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Psycho

Youssef : « Je souhaite être seul et rester seul »

Rédigé par Lalla Chams En Nour | Samedi 31 Juillet 2010 à 04:38

           


Youssef : « Je souhaite être seul et rester seul »
Je lis votre rubrique régulièrement. Je suis content de voir qu’une approche psychologique musulmane est menée sur les problèmes de foi touchant la vie courante des musulmans. De ce fait, chacun de vos sujets traités m’intéresse. Je m’y retrouve parfois et éprouve de la compassion pour d’autres.

Qu’Allah nous protège, vous facilite votre mission et qu’Il vous gratifie de Ses bienfaits ici bas et dans l’Au-delà. Amin.

Je suis malade... Une maladie intérieure... Je souhaite que tout se termine.

Concernant ma personne, j’ai 32 ans. Pas marié, pas d’enfant, pas de travail, pas d’objectif, pas d’envie, pas de courage, pas de volonté, pas de tawakul, pas d’ihsane, pas de taqwa et je me demande si j’ai encore une imân... Je ne veux plus rien, si ce n’est que tout se termine. Je n’irai pas au suicide parce que je ne suis ni courageux ni lâche. Un homme a répondu à un autre à propos du courage de se suicider : « Ce n’est pas du courage mais de la lâcheté face aux épreuves de la vie. »

J’avais des rêves étant jeune : être un bon musulman, honnête, sincère, respectueux, franc, serviable et tout cela pour Allah. Fonder une famille musulmane avec une épouse muhtajibah et donner naissance à des enfants auxquels j’apprendrais principalement l’islam. Parce que l’islam est TOUT et sans Islam, il n’y a rien...

Je faisais quelques bêtises jusqu’à ma majorité al hamdulillah et ma prise de conscience véritable, par la Grâce d’Allah azza wa jal. Je pensais être cleptomane jeune, puis Allah Ta’ala m’a donné la force d’arrêter. Je vivais d’argent illicite jusqu’au jour où Allah me fasse haïr les gains interdits.

J’ai obtenu un diplôme valorisant (alors que je voulais échouer parce que je ne savais quoi en faire). J’ai progressé professionnellement jusqu’à décrocher un poste d’encadrement à responsabilité (alors que je ne souhaitais pas de responsabilité mais ce fut la décision de mes supérieurs). Al hamdoulillah ‘ala kouli hal, Allah m’a toujours comblé de ses bienfaits même lorsque je n’en voulais pas. J’ai acquis des situations qui auraient fait le bonheur de tous mes amis ou d’une quelconque personne alors qu’elles étaient pour moi un fardeau. Je n’en voulais pas. Je ne m’y sentais pas à ma place. Je ne m’en sentais pas les compétences.

Puis j’ai tout abandonné. Depuis, je chute... Je suis passé d’un salaire avoisinant le cumul de trois SMIC au chômage puis à plus rien... L’argent que je gagnais, je le redistribuais. Pour moi, c’était un don de la part d’Allah. Je n’ai jamais eu envie d’amonceler des biens en abondance. Je n’ai ni voiture, ni appartement ni compte d’épargne... Chaque chose que j’ai entreprise ou ai tenté d’entreprendre se définit par un abandon de ma part... Le moindre effort n’a de résultante que l’abandonm aussi intense soit-il.

Depuis que je suis tout petit, les gens pensent et disent de moi que je suis quelqu’un de bien. Je suis assez doué pour donner des conseils, orienter, prévenir. J’ai toujours été prévenant, serviable, parfois à mes dépens parce que j’espérais la récompense ailleurs inchaAllah... Je sais qu’une partie de moi est bonne mais je sais qu’une autre partie est mauvaise. Et c’est cette partie de moi qui est ce que je suis au jour d’aujourd’hui. Mais comme toute chose, l’avis des gens s’estompe avec le temps et maintenant je suis « l’incompris » pour mon silence, mon absence, mon évolution (au jama’, aux réunions d’amis, aux festivités)...

Je n’ai pas d’amis proches. Ou ceux qui ont voulu l’être je m’en suis éloigné. Je souhaite être seul et rester seul. Je ne peux rien apporter à personne et je ne ressens plus le besoin de vivre avec les autres.

