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Commentaires
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18.Posté par Dounia Bouzar le 23/11/2010 08:18
Mais vous voyez, l'exemple de l'histoire des 3 petits cochons est un excellent exemple : dans ce cas, si au nom de ses convictions personnelles, le salarié refuse une partie de sa mission, il n'y a pas de débat : cela entrave l'aptitude à sa mission Pas besoin d'exclure tous les salariés "visiblement musulmans" pour cela ou de faire une loi supplémentaire. Le code du travial le permet déjà.
Si la vision du monde d'un salarié s'exprime et s'applique sur le fait que tous ceux, ou plutôt toutes celles qui ne sont pas comme lui (donc pour reprendre votre supposition de l'imposition du foulard, dont vous avez l'air persuadé), c'est la même chose : le code du travail permet, avec les 6 critères que j'ai déjà cités affirmés par la Juriprudence, d'y remédier en vérifiant que cela entrave un aspect du travail obligatoire. pas besoin non plus d'une interdiction absolue (interdite) ni d'une nouvelle loi.
Ce n'est pas un "avis" que je donne... C'est tout simplement ce qui ressort de l'étude de la Jurisprudence Française, des lois du code du travail et de la commission européenne. Mon avis n'intéresse personne, c'est ma conviction personnelle. Ce qui compte, c'est d'appliquer les lois de la même façon à tous. Et vous avez le sentiment que les lois ne sont pas adaptées aux musulmans parce que vous êtes persuadés que le foulard est automatiquement un outil pour inférioriser les femmes et pour uniformiser une partie des musulmans comme "meilleurs croyants", donc détenteurs de la vérité supérieure. Cela correspond à certains individus mais vous en faîtes une catégorie qui s'appliquerait à tous musulmans. autrement dit vous reprenez la définition de la fonction du foulard des radicaux. Car le foulard signifie bien d'autres choses pour quantité d'autres individus musulmans.... Donc vous partez bien de votre subjectivité (probablement construite à partir d'observations à l'étranger), et vous ne laissez pas chaque individu se définir librement et définir librement ses valeurs. Vous pensez pour lui. Ou plutôt vous pensez pour elles. Laissez les donc se définir librement, et pour cela, utilisons les mêmes outils que pour Martine. Je vous assure que c'est très efficace pour détecter qq qui voudrait imposer sa vision du monde comme supérieure. Mais dans votre postulat de débat, c'est malheureusmeent vous qui imposez votre propre perception du phénomène comme une vérité absolue et générale : c'était le même processus pour le racisme : on définit une catégorie de personnes à partir d'une caractéristique et on décide qu'il s'agit d'une catégorie homogène, ce qui nous permet de faire fi de la démocratie et de les traiter non pas comme sujets pensants mais comme objets... qu'en pensez vous?

17.Posté par José le 22/11/2010 23:25
Je vais me répéter, tout en respectant votre avis.

Ce n'est pas a une société ayant promulgué des lois à s'adapter a celles tout religieuses qu'elles soient que voudraient imposer des salariés, mais a ces salariés de s'adapter a ce qui régit la société dans laquelle ils veulent s'intégrer.

Si l'intégration n'est pas souhaitée et de fait elle ne l'est pas si elle met en avant un séparatisme religieux qui classerait en bonnes musulmanes les voilées et en mauvaises musulmanes ou pire en mécréantes livrées (comme nous faisait la démonstration notre interlocuteur Talib) a la débauche les autres de toute confession, cela n'est pas acceptable.

Le Code du Travail ne contemple pas ces cas car .... les situations en question n'existaient pas.

Et c'est la brèche ou les religieux veulent s'infiltrer.

Ma liberté en effet s'arrête où commence celle de l'autre, c'est la moindre des choses a respecter.

Encore faut-il spécifier de quelle liberté on parle ?

Car comme je le disais la haut c'est bien beau de se draper des lois sur la laïcité et autres comme les citées du Code du Travail... sans les contextualiser.

Elles furent mises en route contre les abus d'une religion : la catholique en particulier. Pas la musulmane.

Ce à quoi l'on assiste c'est a un refus profond de la prise en main de cette "nouvelle" religion qui n'était pas concernée par ces lois mais... qui veut s'en servir pour justifier et ses prises de position et finalement son prosélytisme.

Non, je suis désolé, la religion est une affaire personnelle et n'a nullement a s'exposer dans des lieux ou de près ou de loin l'enseignement (car la crèche enseigne....) est donné et des lieux ou l'on est censé être neutre.

Dites moi, une employée d'une crèche, musulmane, portant donc le hijab (voile) et devant raconter l'histoire des trois petits cochons, pour entretenir les bambins.... est à même de le faire ? Où bien racontera t elle en échange car "haram" (péché) de parler de petits cochons, une histoire en accord avec ses croyances ?

Merci dans tous les cas de cet échange, je pense courtois, entre nous.


