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Sur le vif

Un imam, accusé d’être un passeur de migrants, condamné à deux ans de prison ferme

Rédigé par Lina Farelli | Jeudi 6 Juin 2019 à 12:33

           


Le tribunal de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a condamné, lundi 3 juin, un imam d'une mosquée de Petit-Couronne, dans la banlieue de Rouen, à trois ans d’emprisonnement dont un an de sursis et à une interdiction de séjour dans le Nord et le Pas-de-Calais pendant cinq ans.

L’homme, un réfugié politique iranien de 39 ans, a plaidé coupable de vente de bateaux pneumatiques qui auraient permis à des migrants de traverser la Manche et de rejoindre la Grande-Bretagne. Un fidèle de la mosquée, considéré comme complice de l'imam, a écopé d’une peine de 18 mois de prison dont neuf avec sursis et une interdiction de séjour dans les mêmes départements pendant trois ans.

Dans la nuit du 27 au 28 mars dernier, des gendarmes ont découvert un bateau pneumatique échouée, des gilets de sauvetage et des vêtements mouillés sur la plage d’Escalles, dans le Pas-de-Calais. L’immatriculation du bateau a permis aux gendarmes de retrouver son propriétaire, qui a déclaré avoir vendu cette embarcation à un homme quelques jours plus tôt.

Grâce à l’analyse des relevés téléphoniques et à des opérations de filature, l’homme a été localisé à Petit-Couronne. La perquisition de son domicile a permis de retrouver deux autres bateaux, trois moteurs et une vingtaine de gilets de sauvetage. Il a été aussitôt placé en garde à vue avec son complice, arrêté dans la foulée. Au total, les deux hommes ont acheté sept bateaux entre le 27 décembre 2018 et le 30 avril 2019.

Tous deux ont reconnu les faits, en clamant avoir agi pour le compte d’une troisième personne que les enquêteurs n’ont jamais identifié. Ils ont également soutenu qu’ils n’avaient appris que tardivement les réels usages des bateaux à des fins migratoires. « Quand j’ai su, j’ai pensé aux enfants à bord, et je me suis dit qu’il y aurait pu y avoir des morts. J’étais effondré », a déclaré le fidèle devant la cour.

Le parquet, pointant « la mauvaise foi » des prévenus, a estimé que ces explications ne tiennent pas la route, car « les écoutes téléphoniques et la géolocalisation montrent que (l’imam) se déplaçait régulièrement (…) à proximité des plages où ont été découverts des bateaux et des migrants ». L’imam avait aussi affirmé que le coût du voyage lui rapportait 1 300 euros alors que des migrants appelés à témoigner à la barre ont indiqué que le trafic pouvait atteindre 10 000 euros. A l’annonce du verdict, il s’est effondré. Le tribunal a ordonné son incarcération immédiate.

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