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Monde

Vaccins Covid-19, halal ou casher ? Les instances musulmanes et juives au front pour rassurer les fidèles

Rédigé par Myriam Attaf et Hanan Ben Rhouma | Mercredi 13 Janvier 2021 à 18:15

           

Alors que les campagnes de vaccination contre le coronavirus se déploient à travers le monde, des communautés musulmanes et juives s’interrogent sur la composition du traitement et, en conséquence, sa licéité. Si cette préoccupation peut prêter à sourire face à une crise sanitaire aux conséquences sans précédent, elle a poussé les instances religieuses à engager leur responsabilité pour rassurer leurs publics et ainsi contribuer à leur échelle à mettre fin à la pandémie.



Les campagnes de vaccination contre la Covid-19 se déploient à travers le monde. © LizMz/Pixabay
Les campagnes de vaccination contre la Covid-19 se déploient à travers le monde. © LizMz/Pixabay
C'est une question qui agitent de nombreux croyants juifs et musulmans à travers le monde : le vaccin contre le nouveau coronavirus contient-il des composants « illicites » comme la gélatine de porc, très utilisée en tant que stabilisant, auquel cas son administration serait impossible ? Cette question peut sembler anecdotique au regard de l'ampleur de la crise sanitaire mais, comme à chaque sortie d'un vaccin, elle préoccupe une partie des populations juives et musulmanes.

En réponse, les laboratoires Pfizer, AstraZeneca et Moderna ont assuré à l'agence AP que leur traitement ne contient pas de gélatine de porc. Des instances religieuses, autant musulmanes que juives, leur ont emboîté le pas pour rassurer les fidèles.

En Indonésie, où la campagne de vaccination massive contre la Covid-19 a débuté mercredi 13 janvier, le Conseil des oulémas (MUI) a certifié, vendredi 8 janvier, le vaccin du laboratoire chinois Sinovac « halal ». Son avis, très attendu, permet ainsi à la campagne de vaccination de se déployer plus aisément auprès des deux tiers des 270 millions d'habitants visés par les autorités d'ici à 15 mois. Pour donner l'exemple, le président Joko Widodo a été le premier Indonésien à se faire administrer le vaccin qui, par ailleurs, sera gratuit pour tous. « Il n'y aura aucune raison pour les gens de ne pas se faire vacciner ou de douter de la sûreté de ce vaccin », avait-il assuré en décembre 2020.

Traiter une urgence sanitaire avant tout

En Malaise, le gouvernement a fait savoir mi-décembre 2020 que l'absence d'une certification halal pour le vaccin contre la Covid-19 ne freinera pas le plan de vaccination, selon les mots du directeur général du ministère de la Santé, Noor Hisham. « S'ils peuvent obtenir la certification halal, ce serait mieux, mais nous n'enregistrons pas un médicament sur la base d'un statut halal ou non. Nous enregistrons aussi des médicaments non halal », dès lors qu'il est jugé sûr, a-t-il déclaré au quotidien malaisien Straits Times.

Les autorités religieuses du pays ont abondé dans son sens en déclarant le 23 décembre que l'administration du vaccin contre la Covid-19 est autorisée, voire même obligatoire pour certains groupes de personnes, invoquant la haute menace que constitue le nouveau coronavirus contre la vie humaine, « Je voudrais appeler tous les Malaisiens, en particulier les musulmans, à adhérer à la décision prise par le comité sur l'utilisation du vaccin contre la Covid-19 et à faire pleinement confiance au gouvernement pour aider à freiner la propagation de la pandémie », a fait part Zulkifli Mohamad Al-Bakri, le ministre des Affaires religieuses.

Quand le caractère sacré de la vie est invoqué

Cette décision est intervenue au lendemain d'un avis religieux émis le 22 décembre par le Conseil de la fatwa des Emirats arabes unis, qui a été saisi d'une demande d'avis consultatif adressée par le ministre malaisien des Affaires religieuses concernant le recours au vaccin contre le Covid-19. L'instance ont ainsi accordé leur feu vert au vaccin, quel qu'il soit, même dans le cas où ce dernier contiendrait des « ingrédients non halal », « dans le cas où il n’existe pas d’autre solution ».

