Société

UOIF et Elections Présidentielles : « rendez-vous samedi 14 avril au soir »

Entretien avec Lhaj Thami Brèze, Président de l'Union des Organisations Islamiques de France

Rédigé par Propos recueillis par Assmaâ Rakho Mom | Jeudi 12 Avril 2007 à 15:54

A la veille du lancement de la 24ème rencontre annuelle des musulmans de France, Saphirnews a choisi de donner la parole au président de l’UOIF, Lhaj Thami Brèze. Elections présidentielles, procès des caricatures, CFCM : les thèmes majeurs relatifs à l’actualité et aux musulmans de France ont été évoqués.



Saphirnews : Comment et pourquoi avez-vous choisi le thème de cette 24ème rencontre des musulmans de France ?

Lhaj Thami Brèze : Le thème s’inscrit dans une atmosphère générale qui domine en France. Il existe une campagne de dénigrement de notre religion, et nous aimerions rappeler à la société son histoire commune avec les musulmans. L’identité française provient d’un mélange et nous appartenons aussi à la nation française. Les musulmans d’aujourd’hui sont les héritiers de gens qui ont servi la France et qui sont morts pour la patrie. Il faut donc leur faire confiance. Nous restons fidèles à nos engagements et souhaitons pratiquer notre religion dans le respect des lois de la République, qui garantit la liberté de culte. Malheureusement, nous constatons que dans l’imaginaire l’islam continue de faire peur.

Pourquoi avoir organisé la rencontre cette année juste avant les élections ?

Lhaj Thami Brèze : La date de la rencontre a été volontairement choisie et arrêtée juste avant les élections. Nous voulons mobiliser au maximum les musulmans et les pousser au vote. Nous souhaitons aussi interpeller les candidats par rapport aux attentes des musulmans. Apparemment, les programmes des candidats ne comportent pas de messages envers la communauté musulmane. Certains vont même jusqu’à associer voile et viol, on parle de mouton dans les baignoires. Tout ceci a un impact sur le vote des musulmans.

En choisissant ce thème, opérez-vous un retour vers la base ?

Lha Thami Brèze : Nous avons toujours maintenu un discours de responsabilisation des musulmans. Nous ne sommes complaisants avec personne, mais nous ne sommes pas non plus des radicaux.

Quels rapports entretenez-vous avec les partis politiques, de gauche comme de droite ?

Lhaj Thami Brèze : Nous maintenons des relations équilibrées avec tout le monde, sans préférence particulière pour aucun parti. Nous ne sommes ni de gauche ni de droite. Nous sommes avec les hommes droits dans tous les partis politiques, avec les gens respectueux et attentifs à nos doléances et essayant d’y apporter des réponses.

Avez-vous prévu d’inviter des politiques ?

Lhaj Thami Brèze : Oui, nous avons invité les trois principaux candidats : Ségolène Royal pour le Parti socialiste, Nicolas Sarkozy pour l’UMP et François Bayrou pour l’UDF. Marie-Georges Buffet, candidate du Parti communiste, a aussi été invitée, compte tenu des relations que nous entretenons avec les villes de Seine-Saint-Denis dirigées par des maires communistes. Pour le moment, les invitations sont lancées, mais nous n’avons toujours pas de réponses positives de la part des candidats.

Appellerez-vous à voter pour un candidat en particulier ?

Lhaj Thami Brèze : Pour le moment nous ne dévoilerons pas notre position. Par contre nous nous réservons pour samedi soir 14 avril, date à laquelle nous ferons part à tous de la position de l’UOIF. Rendez-vous donc samedi : nous tenons à garder la surprise.

Peut-on dire que le CFCM est en panne ?

Lhaj Thami Brèze : Le Conseil français du culte musulman passe par des difficultés. Il n’est pas à la hauteur des attentes de la communauté musulmane et nous en sommes conscients. Mais s’il tombe, ce sera une grande perte. Il faut tout faire pour préserver ce symbole de l’unité du culte musulman. Une réflexion devra être menée afin de le rendre opérationnel et plus efficace.

Y aura-t-il une suite au procès des caricatures ?

Lhaj Thami Brèze : Nous avons enregistré l’appel vendredi 30 mars 2007 et nous attendons la suite. Nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de la procédure, c’est-à-dire à attaquer Charlie Hebdo jusque devant les juridictions européennes. Ce procès a manqué de cohérence. Le juge a bien précisé que la caricature montrant le Prophète Muhammad avec une bombe dans le turban était blessante pour la communauté musulmane, mais il n’y a eu aucune condamnation.