J’ai eu plusieurs propositions de demande en mariage. Je ne me sentais pas prêt à assumer. Puis le jour où je me suis dit « A’oudhou bilahi, lance-toi ! », les personnes qui se proposaient étaient à l’instant même sur le point de s’engager. Cela m’est arrivé par cinq fois.

Lalla Chams en Nour, psychanalyste

Cher Youssef,

Tout d’abord, je souhaite vous remercier de votre longue lettre et de votre confiance. Je ne sais pas si je pourrais répondre à toutes vos interrogations, que je n’ai pas pu reproduire dans leur intégralité, car la lecture complète de votre lettre demande sans doute trop de temps pour nos amis internautes, et qu’il m’est impossible de répondre par écrit à vos nombreuses questions.

Mais je vais essayer de tirer de votre courrier quelque chose qui peut vous aider vous et aussi ceux qui nous lisent et partagent vos interrogations.

Comme vous le dites en début de lettre, cela fait du bien de partager les témoignages des autres, c’est pourquoi je vous réponds ici mais en prenant le soin de préserver votre anonymat.

Justement, votre texte tourne autour du découragement, du manque de confiance en vous, de l’absence de projet, si ce n’est celui d’en finir avec la vie, acte interdit par Allah, comme vous le dites, et je sais donc que votre foi sincère vous empêchera de commettre cette erreur.

Les exemples que vous prenez montrent que vous êtes dans une période de déprime et qu’il serait plus prudent de vous faire aider à plus long terme. Parfois, quand on se sent enfermé dans un cercle vicieux, et que l’on recommence toujours les mêmes erreurs, il vaut mieux avoir recours à un tiers, plus objectif et dont l’expérience peut vous être utile.

Ni les amis ni la famille ne peuvent vous aider à faire ce que recommande aussi le célèbre hadith : « Qui se connaît soi-même connaît son Seigneur. » Il me semble important que vous appliquiez justement ce que demande le Prophète – paix et salut sur lui – quand il précise que le grand jihad se mène contre soi-même.

Contre le découragement, par exemple. Ce découragement qui vous donne des idées noires a certainement sa racine quelque part dans votre passé et c’est de cela dont il faudrait parler avec un thérapeute, pour vous libérer et vous permettre de déployer vos dons, vos capacités de service du Vivant, car c’est cela aussi la tâche de l’homme sur la Terre : se mettre à Son service.

Pour cela, il est utile d’avoir tous ses moyens, c’est sans doute un geste d’amour pour Lui que de vouloir échapper aux murmures du Décourageur en soi…

Vous semblez vous tourmenter pour des questions qui ont une importance parfois secondaire. L’hypocrisie, c’est trahir la parole du cœur, c’est simple. Si vous ne sentez plus parler votre cœur, c’est que vous êtes déconnecté de votre intuition profonde. C’est là où pourrait intervenir un thérapeute, car il s’agit là d’un problème psychologique, dont il est tout à fait possible de sortir.

Je suis consciente qu’une réponse comme celle-ci ne peut suffire à vous aider, mais j’espère qu’elle pourra contribuer à vous redonner le courage de faire quelque chose pour vous. Plus vous vous sentirez en harmonie avec vous-même, plus vous pourrez respecter les recommandations divines du Coran, pensez-y.

Vous pouvez aussi lire ou relire Ibn Ata Allah, Sagesses, ou encore Abd er Rahmane Sulami, Les Guérisons de l’âme, vous devriez y trouver quelques réponses.

N’oubliez pas que le Coran exhorte les hommes à endurer l’épreuve, car Il est Miséricordieux. Cela devrait vous aider à ne jamais perdre espoir.

Une dernière chose : je trouve votre projet de voyage à La Mecque en vélo une superbe idée, surtout si vous y invitez votre mère à vous rejoindre. Dieu peut vous y éclairer et vous guider.

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme » , mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
Contactez-les (anonymat préservé) : psycho@saphirnews.com




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par samira le 16/12/2010 20:41 | Alerter
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Salam ou Aleykoum, cher youssef je tenais à te dire que ta lettre est extrêmement touchante... Je rejoins l'avis de la thérapute...je pense que dans le fond tu veux et peux t'en sortir...le tout est d'apprendre à t'écouter, d'arrêter de tourmenter...Pour en revenir à tes projets, il me semble que la solution est certes dans le recueil, essentiellement dans la foi...mais n'est sûrement pas en étant seul, car le bonheur est fait pour être partagé...en couple, là n'est pas la question. Mais avec les tiens, avec les gens que t'aime ou du moins qui t'aime...
ALLAH Y SAHEL ALIK... qu'ALLAH éclaire et guide ton chemin

2.Posté par Ibtihaj Mamy Betty le 29/01/2011 01:24 | Alerter
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Allah te guide incha'allah.et je suis sure que ça va aller mieux bi idni llah ..