« La vaccination contre le coronavirus est classée, comme le recommande l'islam, dans la catégorie des traitements préventifs pour les individus, en particulier en période de pandémie, lorsque les personnes en bonne santé sont sujettes aux infections en raison du risque élevé de contracter la maladie, posant donc un risque pour l'ensemble de la société », a expliqué le Conseil de la fatwa, présidé par le cheikh Abdullah Bin Bayyah. Ce dernier a, par ailleurs, reçu, lundi 4 janvier, une première dose du vaccin dans une région où la campagne de vaccination a débuté dès le 17 décembre en Arabie Saoudite et le 23 décembre aux Emirats ainsi qu'au Qatar.

Vaccins Covid-19, halal ou casher ? Les instances musulmanes et juives au front pour rassurer les fidèles
Avant les Emirats, les autorités religieuses singapouriennes ont invoqué le devoir sacré de protéger la vie humaine, et ont rappeler que les vaccins sont des traitements encouragés en islam. Dans une fatwa publiée le 13 décembre, le Conseil religieux islamique (MUIS) a invoqué le devoir sacré de protéger la vie humaine, et a rappelé que les vaccins sont des traitements encouragés par la loi islamique.

« La jurisprudence islamique accorde une grande importance au caractère sacré et à la sécurité de la vie humaine ainsi qu'à la protection des moyens de subsistance. En conséquence, les efforts visant à protéger la vie humaine contre toute forme de danger et de préjudice, comme le développement de vaccins, sont fortement encouragés par l'islam. », rappelle-t-on.

« Les objectifs de l'introduction d'un vaccin contre la Covid-19 et leur processus de production en général sont largement conformes aux principes et aux valeurs islamiques établis. Nous conseillons et encourageons les musulmans à se faire vacciner dès que le médicament sera disponible et qu'il aura été médicalement autorisé », affirme le MUIS. « Jusqu'à présent, les vaccins en cours de développement et/ou d'essais ne s'écartent pas de ces considérations. Nous sommes donc d'avis qu'un vaccin contre la Covid-19 est autorisé à l'usage pour les musulmans. »

En Grande-Bretagne, permission accordée

En Occident, des organisations religieuses se sont aussi mobilisées pour rassurer leurs communautés respectives. Si, en France, les organisations religieuses n'ont pas senti le besoin de se prononcer sur la question de la licéité du vaccin, c'est davantage le cas en Grande-Bretagne. L’Association médicale islamique (BIMA) a émis une recommandation favorable à l’utilisation du vaccin Pfizer, même si elle indique que sa position peut évoluer selon l'évolution des connaissances.

« Après discussion avec des experts, nous recommandons le vaccin contre la Covid-19 de Pfizer/BioNTech pour les personnes à risque admissibles au sein de la communauté musulmane. Les personnes devraient prendre ce vaccin sur les conseils de leur médecin après avoir obtenu leur consentement éclairé, afin de protéger ces groupes spécifiques d'un risque probable et considérable de préjudice dû à l'infection par Covid-19, qui sera probablement plus important que tout préjudice lié à la prise de ce vaccin », a-t-elle préconisé le 6 décembre, quelques jours après l'autorisation du vaccin rendue par l'agence britannique du médicament (MHRA).

« Nous réexaminerons continuellement cette recommandation au fur et à mesure que de nouvelles informations seront disponibles. (...) Malgré le développement des vaccins, la vigilance constante s'agissant du port des masques, de la distanciation sociale et de l'hygiène des mains restent primordiales et très efficaces pour faire face à cette pandémie », a précisé BIMA. Celle-ci a rendu un avis similaire le 10 janvier pour le vaccin AstraZeneca, déployé le 4 janvier au Royaume-Uni.

