Sur le vif

Tchad: Déby affirme avoir maté la rébellion

Rédigé par Laila Elmaaddi | Vendredi 14 Avril 2006 à 07:37



Jeudi, des combats ont opposé les rebelles aux forces gouvernementales à N'Djamena, la capitale du Tchad mais le président Idriss Déby a affirmé que les assaillants avaient été écrasés et qu'il avait ainsi déjoué la deuxième tentative visant à le renverser en un mois. "La situation est sous contrôle", a déclaré Idriss Déby sur la radio publique après trois heures d'affrontements ayant impliqué des hélicoptères et des chars. Il a affirmé que l'armée avait maté une colonne rebelle qui tentait d'entrer dans la capitale peu avant l'aube. Seuls quelques tirs sporadiques pouvaient être entendus à N'Djamena après son allocution.

Le président Déby a également réaffirmé que la rébellion du Front uni pour le changement (FUC) était composée de mercenaires recrutés par le Soudan pour le renverser, accusation formellement démentie par Khartoum. "Dans les heures qui viennent, nous allons rassembler toutes les preuves que le gouvernement soudanais est derrière les rebelles", a-t-il dit. Dans la soirée, il a présenté aux médias plus de 285 prisonniers. Plusieurs ont déclaré que des gradés avaient collaboré avec les rebelles et leur avaient affirmé qu'ils ne rencontreraient aucune résistance en entrant dans la capitale.

Les habitants des faubourgs est de N'Djamena ont été réveillés peu avant l'aube jeudi par des tirs nourris, provoquant l'affolement dans toute la ville. La veille, des informations faisaient état d'une avancée des forces rebelles sur la capitale. Dans l'après-midi, des journalistes de l'agence Associated Press (AP) ont vu une dizaine de corps dans les rues de la ville mais des habitants ont parlé de davantage de cadavres. Le général Mahamet Ali Abdullah, s'exprimant à la radio publique, a affirmé que les forces gouvernementales avaient tué plusieurs centaines de rebelles et il a appelé les habitants de la capitale à fêter la victoire. Mais N'Djamena restait calme, la plupart des magasins étant fermés. A l'Assemblée nationale, les soldats détenaient une vingtaine de rebelles.

La France a dépêché 150 militaires supplémentaires afin d'assurer la protection de ses quelque 1.500 expatriés, soit un total de 1.350 hommes. Le ministère français de la Défense a toutefois estimé que les événements dans la région de N'Djamena ne constituaient pas "des combats au sens propre du terme". "On a des indications qui montrent que les actions ne sont pas très coordonnées", a déclaré Jean-François Bureau, porte-parole du ministère qui a semblé ainsi fortement relativiser les rumeurs d'assaut imminent sur la ville.
"En tout état de cause, et c'est pour nous le point essentiel, la sécurité de nos ressortissants n'est pas mise en cause par ces actions." Il a toutefois reconnu que l'armée française avait procédé mercredi à un tir de semonce contre une colonne rebelle qui progressait vers la capitale. Des avions de chasse français ont effectué jeudi pour la deuxième journée consécutive des missions de reconnaissance pour évaluer la menace.