Sur le vif

Viols en Centrafrique : les témoignages choc des enfants

Rédigé par La Rédaction | Lundi 4 Mai 2015 à 16:45



L’annonce avait fait froid dans le dos. A peine les accusations d'abus sexuels sur mineurs centrafricains par des militaires français médiatisée le 29 avril par The Guardian qu'au moins 14 personnes seraient impliquées, selon une source judiciaire française. Si aucune mise en examen n'a eu lieu (tous les soldats n'ayant pas été identifiés), l'investigation se poursuit à l'aide de témoignages des petites victimes.

Le JDD a réussi à se procurer le contenu du rapport de l'ONU avec les témoignages des enfants. On y trouve six témoignages de mineurs âgés de 8 à 13 ans, vivant dans le camp de M'Poko, à Bangui, où sont déployés des hommes de la force Sangaris.

Tous racontent avoir été obligés d'accepter des pratiques sexuelles, en échange de nourriture, voire même d'un peu d'argent. Les faits auraient été commis sur une dizaine d'enfants au total, sur le site de l'aéroport de M'Poko, entre décembre 2013 et mai 2014.

Les détails fournis par les enfants interpellent tant ils sont précis, tout d’abord en ce qui concerne les caractéristiques physiques des militaires incriminés. « L'un est skinhead, cheveux ras, secs, l'autre est créole, un troisième a un tatouage de serpent sur le haut de la main », raconte par exemple un des garçonnets. D’autres enfants livrent « un surnom militaire », un autre donne même « une date précise et un horaire et situe avec exactitude l'endroit » où il a été confronté à deux soldats français qui lui ont demandé certaines faveurs. « On avait faim, c'est pour cela qu'on l'a fait », raconte un des enfants aux enquêteurs. Traumatisé, le garçon a dû interrompre son interrogatoire, selon le rapport rédigé par l'ONU.

« Le document contient les interviews de six enfants. Certains ont subi des sévices sexuels, certains des viols et d'autres racontent qu'ils ont été témoins de viols commis sur leurs camarades. On peut dénombrer une dizaine d'enfants victimes de ces actes », a déclaré au Point la directrice de l’ONG AIDS-Free World, Paula Donovan, qui a pu consulter le rapport qu’elle a transmis au Guardian. « La plupart vivaient dans la rue et étaient affamés. Quand ils ont vu les soldats français, ils sont allés à leur rencontre pour leur demander à manger et à boire. Les militaires leur disaient : "Tu auras à manger contre du sexe." »

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a eu des mots très durs. Il a invité les présumés coupables à se dénoncer. « Si quelqu'un a sali le drapeau, parce que c'est de cela qu'il s'agit, il faut qu'il le dise dès à présent, car cela revient à trahir ses camarades, l'image de la France et la mission des armées », a-t-il déclaré au JDD, dimanche 3 mai. Sur dénonciation du ministère de la Défense, une enquête préliminaire pour « viols sur mineurs de 15 ans » avait déjà été ouverte par le parquet de Paris dès le 31 juillet.

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