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Tourisme spirituel: Fès lance ses «ziyarates»

Rédigé par lila13@hotmail.co.uk | Mercredi 28 Janvier 2009 à 00:00



Plus qu’une simple destination touristique, Fès est d’abord la capitale spirituelle du Royaume qui fête cette année les 11 siècles de la Quaraouiyine. A elle seule, sa médina incarne toute l’histoire de ce centre spirituel et culturel qui fut et reste encore l’une des plus prestigieuses cités de l’islam. Elle est dotée d’un des plus principaux centres spirituels, la confrérie Tijania, un haut lieu de pèlerinage pour l’ensemble de la communauté répartie dans nombreux pays africains.
En effet, le fondateur de la tariqa, Sidi Ahmed Tijani, repose depuis 1815, année de sa mort, à Fès. Chaque année, la zaouïa attire des milliers de pèlerins de cette ville historique qui est de fait «La Mecque des Tijanites». Ce mausolée constitue un lieu de pèlerinage pour tous les Tijanis du monde (plus de 100 millions de personnes). Un potentiel important pour le développement du secteur. «A cet effet, nous développons de nombreuses actions en favorisant en particulier le pèlerinage Tijani à Fès», indique Kenza Khamlichi, directrice marketing et communication au Conseil régional du tourisme (CRT). Et d’ajouter: «Pour inciter les pèlerins africains à effectuer un séjour à Fès au départ de nombreuses capitales des pays voisins, le CRT lance une grande campagne promotionnelle pour ce produit le 5 février prochain». Le Conseil a par ailleurs mis en place avec la RAM des packages attractifs, à partir de 5.000 DH, incluant le vol et l’hébergement dans un hôtel 3*, pour une durée de huit jours. D’autre part, de nombreux projets de coopération avec le Mali, le Cameroun, le Sénégal ont été mis en place à l’occasion de semaines culturelles gastronomiques organisées depuis 2 ans à Dakar, Bamako, Yaoundé...
Par ailleurs, Layla Skali, directrice Développement au CRT, a conçu une formule originale d’hébergement: «le logement chez l’habitant». Sous le label qualité «ziyarates Fès», ce projet pilote voit le jour à la médina de Fès après un travail méticuleux et coordonné entre les différents partenaires. De fait, 50 maisons, ont été sélectionnées afin d’accueillir les touristes au sein des familles. Plus d’une trentaine de maisons sont déjà en service, les autres sont actuellement en cours de restauration. Le projet a fait l’objet d’une convention-cadre entre la wilaya de Fès (INDH), le CRT, l’Agence de développement social, et l’union des associations de quartiers de la médina. Inspirées de l’esprit du commerce solidaire, ziyarates Fès est une démarche qualité qui associe le tourisme au développement humain, une action intégrée permettant d’un côté le soutien d’une population, de l’autre la mise en place d’un programme touristique novateur axé sur le culturel, le spirituel et le solidaire encourageant les visiteurs à prolonger leur séjour.

Label qualité

Afin de garantir la pérennité de cette action, le label qualité «ziyarates Fès» a été pensé dans les moindres détails. Pour que la maîtrise du projet soit efficiente, le contrôle qualité doit pouvoir se faire à chaque étape de sa réalisation: sélection transparente des candidatures; mise à niveau des demeures retenues, équipement des chambres à louer, formation des familles d’accueil, mise en place de procédures à respecter (réglementation intérieure, cahier des charges, charte éthique...), et mise en place d’une organisation pour la gestion du projet.
Dans le cadre du tourisme spirituel, le développement du logement chez l’habitant au sein de la médina est le meilleur moyen d’associer le tourisme au développement humain. En octroyant une à deux chambres de leur lieu de vie aux visiteurs, les habitants bénéficient enfin directement du souffle touristique qui permet de faire revivre la médina. L’objectif étant l’échange interculturel. Au cœur du projet, le partage d’un quotidien où l’on peut s’imprégner de l’autre, de sa philosophie, de sa religion. Le projet est aussi l’occasion de faire connaître des pratiques sociales hélas inaccessibles aux visiteurs étrangers (hospitalité, sorties au hammam, repas conviviaux) et d’œuvrer ainsi concrètement pour le dialogue interculturel.

Youness SAAD ALAMI
Leconomiste.com