Face aux questionnements de certains musulmans quant aux ingrédients, des imams œuvrant pour Islamic Portal, un site de fatwas installé en Grande-Bretagne, ont assuré, sur la base d'informations transmises par la MHRA, que les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna sont « halal » du fait qu'ils ne contiennent « aucun composant d’origine animale ».

Quant au vaccin AstraZeneca, il est permis quand bien même il contient « une quantité négligeable » d'alcool (éthanol) car il est « complètement transformé sans aucun effet enivrant restant ». « Néanmoins, si l'on a le choix d'utiliser un vaccin alternatif approuvé qui n'est pas développé de cette manière tout en étant sûr, ce serait l'option préférée », précise-t-on. Il est à noter que, pour chacune des trois fatwas, « la décision d'utiliser le vaccin est une décision personnelle que chaque individu doit prendre », recommandant aux personnes de discuter avec les professionnels de santé « pour comprendre les avantages et les risques » des traitements.

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Les juifs aussi encouragés à se faire vacciner par les religieux

En Israël, en dépit de l'opposition farouche de juifs orthodoxes contre les vaccins, la campagne de vaccination entamée le 19 décembre bat son plein. En moins d'un mois, quelque deux millions d'israéliens, principalement parmi les plus de 60 ans ont reçu une première injection du vaccin Pfizer/BioNTech, selon RTL. En comparaison, seules 250 000 personnes ont été vaccinées à ce jour en France depuis le début de la campagne le 27 décembre.

Outre-Atlantique, des Américains de confession juive se sont aussi interrogés sur la composition du médicament et sa validité religieuse. Face à ces préoccupations, le Conseil rabbinique des Etats-Unis a délivré mi-décembre dans un guide sur le vaccin contre le nouveau coronavirus une recommandation favorable à une vaccination, rappelant à l’instar de nombreux cadres religieux musulmans, que la santé est une priorité.

« La halacha (les lois juives, ndlr) nous oblige à prendre soin de notre propre santé et à protéger les autres du mal et de la maladie. En outre, la halacha nous enjoint de nous en remettre au consensus des experts médicaux pour déterminer et prescrire les réponses médicales appropriées tant pour traiter que pour prévenir la maladie », affirme le conseil avant de rappeler les bienfaits de la vaccination.

« Il existe depuis longtemps un consensus presque uniforme parmi les principaux experts médicaux sur le fait que les vaccins sont un moyen efficace et responsable de protéger la vie et de faire progresser la santé. Depuis plus de 200 ans, les vaccinations ont permis de réduire considérablement de nombreuses maladies terribles et d'améliorer considérablement la santé publique dans notre pays et dans le monde entier. C'est pourquoi le consensus de nos principaux poskim (décrets halakhiques) est de nous encourager à utiliser les vaccinations pour nous protéger et protéger les autres de la maladie. »

Avec ou sans ingrédients « illicites », et au-delà des communautés juives et musulmans, la vaccination fait débat comme en témoigne la forte hésitation vaccinale en France. Pour le pape François, qui s’est fait vacciner mercredi 13 janvier, « d'un point de vue éthique, tout le monde devrait se faire vacciner ». « C'est une option éthique. Parce que tu joues avec ta santé, tu joues avec ta vie, mais tu joues aussi avec la vie des autres », a-t-il affirmé, allant jusqu’à déclarer qu’« il y a un sur ce sujet un négationnisme suicidaire que je ne saurais expliquer ».

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1.Posté par Sara b le 20/02/2021 12:22 | Alerter
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SALAMALIKOUM explique nou si vous le pouvez comment moi Musulmane pratiquante je serais daccord de me faire vacciner avec astrazenica quand je vois la composition du vaccin :Adenovirus de Chimpanzé rein embryonnaire humain et selon BBC cellules d'embryon humain avorté ?
Merci par avance


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