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Cinéma, DVD

Wajib, L'invitation au mariage : retrouvailles en Palestine sous le signe du devoir filial et social

Rédigé par | Mercredi 31 Janvier 2018 à 13:00

           


Wajib, L'invitation au mariage : retrouvailles en Palestine sous le signe du devoir filial et social
Avec Wajib, c'est une plongée dans les codes culturels palestiniens, eux-mêmes ancrés dans de vieilles traditions arabes, que le spectateur est invité à faire. Le film suit les traces, sur une journée, d’un père et de son fils faisant ensemble le tour des maisons de Nazareth pour distribuer en mains propres des invitations au mariage de la fille et sœur des protagonistes principaux.

Wajib, L'invitation au mariage, désigné comme coup de cœur par le Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (PCMMO), a enchanté le public de L’Ecran, cinéma indépendant de Saint-Denis où a eu lieu la projection de cette avant-première le 17 janvier en présence même de la Palestinienne Annemarie Jacir, réalisatrice de son premier long-métrage Le sel de la mer en 2008.

Père et fils à la vie comme à l'écran

Avec Wajib, le spectateur est invité à regarder une chronique familiale alliant les talents du grand acteur Mohammad Bakri (Abu Shadi) et de Saleh (alias Shadi, qui a également joué dans Le sel de la mer), père et fils à la vie comme à l'écran. Le premier, divorcé, n’a jamais quitté la Palestine et s’apprête à vivre seul après le mariage de sa fille ; le second revient d'Italie spécialement pour l’occasion qui implique nécessairement plusieurs devoirs. Celui du fils d’aider son père dans la distribution des faire-part ; celui de donner de la main à la main les invitations, sans possibilité de déléguer cette tâche ; celui du père de convier des personnes à la fête même si leur présence n’est pas forcément souhaitée ou s'il sait qu’elles ne pourront pas venir ; celui de s'adapter au contexte pour espérer vivre le plus dignement possible… C’est pour donner corps à ce concept que le titre du film Wajib, qui signifie « devoir » en arabe, a été volontairement laissé tel quel.

Le tour des maisons qu’implique la distribution des invitations est l'occasion entre père et fils d’entamer des dialogues qui révèlent des incompréhensions telles qu'elles engagent des disputes sur des choix de vie de Shadi comme celui de vivre avec une femme qui n'est pas de son cercle familiale à Nazareth, de surcroît interdite de retour en Palestine ; autour de la perception de l'ex-épouse et mère (accusée par Abu Shadi d'avoir lâchement abandonné sa famille, louée par son fils pour avoir eu le courage de prendre son destin en main) ; ou encore sur la vision que chacun se fait des relations à avoir avec les Israéliens.

Une réalité dépeinte sous le prisme du quotidien

En effet, tandis qu’Abu Shadi s’est résolu à s'adapter dans ce contexte au point d’intégrer le « besoin » de garder de bonnes relations avec des Israéliens dans sa vie, son fils, à la conscience politique plus développée (source de son exil en Europe), s’y refuse. Les relations israélo-palestiniennes sont ainsi abordées avec finesse dans Wajib, qui met en perspective ce qu'est d'être Palestinien à Nazareth, dans l'actuel Israël. Une minorité qui a préféré rester sur ses terres plutôt que de s’en aller pour mener une vie de réfugiés. Quitte à devoir prendre des papiers d’identité israéliens qui n’impliquent pas pour autant l’égalité de droits avec les Israéliens.

Annemarie Jacir a eu des doutes mais ne s’est pas trompée : l’alchimie entre Mohammad Bakri et son fils fonctionne à merveille. C’est pourtant bien la première fois que ce duo d’acteurs travaille ensemble dans un long-métrage qui dispose d’un très bel atout charme : ses nombreuses scènes comiques qui reflètent avec justesse une autre dimension de la réalité, celle du quotidien, jamais totalement noir même pour les Palestiniens. En salles dès le 14 février en France.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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