Société

Un ancien marine dénonce des massacres d’innocents en Irak et demande l’asile au Canada

Rédigé par Mom Nicolas | Mercredi 8 Décembre 2004 à 00:00

À sa deuxième journée d'audience devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du canada, Jeremy Hinzman, un déserteur de l'armée américaine qui demande l'asile politique au Canada, a fait témoigner un ancien Marine qui a affirmé que l'armée américaine tuait des civils innocents en Iraq.



À sa deuxième journée d'audience devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du canada, Jeremy Hinzman, un déserteur de l'armée américaine qui demande l'asile politique au Canada, a fait témoigner un ancien Marine qui a affirmé que l'armée américaine tuait des civils innocents en Iraq.

Le sergent Jimmy Massey a raconté aux autorités d'immigration chargées du dossier que son unité avait tué plus d'une trentaine de civils irakiens en deux jours. Les événements se seraient déroulés au printemps 2003, alors que ses hommes tenaient un point de contrôle à Bagdad.

À cette époque, par crainte d'un attentat suicide, tout véhicule qui ne s'arrêtait pas après un simple signe de la main ou un tir d'avertissement était mitraillé, a-t-il raconté. Quatre voitures ont ainsi été criblées de balles, mais ses hommes n'y ont découvert que de pauvres innocents lorsqu'ils les ont inspectées.

Il a raconté aussi avoir vu des soldats tuer quatre manifestants non armés, et encore plus le lendemain lors d'une autre opération de contrôle dans la capitale irakienne. « Quand vous ne savez pas qui est l'ennemi, que faites-vous? », a lancé M. Massey.

En proie à une grave dépression et à des symptômes de stress post-traumatiques, il a été démis de ses obligations militaires après 12 ans de service.

Incapable de tuer


Avant le témoignage du sergent Massey, Jeremy Hinzman a expliqué aux membres de la commission qu'après s'être engagé en 2001, il avait réalisé peu à peu qu'il était incapable de tuer un être humain.

Il s'était enrôlé pour une période de quatre ans parce que cela devait lui permettre d'obtenir un diplôme universitaire. Après les attentats du 11 septembre 2001, il s'était battu en Afghanistan par devoir.

Le parachutiste de 26 ans a trouvé refuge au Canada au début de l'année pour échapper à la guerre que les États-Unis ont déclenchée contre l'Iraq, un conflit qu'il juge immoral et illégal. Il demande maintenant le statut de réfugié, et tente de convaincre la Commission que s'il retourne aux États-Unis, il risque d'être persécuté.

La femme de Jeremy Hinzman, Nga Nguyen, 31 ans, demande aussi le statut de réfugiée. Le couple a un fils de 2 ans, et vit à Toronto.

La Commission devra décider si le Canada doit protéger les Hinzman en vertu du droit international et de la personne, en évaluant s'ils encourent des mauvais traitements de la part des États-Unis ou de l'armée américaine.

Le mois dernier, Brian Goodman, qui préside la première de quatre audiences, a statué que M. Hinzman ne pouvait invoquer en preuve l'argument que l'invasion américaine de l'Iraq était illégale. Le déserteur avait alors soutenu que les soldats américains s'étaient rendus coupables de crimes de guerre, et que l'obliger à combattre en Iraq aurait probablement fait de lui un criminel de guerre.

La Commission canadienne doit encore entendre les cas de deux autres déserteurs américains, Brandon Hughey et David Sanders, dans les prochaines semaines.