16.Posté par Dounia Bouzar le 22/11/2010 23:01
Votre raisonnement pourrait être fondé et se tenir s'il n'existait pas les lois du Code du Travail et la loi de 1905. Effectivement, cela aurait pu être une option des révolutionnaires, cela a failli l'être d'ailleurs : la religion chez soi et plus rien de religieux ne rythme la "vie publique", au sens de "lieu public" cette fois. Les révolutionnaires avaient essayé de séparer les jours ferriés des fêtes chrétiennes par exemple.
Mais ce qui ne fonctionne pas (dans votre raisonnement), c'est que les lois françaises déjà citées et européennes déja citées également , posent bien la liberté religieuse comme liberté fondamentale (au même titre que le droit à l'intégrité corporelle par exemple...) et comme liberté publique. Donc ce qui pose problème, c'est justement ce décalage entre ce que j'appelle la "laïcité narrative" (la façon dont les Français se sont racontés la laïcité, ont vécu la laïcité si vous préférez...) et la "laïcité juridique" (l'ensemble de lois qui constitue un système juridique pour que la laïcité soit respectée, et ce système juridique est construit autour de l'adage : ma liberté s'arrête où commence la tienne, et non pas "ma religion s'arrête à la porte de chez moi").
Donc c'est impossible de ne pas appliquer les lois. Ou alors il faut les changer... Le fait qu'une salariée, qu'elle s'appelle Fatima ou ALine, décide un beau matin de venir avec un foulard ne change rien à l'application des lois. Il s'agit toujours d'une liberté fondamentale, qui ne peut être limitée que ci celle-ci entrave ses aptitudes nécessaires à sa mission. Donc il faut étudier, à chaque fois, le contexte de la situation, pour vérifier si oui ou non, ce signe convictionnel (ce sont les mêmes lois pour les signes politiques ou philosophiques) entrave l'aptitude du salarié à sa mission. C'est juste l'application du code du travail, qui spécifie de plus que cela doit être l'entrave à cette liberté doit être "proportionnée au but recherché et justifiée par la tâche à accomplir".
On est vraiment ici non pas dans les convictions personnelles (le foulard est ceci ou cela, pourquoi le met elle, etc. : cela relève de sa liberté de conscience et l'employeur n'a pas à s'en mêler), mais dans la simple application du code du travail.
Il n'y a que pour les salariés qui travaillent dans un service public qui ont l'obligation de neutralité, qu'ils soit fonctionnaires ou affiliés. Mais je suis confuse de me répéter : il ne suffit pas qu'une entreprise accueille du public ou reçoive des fonds publics pour être un "service public". Pas du tout, c'est la même chose pour certaines associations de jeunes qui effectuent des missions de service public (prise en charge des jeunes) avec des subventions publiques, mais ne sont pas des services publics et relèvent du droit privé, comme cette crèche... Je le traite dans l'ouvrage qui vient de sortir : Laicité mode d'emploi où il y a 42 situations dont ce type d'associations de jeunesse.
Lorsqu'on travaille dans un service public, il n'y a pas de débat en droit français : pour que la société puisse être diverse, l'Etat est neutre et ne montre aucune conviction. Les agents qui travaillent pour lui ont formellement l'interdiction de montrer leurs convictions politiques, philosophiques ou religieuses.

15.Posté par José le 22/11/2010 22:01
@Dounia

Malheureusement le cas présente de l'Oréal est en effet un miroir de ce que l'image de l'Islam donne de soi. Les compétences de la personne ne sont nullement en cause, mais l'image véhiculée, même "moderniste" ou "parce que je le vaux bien" en affichant sa religion de façon ostentatoire sera toujours motif a rejet.

Et encore une fois il faut revenir a l'essentiel dans une entreprise et un milieu occidental : la religion est une affaire privée qui ne doit pas s'exposer en public.

Plus l'Islam revendiquera au moyen d'un foulard, d'une cantine hallal, d'un horaire adapté aux prières et autres dogmes dans un milieu majoritairement laïc, ce sera cela le problème récurant.

Mona sera évaluée comme Monique et Fatima comme Isabelle quand cette démonstration religieuse sera réservée a ses horaires privés.

Pour la crèche, je ne me trompe pas, adjointe a la directrice ou pas, elle était bien sans foulard islamique quand elle a démarré son travail et ensuite elle a souhaité le porter et de fait, l'affaire en fait la preuve, l'imposer.

Et le fait de voir une personne affichant sa religion dans une crèche pré-supposée laïque comme tout lieu dépendant de l'Etat en France, est en effet peu "catholique" si j'ose dire.

Maintenant j'abonderai dans le fait qu'il faudrait des lieux ou ces femmes, souhaitant rester voilées pendant leurs horaires de travail (on peut se demander en sus quel homme viendrait perturber autant ces femmes pour qu'elles ne puissent pas enlever leur voile.... dans une crèche ! Comme si les papas venant déposer ou chercher leur bambin dans ce lieu étaient des sadiques souffrant de sex-addiction) les aient, de façon confessionnelle.

Comme le dit si bien le proverbe, chacun chez soi et les cochons seront bien gardés (ou les moutons pour faire d'avantage hallal ;) )