3.Posté par Maria le 29/01/2011 02:40 | Alerter
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Salam Youssef,

Je viens de tomber sur ton témoignage, et je voudrais partager mon expérience avec toi.
J'ai un frère dans le même cas que toi. Il a souffert en silence pendant 25 ans, ne pouvant mettre de mots sur son mal être. jusqu'au jour où il a essayé de mettre fin à ces jours, el hamdoulilah pour lui, ce n'était pas son heure. Il était au point de l''internement psychiatrique. Allah (SWT) lui a mis sur le chemin un ancien ami qui lui a proposé une hijama, plusieurs roquia, du sport. Ne néglige pas que le "ghaib" existe :-) Aujourd'hui mon frère va beaucoup mieux elhamdoulilah et arrive à mettre des mots sur son mal être. Tu as su écrire, trouve maintenant quelqu'un de confiance avec qui tu peux parler et partager tes craintes. Allah i chafik

4.Posté par Renaud COLLARD le 20/04/2011 21:39 | Alerter
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Youssef, ... 32 ans: "Je désire être seul et rester seul..."
...
POURQUOI PAS! Quand un animal est blessé, il se retire dans sa tanière pour lècher, soigner ses plaies; se revigorer.

Quand on se retire du monde pour se retrouver; on apprend beaucoup sur les autres et la société. Cela permet de faire le point et mieux vivre les petites choses de la vie....

Après, le regard d'un passant, une rencontre faite par hasard, peut enfin, prendre une telle valeur, que les mots n'ont plus le même poids.

Je cherchais des articles sur la solitude (j'ai 44 ans et vit seul depuis près de vingt ans; je suis célibataire et sans enfant et n'ai jamais eu le fruit de mon travail, ni même de par mes études).

Je trouve de grandes richesses dans la lecture et je suis au milieu du bouquin de Jacqueline Kelen "L'esprit de solitude" ed. Albin Michel 2005, Spiritualités.
Je te le recommande, c'est une sorte d'"essai" écrit par cette philosophe.

Je ne pouvais passer à côté de ton témoignage.
Cordialement, un internaute sensibilisé par ce genre d'existence.

5.Posté par sarah le 06/10/2011 15:41 | Alerter
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Salem Aleykoum,

J'ai lu ton message, et à travers celui ci j'avais l'impression de me retrouver. Donc je vais essayer de t'apporter un peu mon aide mm si je trouve que la psy a donné pas mal de bons conseils a suivre..Tu sais on avais beau me dire aller courage, essaie de te rapprocher de Rebi, patiente, ..j'avais quand mm du mal..En effet, c'est un combat que tu mènes contre toi, et comme je dis toujours, ce n'est pas la vie qui me fait peur, c plus mon nafs..Il est assez fort et j'avoue qu'il est épuisant..Des fois, tu as envie de tout envoyer en l'air et basta..ms c la solution de facilité, tout comme le suicide c'est tellement lâche face aux épreuves de la vie...d'ailleurs il faut savoir que si Dieu nous éprouve, c'est qu'il nous aime et veut voir notre endurance, c'est pour ça que l'on dit la patience est une vertu en Islam..Et si l'on se rappel des prophètes ( paix à leurs âmes) qui ont enduré tant de souffrances, de méchancetés gratuites,...ils ont versé tant de sang, de chagrin et autres..alors que nous c de la nioniottes à coté, on a pas le droit de baisser les bras..il faut se relever car à chaque chutes on apprend, ms il faut avoir la niac de vouloir se battre contre soit mm, de se maîtriser..et quand tu arrives a être maître de toi mm, je te promet que c'est une belle fierté..bref tu me diras tt ça c'est des belles paroles, mais moi je sais que quand, j’étais face à des gens qui avaient moins que moi aussi bien au niveau santé, argent, ou autres et ben je prenai...  


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