qui lui ? Wahou ! Beau gosse ! Beau gosse ! Faut absolument qu’il me remarque ! Que dois-je faire pour me distinguer des autres ?
Deuxième youyous de maman. Destiné, surement, aux retardataires. Ahhhhhhh ! La musique se termine. Non !!! Je n’ai pas fini…Eh ! DJ, steplait, mets en une autre… Déconne pas, steplait, je n’ai pas envie d’aller m’asseoir ! En plus, je n’ai pas eu le temps de le séduire, j’ai juste eu le temps de le repérer, steplait, steplait, steplait…Je vois dans le regard de ma mère qu’il est temps pour moi de la rejoindre. Fffff….
Pourquoi est-ce, aussi, compliqué ? Je pourrais essayer d’aller le voir et discuter. On apprendrait à se connaître. Pourquoi est-ce, aussi, compliqué ?
La fête se termine. Je rentre chez moi, une nouvelle fois, bredouille et frustrée.
Pas grave, pour me consoler, demain, j’irai m’acheter une « bata patiss’rie » que je mangerai avec ma maman…
Bien que les mentalités aient évoluées, la possibilité de mettre les célibataires entre eux serait scandaleuse. La jeunesse ne devrait-elle pas songer à se rebeller ?
Heureusement que, nous, les filles, nous avons plus d’un tour dans notre sac. Pour se faire repérer d’un mec, lors d’événements qui nous rassemblent tous, nous avons réussi à développer une stratégie de rencontre. D’ailleurs, ce soir, pour le mariage de Lila, j’ai bien l’intention de suivre les différentes étapes du stratagème. Vu mon âge bien avancé, ce soir, je ne peux pas prendre le risque, de laisser passer la chance de ma vie.
Première étape. Faire un brushing. Eh ! Oui ! Une jeune fille ne montre jamais sa vraie texture de cheveux, surtout s’ils sont frisés… beurk. C’est qu’une fois mariée, qu’elle peut, au grand désespoir de son mari.
Comme toutes mes concurrentes, je me fais coiffer par Malika D., c’est la seule à pouvoir apprivoiser nos cheveux crépus.
Seconde étape. Mettre une robe qui prouve ses origines. Une robe qui dit au mec : « je viens de ton pays, plus exactement de ta région et mieux encore, de ta ville. Je suis donc celle que ta mère recherche ».
Pour ce soir, je mets, donc, la robe achetée au marché d’Argenteuil et judicieusement choisie pour le repérage.
Troisième étape. Mettre les bijoux en or. Les bijoux sont destinés à la future belle-mère, ça veut dire : « t’as vu, chui un bon parti, moi. Tu peux parler de moi, à ton fils, n’hésite surtout pas ! »
Je mets, donc, la ceinture en or, offerte par maman quand j’avais atteint l’âge de raison.
Ca y est. Avec ma mère, nous sommes fin prêtes à aller me faire draguer. Mais où ai-je mis Tartaga. Ma copine Steph appelle sa voiture, titine. La mienne, mes parents l’ont baptisée, Tartaga. On pourrait traduire ça par « P’tite crotte ». J’aime bien !
Arrivé devant la salle de fête, ma mère m’indique, une place de parking libre… heu… créneau… ché pas faire ça, moi ! J’arrive quand même à nous trouver un coin, certes hyper loin, mais où je peux me garer facilement.
Avant de descendre de voiture, je vérifie mes cheveux, ma robe, mon maquillage, c’est bon ! Tout est dans l’ordre pour que je puisse effectuer une entrée triomphale.
Dans la salle, ma mère repère l’emplacement « des femmes » ainsi que la table de sa copine. Je la suis et accomplis la cinquième étape : montrer qu’on est une fille de bonne famille en respectant les règles de savoir vivre.
1) s’asseoir à côté de sa mère
2) Ne pas bouger de sa place même si on a envie de faire pipi
3) Ne jamais regarder du côté des hommes, toujours regarder vers la piste de danse
4) Ne jamais danser sur une autre musique que celle de sa ville d’origine (pour dire, aux mecs, je suis originaire de là-bas, c’est moi la bonne !)
Le DJ, nous passe différents types de musiques mais pas celle qui me donne le droit de me lever. Je n’en peux plus d’attendre….Tiens, cet air me dit quelque chose, je le connais… Je cours sur la piste... Il faut impérativement que je cartonne, tous les regards sont pointés par ici, je le sais !
Je me donne, alors à fond, et pour frimer j’accomplis, le pas de danse favoris des maghrébines. Celui que mon frère appelle « la tremblote des épaules ». Je tente tant bien que mal de faire mieux que ma voisine en faisant gaffe de ne pas me déboiter quelque chose… Je sens que je cartonne !
Ma mère fait, alors, le youyou.
Ce cri de joie, incompris des européens, exprime, simplement, sa gaité et, par la même occasion, transmet un message aux autres mères de famille :
« C’est ma fille qui danse, ce n’est pas la fille d’une autre, c’est la mienne donc si toi, tu la veux pour ton fils, c’est moi que tu devras venir voir. Mais, surtout, quand tu te décideras à venir, n’oublie pas le plus important, la « bata patiss’rie ».
Pour une demande en mariage, un jeune homme doit, toujours venir accompagner de ses parents et d’une boîte de gâteaux. Attention ! Pas avec des fleurs…
Quoique ! Depuis quelque temps, il y a de grands changements, grâce en partie, à la nouvelle génération… C’est bien les jeunes, émancipez vous !… Continuez ! Ne lâchez pas le combat !
Je continue de danser, en regardant du côté des hommes. Sur la piste de danse, on a le droit de mater. Je sais. Ca paraît bizarre, mais c’est comme ça.
Wahou ! C’est qui lui ? Wahou ! Beau gosse ! Beau gosse ! Faut absolument qu’il me remarque ! Que dois-je faire pour me distinguer des autres ?
Deuxième youyous de maman. Destiné, surement, aux retardataires. Ahhhhhhh ! La musique se termine. Non !!! Je n’ai pas fini…Eh ! DJ, steplait, mets en une autre… Déconne pas, steplait, je n’ai pas envie d’aller m’asseoir ! En plus, je n’ai pas eu le temps de le séduire, j’ai juste eu le temps de le repérer, steplait, steplait, steplait…Je vois dans le regard de ma mère qu’il est temps pour moi de la rejoindre. Fffff….
Pourquoi est-ce, aussi, compliqué ? Je pourrais essayer d’aller le voir et discuter. On apprendrait à se connaître. Pourquoi est-ce, aussi, compliqué ?
La fête se termine. Je rentre chez moi, une nouvelle fois, bredouille et frustrée.
Pas grave, pour me consoler, demain, j’irai m’acheter une « bata patiss’rie » que je mangerai avec ma maman…