14.Posté par Dounia Bouzar le 22/11/2010 19:58
En réponse à Talib et José,
Juste pour vous dire que c'est moi qui suis intervenu pendant 6 mois à l'Oréal pour dénouer les conflits et permettre à Mona de passer d'un CDD à un CDI. L'IMS a repris ce cas car il a été fort médiatisé, en grande partie par mes soins. Vous trouverez notamment un gros chapitre sur ce qui s'est passé dans Allah a t il sa place en entreprise, qui est une enquête sur la gestion des revendications musulmanes sur 4 bassins d'emplois (400 interviews) publié par Albin Michel l'année dernière, et qui fait le point sur toutes les représentations négatives sur les pratiques musulmanes qui finalement entravent l'application des critères communs des managers... Pour faire simple, on n'évalue pas Mona comme Martine...
La vérité de cette histoire est que ceux qui l'ont embauchée n'ont pas "vu" son foulard comme musulman, tellement Mona était la meilleure, tant en compétences techniques que relationnelles. Mais lorsqu'elle a pris son poste de cadre supérieur (gestion), ses collègues ont petit à petit réalisé que ce foulard ne la quittait jamais, et elle-même leur a naturellement expliqué que ses convictions lui demandaient de ne pas montrer ses cheveux. Pourtant, Mona était tout à fait "intégrée" au "look l'oréal" : c'était un foulard toujours assorti à ses tailleurs, je l'ai nommé "le foulard hermès musulman de Mona". Malgré cela, quand je suis arrivée, le service était dans tous ses états. Grève de personnel, pétitions de syndicats, les équipes étaient divisées sur leurs positions, les uns étant traités de raciste et d'islamophobes, les autres étant traités de "complices des talibans"! Il a fallu 6 mois d'interviews pour déconstruire les transferts, fantasmes, angoisses, et faire comprendre que "Mona n'était pas aussi différente que ça", même si elle avait besoin de ce foulard pour avoir plus de force dans sa vie quotidienne. Car Mona exprimait très bien que son foulard symbolisait pour elle sa relation à Dieu, et que cela lui donnait de la force pour mieux vivre avec les autres dans son quotidien. In fine, les choses se sont progressivement calmées et elle a eu son CDI. Mais elle a tellement souffert de cette violence morale qu'elle a demandé à partir dans une des filières à l'étranger. Ce qui était intéressant et que je mets en valeur dans Allah a t il sa place en entreprise, c'est que chaque salarié, "pour" ou "contre" Mona adoptait une position non pas à partir de ce que Mona était, mais uniquement à partir des représentations qu'il avait de la catégorie "les femmes musulmanes voilées". Même ceux qui se battaient pour qu'elle reste pensaient à sa place, sans vérifier que cela correspondait bien à sa position.
De mon point de vue, c'est là la plus grande difficulté actuellement : les salariés musulmans ne sont pas évalués sur leurs compétences et leurs valeurs mais sur l'idée que l'on a d'eux. Or le sens qu'un croyant attribue à une pratique ou à un signe peut être différent de l'un à l'autre. C'est pour cette raison que l'on doit évaluer Mona comme Martine : pour ce poste de cadre supérieur : est-elle capable d'acquérir la "bonne distance? de se remettre en question? sait elle qu'elle a besoin des autres pour atteindre l'objectif commun? etc.
Et je le redis, l'image que l'on dégage a de l'importance : Mona était "lookée l'Oréal", son foulard ne constituait à aucun moment une entrave à sa fonction, même avec la clientèle ou les partenaires! La preuve, avant de savoir que c'était un foulard religieux, personne ne disait rien..... C'était une "L'Oréal cheveux cachés". Mais "une L'Oréal" avant tout...
Pour une puéricultrice (de crèche privée, cette crèche n'est pas un service public, vous vous trompez!!!!! et la salariée n'est pas puéricultrice mais directrice adjointe, donc plutôt à l'administratif) qui arbore un foulard de couleur et une autre qui serait "tout en gris" ou "tout en noir", le diagnostic sur le fait que cela entrave ses aptitudes pour la mission (seule limite à sa liberté religieuse selon le droit du travail) me semble différent ...
Quelle que soit la réponse, l'important est de passer par la loi pour y répondre et sortir de ces situations où les subjectivités personnelles font la loi...
Bien à vous

13.Posté par José le 22/11/2010 17:19
@Talib

Je retrouve dans votre longue réponse tous les archétypes du bon croyant musulman pro-voile (ou niqab) que j'ai déjà lu maintes fois sur le net, dans des forums ou des sites d'inspiration islamique.

On a réellement l'impression que c'est une question dont la réponse "argumentée" a été largement diffusée pour un discours identique...et identitaire.

D'ailleurs c'est encore plus amusant de le lire de votre part, surtout en faisant référence aux "affreux colonisateurs" tout en n'ayant en rien (polonais vous vous présentez d'origine...) de maghrébin ou autre ayant du "'souffert" de la dite affreuse colonisation.

Oui le voile existait sur place lors de la colonisation et alors ? Cela n'a rien à voir avec la tenue en question sur le sol des pays "colonisateurs".

Que je sache il y a eu d'autres populations colonisées, non musulmanes, habituées a vivre juste avec un pagne, les seins nus pour les femmes....et ce n'est pas pour autant qu'elles ont poursuivi leur tradition ancestrale en Europe ou ailleurs.

Sur place personne ne les a obligés ni aux uns d'enlever leur voile, ou de s'habiller forcés et contraints.

D'ailleurs le plus paradoxal en sus c'est que justement dans ces pays musulmans, de l'Egypte au Maroc..passant par le Liban et la Turquie.... il n'y avait pratiquement plus de voile et qu'il ne fleurit que depuis une vingtaine d'années et ce depuis que la manne pétrolière aidant le discours wahabite se fait entendre.

Et d'ailleurs vous savez parfaitement que même des exégètes musulmans ne pensent pas que le voile soit obligatoire pour toutes les femmes, en fonction des textes du Coran uniquement, et réservé aux seules épouses de votre Prophète.

Elles ont aussi bonne presse les lois républicaines qui servent précisément, fallacieusement, a faire valoir les droits de femmes voilées, alors qu'en aucun moment elles n'en étaient l'objet lors de leur rédaction.

On critique la société occidentale comme vous le faites, a fond, y compris dans la publicité pour un Danone, mais on prend bien entendu les textes de cette fameuse loi républicaine car elle vous convient. Non ce n'est pas être islamophobe (mot galvaudé s'il en existe de nos jours, comme l'anti-sémitisme d'ailleurs, on ne sait plus leur sens... ) de le dire.

Sauf que vous omettez de contextualiser aussi les textes, car ils furent rédigés alors que les musulmans ou musulmanes, sur le territoire français étaient inexistants pratiquement en termes de pourcentage de la population, d'une part, et d'autre part le paragraphe deux le précise bien, cette liberté est totale sauf si elle est contraire a la loi. La loi existe aujourd'hui, donc laissons les tribunaux trancher la question.

Il ne faut pas oublier dans le cas cité en référence que cette jeune femme avait été engagée alors qu'elle ne portait pas le voile, et c'est a son retour d'un long congé parental qu'elle a voulu le porter.

Grosse nuance ! S'est elle convertie pendant son congé parental ? Ou bien avant elle était moins bonne musulmane ?

Donc elle n'a pas été discriminée quant a sa religion lors de son embauche, ce qui fait que toute votre argumentation sur le sujet est nulle et non avenue.

Il m'a semblé comprendre qu'il existe un règlement intérieur a cet établissement et c'est lui qui prime, mais encore une fois au niveau légal (même si les textes des affreux colonisateurs sont très bons dans certains cas en effet) il faut laisser les magistrats trancher.

L'exemple cité de l'Oréal est également nul et non avenu, puisque à contrario de la jeune femme qui nous occupe l'employée en question s'est présentée depuis le premier moment voilée, l'Oreal est une société privée et non publique (la crèche l'étant de par son financement et son objectif éducatif considérée autrement). Et l'on ignore en sus quel poste était ou allait être couvert par cette employée voilée.

Tant que vous y êtes pourquoi ne pas citer aussi la candidate de Besancenot, voilée ? Les autres femmes issues de l'immigration et ayant occupé des postes gouvernementaux et se disant musulmanes étaient elles de mauvaises musulmanes ?

Cette discussion sur le voile peut être toujours assez passionnée dans ses manifestations mais une chose est certaine : l'occident malgré tous les reproches que l'on puisse lui faire offre une liberté a tout un chacun y compris la religieuse qui demanderait a ceux voulant pratiquer leur religion a une plus grande modestie dans les attitudes et revendications exagérées et "légales" auxquelles on assiste a grand renfort de Halde, Mrap, SOS je ne sais quoi, etc... etc...

Je finirai en disant que quand une femme, européenne ou autre, non musulmane, va vivre ou visiter un pays a majorité musulmane, avec des coutumes et traditions de "pudeur" différentes a leur pays d'origine, elles respectent celles existantes sur place (les consulats d'ailleurs en font mention dans leurs fiches de pays).

Quelle raison ferait qu'à contrario ce serait un scandale de demander que des femmes, musulmanes, en occident, respectent les cadres de ces pays ?

Allez dire en Algérie que vous allez faire du nudisme sur une plage car vos "convictions naturistes" sont les vôtres..... et vous verrez comment l'on vous accepte immédiatement !
*
Ahhhhh j'entends déjà votre réponse : "oui mais dans ces pays les droits de l'homme ne sont pas mis en avant comme en France" et je vous dirais moi alors qu'il serait bien plus utile d'aller faire pression légalement ou personnellement labàs pour qu'ils le soient que de venir faire des polémiques sur le voile en occident.

Salam


12.Posté par Tâlib le 22/11/2010 16:05
As"salam (Paix),

@ José

Vous écrivez : "Ce qui est une réalité basique, c'est que la société française ou occidentale en général n'a plus depuis bien longtemps l'habitude de ces intrusions "d'obligations religieuses" dans le domaine éducatif, public, etc... "

Et dans les diverses colonisations françaises, au Maghreb par exemple, le voile était-il inhabituelle pour les français(e)s ? Pourquoi aujourd'hui est-il devenue inhabituelle ?

Vous écrivez : "Il semble paradoxal de plus que ce qui est une obligation "religieuse" plutôt très "masculine" j'oserais dire, mais qui serait pour "passer inaperçue" en tant que gent féminine, de fait, en une société non islamisée devient au contraire un "phare" ce qui est contraire au but recherché. "

L'obligation religieuse "plutôt très masculine" est un préjugé basé sur l'ignorance des un(e)s et des autres, préjugé amplifier par les politicien(ne)s et les médias. Par contre, l'obligation de se dévoiler [donc la contrainte] est paradoxale avec la liberté de religion et le respect des différences.

Pour passer inaperçue en Occident, les femmes ont été et seraient contrainte à certaines mœurs de vie, tel que le dénuement ou raccourcissement des vêtements, pour le plaisirs de leurs propres regards ? Ou pour le plaisir des regards masculins ? Pour vendre un yaourt, une femme nue, pour vendre un shampoing, une femme nue, pour vendre un morceau de viande, un morceau de viande nue, ... Il y a une belle hypocrisie de la part des accusateurs du "machisme musulman" alors que la majorité d'entre-eux usent de supériorité vis à vis des femmes (cf. la pseudo-parité, la pseudo-reconnaissance des droits de la femme, ...). Si certains musulmans s'attellent à changer l'ignorance de la majorité des musulman(e)s concernant les droits et devoirs des hommes vis à vis des femmes, il serait bon que les non-musulman(e)s n'usent pas d'hypocrisie en ce sens, et ne cherchent pas à détourner l'attention en pointant du doigt l'Islam et les musulman(e)s.

Pour ma part, si je baisse le regards sur ce qui me dérange personnellement, pourquoi n'est-ce pas réciproque ? Pourquoi devrais-je faire mon effort personnel pour un certain "vivre ensemble", et que vous ne le feriez pas et qui plus est, vous demanderiez à mon épouse d'enlever son voile et de renier une part de nos enseignements parce que vous le voulez ? Je n'ai pas contraint un seul crâne rasé à se laisser repousser les cheveux, je n'ai jamais contraint un rasta à couper ses locks et avoir une coupe de cheveux comme je le voudrais, je n'ai jamais contraint sœur Emanuelle pour qu'elle retire son voile, je n'ai jamais contraint une femme africaine de retirer son boubou, je n'ai jamais contraint une femme en mini-jupe et peinture de guerre [ou maquillage] à mettre le voile et une tenue plus pudique, je n'ai jamais contraint quiconque à embrasser l'Islam et à mettre le voile ou à se laisser pousser la barbe, ... Alors est-ce que vous pourriez ne pas contraindre mon épouse à ne pas retirer son voile, à ne pas être mise à part du monde du travail, et à la laisser faire ses choix par elle-même [dans le respect des enseignements de l'Islam, puisque elle est musulmane],tout comme vous le faite avec moi, malgré le fait que j'ai la barbe et que je pratique l'Islam ?

Vous écrivez : "Personne ne mettra en doute les qualités soit d'enseignante, soit d'aide maternelle, soit d'employée de crèche etc.... de confession musulmane. Mais ce qui semble logique c'est que dans une société ou le voile n'est pas la règle, que l'on ne le porte pas sur son lieu de travail, mettant en avant sa qualité de "musulmane". Il ne s'agit de pas de "contrainte" mais bien de simple neutralité basique."

La neutralité est-elle réciproque ? Elle ne l'est pas et ne pourra pas l'air si chacun(e) ne s'efforce pas réellement de faire avec ce qui peut le déranger personnellement, tant que cela ne fait partie de l'inacceptable réel. Ce principe de neutralité est détourné du vrai sens qu'il devrait avoir, et ce, à des fins plutôt perverses. C'est donc bien une contrainte pour les femmes musulmanes française de retirer leurs voiles, non pas pour des raisons de mieux travailler, mais simplement pour être dans une forme de "norme établie par des hommes et des femmes "en mal de liberté vestimentaire" ou imposant leurs mœurs de vie à autrui sous différents prétextes fallacieux.

Les qualités professionnelles devant donc primés sur le reste, pourquoi ne pas recruter pour ses compétences professionnelles une femme voilé ou non-voilé ? Ceci étant inscrit dans les lois républicaines, je cite :

«1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de convictions, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

« 2. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publique, ou à la protection des droits et libertés d’autrui. ».

Concernant le travail

Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que définie à l'article 1er de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 (* 1) portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations, notamment en matière de rémunération, au sens de l'article L. 3221-3, de mesures d'intéressement ou de distribution d'actions, de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses mœurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille ou en raison de son état de santé ou de son handicap.

(* 1) Constitue une discrimination directe la situation dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou son sexe, une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou ne l'aura été dans une situation comparable.

Et l'islamophobie individuelle voir communautaire, a fait que des lois ont été créé à des fins perverses sous couvert d'un soit disant "meilleur vivre ensemble". Je vous rappelle par exemple que Chez L'Oréal, une jeune femme voilée, diplômée d'une grande école, vient ainsi d'être embauchée à un poste convoité. Malgré quelques réticences internes, la direction a tenu bon. « Nous avons pour politique de recruter uniquement en fonction des compétences. Cette candidate les avait, nous l'avons engagée. Le voile ne doit pas être traité comme un signe distinctif et on ne l'a pas pris en compte dans notre décision », explique Jean-Claude Le Grand, le directeur diversité. Une position que défend IMS-Entreprendre pour la cité, l'association créée par Claude Bébéar pour promouvoir la diversité dans le monde du travail : « L'entreprise ne peut pas, sans raison, interdire le port du voile. La vraie question est : la personne travaille-t-elle bien ou pas, remplit-elle sa mission ou pas ? » explique Benjamin Blavier, un de ses responsables.

Un peu de vérité et d'honnêteté dans ce domaine, ferait le plus grand bien aux français(e)s non-musulman(e)s et musulman(e)s, non !?

Restant disponible pour toute correction et/ou précision de mes écrits, incha'ALLAH.

Was'salam.

11.Posté par José le 22/11/2010 02:18
Il faut dire que ce qui fait tache d'huile ce sont en effet les "cas" ici ou là et en "justice" de femmes voilées.

Ce qui est une réalité basique, c'est que la société française ou occidentale en général n'a plus depuis bien longtemps l'habitude de ces intrusions "d'obligations religieuses" dans le domaine éducatif, public, etc...

Il semble paradoxal de plus que ce qui est une obligation "religieuse" plutôt très "masculine" j'oserais dire, mais qui serait pour "passer inaperçue" en tant que gent féminine, de fait, en une société non islamisée devient au contraire un "phare" ce qui est contraire au but recherché.

Personne ne mettra en doute les qualités soit d'enseignante, soit d'aide maternelle, soit d'employée de crèche etc.... de confession musulmane.

Mais ce qui semble logique c'est que dans une société ou le voile n'est pas la règle, que l'on ne le porte pas sur son lieu de travail, mettant en avant sa qualité de "musulmane".

Il ne s'agit de pas de "contrainte" mais bien de simple neutralité basique.

Salam

10.Posté par Tâlib le 20/11/2010 16:02
As'salam (Paix),

Vous écrivez : "D'autre part, il ne faut pas oublier que dans ces quartiers, il y a beaucoup de femmes voilées, la religion musulmane est très présente. Les crèches et établissements scolaires sont les rares derniers endroits où l'enfant peut se frotter à la neutralité religieuse. C'est important de conserver ces ilots vierges de tous signes religieux."

Une sorte de bulle de neutralité religieuse [un peu hypocrite, tout de même], où la neutralité des convictions de chacun(e) ne serait pas appliqué à tou(te)s ... Imposez des mœurs de vie à d'autres, serait-il différent ? Une personne peut arborer une tenue vestimentaire étant presqu'une atteinte à la pudeur, cela ne dérangerait pas, mais une tenue vestimentaire différente, dérangerait ? Si pour ma part, je fais avec les mœurs d'autrui allant à l'encontre des miennes, pourquoi n'y a-t-il pas réciprocité ?

Vous écrivez : "(...) Car on sait bien que ce n'est pas dans une famille très attachée à une religion que l'enfant pourra faire l'apprentissage des autres religions, de l'athéisme et ensuite être libre de faire son choix. (...)."

Ceci est votre point de vue, je ne le partage pas et certain(e)s de mes coreligionnaires ne le partage pas non plus. Apprendre à ses enfants le respect des différences. Comme j'apprécie citer ces trois adages ci-dessous pour imager la position que devrait mettre en pratique la majorité des musulman(e)s et non-musulman(e)s vivant en France, je cite :

"Seul l'inculte réfute réfute en masse ce dont il(elle) est ignorant(e)"
"Cultivons nos différences et non pas l'indifférence"
"Le respect est réciproque ou il n'est pas"

Mon épouse est assistante maternelle [ou nourrice], elle porte le voile par obligation religieuse et par sa propre initiative, et je ne pense pas m'avancer en affirmant que si vous lui confiez la garde de vos enfants, elle s'en occuperait avec toute l'attention et le respect qu'elle a pour les enfants [musulmans ou non-musulmans] car chaque enfant fait partie de La Création de DIEU (Exalté et Glorifié soit-IL), elle leur donnerait ce qu'il y a de meilleur dans les rapport humains ainsi que dans la nourritures. Elle présenterait à vos enfants nos différences sans les contraindre à faire de même, juste pour les informer et les instruire, afin qu'ils connaissent et ne soit pas suspicieux vis à vis des différences.

Je suis musulman français d'origine polonaise [n'ayant d'origine que l'appellation], pour vous imager, je suis un musulman blanc occidental, issu d'une famille non-musulmane, et nous arrivons à gérer nos différences, même si en tant que musulman, nous ne tentons pas de contraindre ma famille a pratiquer notre religion, là où de temps en temps, elle aimerait nous faire renier certains enseignements de notre religion pour imiter certaines de leurs moeurs de vie ... Un peu comme la majorité des non-musulman(e)s souhaiterait contraindre les musulman(e)s à ne pas pratiquer [comme il le souhaite] leur religion.

Je ne vous contraint pas à mettre le voile, tout comme je n'ai pas contraint mon épouse, alors pourquoi vouloir contraindre à mon épouse à ne pas porter le voile, et ce, sous divers prétextes fallacieux ? Elle n'impose à personne son choix vestimentaire, alors pourquoi n'est-ce pas réciproque ? Mon épouse et moi-même connaissons le caractère obligatoire pour une musulmane de porter le voile (dans le cœur et sur la tête), mais cela ne nous permet pas de contraindre d'autres musulmanes à appliquer cette obligation religieuse, nous pouvons [et devons] rappeler et interpeler, mais seule l'intéressée pourra passer à l'acte ou pas.

Restant disponible pour toute correction et/ou précision de mes écrits, incha'ALLAH.

Was'salam.

9.Posté par Tâlib le 20/11/2010 15:03
As'salam (Paix),

Vous écrivez : "Le voile n'est pas qu'un simple bout de tissu. C'est un signe religieux. Il montre l'appartenance à une idéologie. Exactement comme le ferait le militant du FN qui afficherait son appartenance à la vue de tous en arborant son badge. On ne peut pas transmettre des valeurs de neutralité en affichant ses préférences. C'est incohérent."

Le voile est effectivement une obligation religieuse, il met en avant l'appartenance religieuse d'une musulmane. Concernant le badge, cela ne me dérange pas non plus, tant que la personne ne fait pas de prosélytisme orale auprès des différentes personnes.

Vous écrivez : " D'autant que le Coran, en plusieurs de ses passages, ne véhicule pas forcément les valeurs du "bien vivre ensemble" (se référer par exemple aux passages concernant les mécréants, les infidèles...)."

C'est que vous n'avez pas vraiment lu Le Saint Coran, si je vous cite ce verset concernant le "bien vivre ensemble" :

- Sourate 60 - Verset 8
"Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables."

Vous écrivez : "(...) Et à cet âge, l'enfant est peut être trop petit pour comprendre mais les images s'inscrivent dans son inconscient. (...)"

Un enfant occidental [et donc blanc] doit-il attendre un certain âge pour découvrir qu'il y a des être humain noir ? Bronzé ? Avec des yeux bridés ? Des gens aux cheveux blonds, ou brun, ou roux, ou d'autres couleurs ? A quel âge est-il possible de lui faire découvrir des reportages sur sœur Emanuelle ? A quel âge peut-il visiter des monastères ou des églises ? A quel âge peut-il sortir dehors au risque de voir des affiches de publicités perverses, des gens de couleurs et de tenues vestimentaires différentes, ... ? A quel âge doit-il découvrir le monde qui l'entoure avec sa diversité cultuelle et culturelle ?

Restant disponible pour toute correction et/ou précision de mes écrits, incha'ALLAH.

Was'salam.

As'salamoualaykoum,

@ Madame Dounia Bouzar

Vous écrivez : "Votre lecture du Coran semble idéologique et partiale. Je pourrai, si j'avais le temps, vous démontrer que vos propos sont faux car enlevés du contexte de la révélation, du coup vous les mentionnez à contre sens, mais bref ..."

Votre lecture du Coran à vous aussi à l'air identique. Je serais [pour ma part] éventuellement intéressé de votre démonstration à ce niveau-là, car le sujet de l'article est le voile, donc en rapport direct avec le sujet.

Was'salamoualaykoum

8.Posté par Palissade le 15/11/2010 10:56
Comme je le disais déjà, l'autorisation au cas par cas n'est pas une solution pratique. Elle suppose une judiciarisation, et donc l'aveu de l'incapacité à trouver une solution à l'amiable acceptable par les deux parties. Or si le prosélyte n'hésite pas à judiciariser les freins à ses pratiques ostentatoires au nom de sa liberté religieuse, son adversaire a beaucoup à perdre s'il est condamné; en particulier en terme d'image. Inutile de connaître la théorie des jeux pour comprendre que le prosélyte est gagnant dans tous les cas de figure: soit l'adversaire abandonne ou la justice donne raison au prosélyte, et le prosélytisme avance; soit la justice lui donne tord et il peut faire valoir son statut d'opprimé par une société nécessairement raciste ou opprimant sa religion. La laïcité est donc toujours perdante, car même lorsqu'elle s'impose, elle n'est pas acceptée.

Comment pouvez-vous d'ailleurs parler de respect mutuel entre laïcité et certains mouvements religieux? La très large diffusion du Halal dans les filières de restauration collective constitue à ce titre un véritable scandale. L'absence de reconnaissance des décisions de droit civil par les autorités religieuses en est un autre, comme pour les tribunaux islamiques au Royaume-Uni (voir le mouvement "One Law for All").

Dans le cas qui vous préoccupe, une femme peut évidemment se voiler librement. Néanmoins, le port du voile reste un signe manifeste d'enfermement de la pensée (interprétation littérale du Coran) ou d'enfermement communautaire (motivé par son propre regard totalitaire ou l'endogamie religieuse), donc d'intégrisme, et ses valeurs anti-républicaine que j'évoquais précédemment.

Il ne s'agit pas ici de stigmatiser les intégristes, mais de cantonner leurs pratiques religieuses à leur sphère privée. Ils n'ont pas à imposer leurs pratiques ostentatoire à une société civile fondamentalement laïque.

Ce n'est pas l'exposition à l'intégrisme religieux qui engendre la tolérance.

7.Posté par Pompon le 14/11/2010 20:46
Je pense que personne n'est neutre. Pas même vous.
Je n'essaye pas d'imposer quoi que ce soit. J'essaye juste de vous montrer que je ne suis pas d'accord avec les arguments que vous avancez.
Ensuite, je suppose que de nombreux électeurs du FN (dont je ne fais pas partie) doivent penser qu'ils ne sont pas fascistes et que leur parti ne l'est pas. Tout est affaire d'interprétation.
Un peu comme nos deux visions du Coran (que je connais pour l'avoir étudié).
Je suis d'accord avec vous par contre quand vous dites qu'il ne faut pas diaboliser les signes religieux car je pense que la stigmatisation amène au rejet et à la radicalisation mais je pense comme Palissade (commentaire plus haut) qu'accorder un doigt peut amener à se faire manger le bras en entier et qu'il y a des intransigeances à avoir justement dans les lieux qui se veulent d'enseignement et de transmissions de valeurs propre à notre République.
Une cohérence de la part des familles qui ne veulent pas sacrifier à leur religion serait de s'organiser pour proposer des crèches et des établissements scolaires religieux. Il en existe des chrétiens et des juifs. Je n'en ai jamais vu de musulmans.
Pourquoi ?

Merci en tout cas d'avoir pris le temps de me répondre.

6.Posté par Dounia Bouzar le 14/11/2010 20:13
Il y a beaucoup d'éléments dans votre propos. Je vais essayer de donner les miens :
1 - la conviction politique ne peut être protégée que lorsqu'elle n'entrave pas les aptitudes à la mission. Dans votre cas, je pense qu'elle l'entraverait, donc serait interdit.
2 - Votre lecture du Coran semble idéologique et partiale. Je pourrai, si j'avais le temps, vous démontrer que vos propos sont faux car enlevés du contexte de la révélation, du coup vous les mentionnez à contre sens, mais bref... le propos ici n'est pas théologique mais bien juridique : code du travail, loi de 1905, et cadre européen. Juste une remarque : en réduisant l'islam à des interprétations radicales, vous faites le jeu des radicaux puisque vous validez leur interprétation... C'est ainsi qu'en Occident, ils prennent de plus en plus de pouvoir...
3 - J'ai bien insisté en disant que l'on pouvait être "sans signe et pas neutre" (ce qui semble d'ailleurs votre cas, vous voulez imposez votre angle...) et que l'on pouvait être "avec signe (discret, de couleur, donc non ostentatoire) et neutre", si l'on respecte les gens athées, etc. Cela ne veut pas dire que toutes les puéricultrices voilées correspondent à cette exigence! Je répète juste ce que la loi actuelle déclare : il faut évaluer cas par cas, à moins qu'on décide de faire (encore) une loi pour interdire le port de signes religieux dans les crèches.... au quel cas, le droit européen exige deux choses, comme vous le savez : que l'on démontre qu'il y a danger pour l'ordre public et danger pour les droits d'autrui. Sinon on n'a pas même pas le droit de faire une loi. Ce n'est pas moi qui parle mais la loi européenne et française.
4 - Juste un petit commentaire depuis le temps que je fais des études de terrain : lorsqu'on diabolise un signe religieux, il devient le symbole de la religion. Et les gens s'y accrochent encore plus, pour défendre leur religion, de façon plus ou moins inconsciente. AU contraire, lorsqu'on oblige les gens à se mélanger, c'est là que le "faire ensemble" fait avancer les interprétations et permet les remises en question des interprétations sectaires et radicales. En France, de nombreux musulmans nés en France, qui ont été mélangés depuis l'école maternelle avec des enfants qui ne croient pas en Dieu ou d'autres religions, ont remis en question des discours religieux qui parlaient de "mécréants" ou employaient des termes de cette sorte. Cela les a choqué. Pourquoi? Parce qu'ils étaient amis avec Elisabeth et les autres. Cela n'est pas aussi flagrant en Angleterre par exemple, où les musulmans peuvent s'ils le veulent rester un long moment "entre musulmans". Du coup, il n'y a pas la même réflexion. C'est la "transpiration commune" qui permet une nouvelle herméneutique, adaptée au nouveau contexte laïque. Ce travail a été fait par les Chrétiens sur des centaines d'années...

5.Posté par Pompon le 14/11/2010 19:36
Si on suit votre logique, Madame Bouzar, une personne souhaitant travailler dans une crèche et arrivant avec un badge du FN mais très décidée à transmettre les valeurs du "bien vivre ensemble", pourrait le faire sans problème ?
Le voile n'est pas qu'un simple bout de tissu. C'est un signe religieux. Il montre l'appartenance à une idéologie. Exactement comme le ferait le militant du FN qui afficherait son appartenance à la vue de tous en arborant son badge.
On ne peut pas transmettre des valeurs de neutralité en affichant ses préférences. C'est incohérent.
D'autant que le Coran, en plusieurs de ses passages, ne véhicule pas forcément les valeurs du "bien vivre ensemble" (se référer par exemple aux passages concernant les mécréants, les infidèles...).
Et à cet âge, l'enfant est peut être trop petit pour comprendre mais les images s'inscrivent dans son inconscient.
D'autre part, il ne faut pas oublier que dans ces quartiers, il y a beaucoup de femmes voilées, la religion musulmane est très présente. Les crèches et établissements scolaires sont les rares derniers endroits où l'enfant peut se frotter à la neutralité religieuse.
C'est important de conserver ces ilots vierges de tous signes religieux.
Car on sait bien que ce n'est pas dans une famille très attachée à une religion que l'enfant pourra faire l'apprentissage des autres religions, de l'athéisme et ensuite être libre de faire son choix.

4.Posté par Dounia Bouzar le 14/11/2010 19:08
Absolument, c'est pour ça que la bonne question permise par le Code du travail est bien : est-ce que le signe "convictionnel" (lié à la conviction de la personne) entrave ses aptitudes à la mission ? dans votre cas oui, je suis d'accord avec ça.... et non pas : voile ou pas voile.... ou signe religieux ou pas.... Votre exemple est très juste...

3.Posté par madame le 14/11/2010 16:26
Trouvez -vous normal que des femmes travaillant avec des enfants aient des percings sur les sourcils,menton sans oublier tout les tatouages ? certes ça n'a aucun rapport avec le voile mais là aussi on pourrait l'interdire au nom de la bienséance car je trouve choquantes ses modes sans compter les vernis noirs ,les grosses croix et points hindous!

2.Posté par Dounia Bouzar le 14/11/2010 15:04
Bonjour Palisade,
Alors, par "toutes les visions du monde sont égales", j'entendais tout simplement qu'il ne fallait plus être de la religion du roi pour être sujet du roi. Autrement dit, je faisais allusion à tous les citoyens qui se sont battus et mis autour d'une place pour faire cette fameuse loi de laïcité, que ce soit pour les autres croyants ou pour les non croyants. Mais je suis d'accord avec vous, il ne s'agit pas de visions du monde "philosophiques" ou "idéologiques" ou "traditionnalistes" qui entraveraient les principes fondamentaux de la Constitution française et du droit européen. Or justement, l'égalité de l'homme et de la femme font aussi partie des droits fondamentaux, comme la liberté de conviction. Mais l'un ne prévaut pas sur l'autre. Ils doivent se respecter mutuellement. Une pratique religieuse ne doit pas entraver les autres principes fondamentaux des constitutions et du droit européen, cela fait partie des critères de gestion. C'est ainsi qu'au Canada, les tribunaux empêchent maintenant les hommes de divorcer civilement tant qu'ils n'ont pas rendu leur "guess" à leur femme, c'est à dire le droit de se remarier selon la religion. Jusque là, un juif pratiquant, selon la règle juive, pouvait divorcer sans permettre à sa femme de se remarier. Ce n'est plus possible. S'il veut être divorcé civilement, sa femme doit pouvoir être libre de se remarier et le juge civil le vérifie. Sinon il ne libère pas le mari. Voici un exemple où deux droits fondamentaux se sont affrontés, et où le juge a imposé à la pratique religieuse d'être compatible avec le droit fondamental de l'égalité des sexes.
Mais pour notre affaire de crèche, il ne s'agit pas, dans ce cas précis, d'une femme dont le droit à l'égalité n'est pas respectée. Il s'agit d'une femme autonome, adulte, directrice adjointe de la crèche, pour qui le port du foulard fait partie de sa pratique, ni plus ni moins. On pourrait poser la question autrement s'il s'agissait d'une situation où la protagoniste serait visiblement sous la soumission d'un homme qui ne respecterait donc pas un de ses droits fondamentaux à elle... Mais ici ce n'est pas le cas. C'est d'ailleurs pour cette raison que toutes les situations s'évaluent cas par cas, selon le droit actuel.

Sur l'autre versant de vos commentaires, je pense qu'il faudrait à présent éduquer tous les enfants au respect des autres visions du monde, au sens des autres religions ou de l'athéisme. Parce que le rapport de force existe, c'est vrai, parce que justement les individus ne connaissent pas les critères de ce qui est permis ou pas. DU coup, si vous êtes dans un service où prédominent des salariés qui ne supportent pas la religion, vous êtes harcelé juste parce que vous refusez de boire l'apéro. Et si vous êtes dans un service où un prédominance de salariés sont musulmans, vous êtes harcelé si vous osez boire un café fumant à moins de 200 mètres en plein ramadan. Tout cela ne respecte pas la philosophie de la loi de 1905. ni le Code du travail d'ailleurs, tout simplement, dans un sens ou dans l'autre.
Voilà ce que je peux dire en réaction à vos commentaires...
Bien à vous

1.Posté par Palissade le 14/11/2010 14:15
Je suis parfaitement d'accord sur le principe. Mais le problème réside dans l'évaluation de la neutralité. Le prosélytisme est ainsi fait qu'il profitera de cet espace de tolérance pour se poursuivre en toute impunité. Les réticences des responsables à entreprendre un licenciement pour ce motif avec les risques de poursuite et de condamnation devant les prud'hommes reviendra à une acceptation tacite du prosélytisme.

Non. Etre laïque, c'est empêcher que toutes les visions du monde ne viennent remettre en cause les principes fondamentaux de notre république en limitant leurs portées. Pour résumer: bienvenue dans la sphère privée et exclue de la sphère publique.

Non. Toutes les visions du monde ne sont pas égales. Celle dans laquelle l'homme est supérieur à la femme, le croyant est supérieur à l'infidèle, ... ne me semble pas relever d'une "préférence" et n'est en rien une alternative acceptable au regard des valeurs portées par notre société laïque et égalitaire.

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Ancienne éducatrice, docteur en anthropologie, expert européen sur les discriminations, Dounia Bouzar est l’auteure de plusieurs ouvrages liés à des enquêtes de terrain s’intéressant aux musulmans.

Dernière parution : Laïcité, mode d’emploi (Éd. Eyrolles, 2010), explicitant les repères légaux, historiques et psychologiques qui permettent de gérer la diversité religieuse et de mettre en œuvre le principe de laïcité dans les services publics et les entreprises.

Pour Saphirnews, Dounia Bouzar reprend ces situations tirées de son ouvrage, mais ici du point de vue de l’usager ou du salarié.
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