Psycho

Selma : « Je suis lassée, car mon mari me délaisse »

Rédigé par Lalla Chams en Nour | Mercredi 15 Juillet 2015 à 08:00



Bonjour,

Je suis Française mariée à un Maghrébin depuis bientôt cinq ans. Mon mari et moi, nous nous sommes connus étudiants. Avant le mariage, nous avions déjà dix ans de vie commune. Lorsque nous venions de nous rencontrer, nous étions jeunes (18 ans) et il y a eu beaucoup d’amour et de passion.

Au bout de quelques années après notre rencontre (je dirai trois ans), nous nous disputions ponctuellement. Nous avons tous les deux un caractère fort. Je ne me laisse pas marcher sur les pieds ; et lui, ne supporte pas très bien que je m’oppose à son autorité.

Même si notre différence de culture avait nourri notre couple, il arrivait que, pour cette même raison, nous nous déchirions. Mais je dois dire que les disputes étaient aussi liées à nos différences de caractère (je suis très active et il est plutôt casanier). Encore que je pense que je l’aimais pour ce que je n’étais pas ; et lui aussi, m’admirait car j’étais tout ce que lui ne pouvait pas faire (communication, fougue...).

Il y avait aussi les disputes liées à la religion, car j’étais encore chrétienne et je n’aimais pas qu’il dénigre ma religion. Malgré tout, je ne regrette pas cette période de « chamaillerie », car il m’a mis face à mes certitudes et Allah m’a guidée depuis. Al hamdulillah.

C’est moi qui lui avais proposé qu’on se marie quand son statut d’étudiant arrivait à terme et qu’il devait rentrer chez lui dans son pays. Il me disait que, pour lui, j’étais sa femme depuis longtemps ... Je le précise car, aujourd’hui, comme je doute qu’il m’aime encore, je me demandais s’il n’avait pas cessé depuis un certain temps, finalement bien avant le mariage…

Je lui reprochais surtout de ne pas entretenir la flamme de notre amour, d’être passif (jamais d’initiative), de ne pas être démonstratif à mon égard, de ne pas me montrer qu’il m’aime. Comme il était trop discret sur ses sentiments, je lui disais souvent que « j’aimerai être une puce pour rentrer dans sa tête et savoir ce qui s’y passait ».

Après le mariage, il s’éloignait de plus en plus. Ne dormait plus avec moi mais dans le salon. Ne mangeait plus en même temps. Le temps partagé ensemble était quasi inexistant. Idem pour le sexe qui devenait de plus en plus rare.

Environ deux ans après le mariage, fatigués par les disputes qui devenaient de plus en plus violentes (je cherchais la confrontation pour comprendre son attitude qui consistait à m’ignorer), nous avons décidé de divorcer après avoir passé des vacances horribles chez sa famille. Mais, en rentrant, j’ai appris que j’étais enceinte (bébé que nous essayions d’avoir depuis deux ans) et je me suis dit que c’était le signe qu’Allah nous donne une chance de sauver notre couple.

Au final, c’était la grande déception pour moi. Il ne m’a pas touchée pendant neuf mois. Le bébé est arrivé et nous a comblés de bonheur chacun. Mais le couple était déjà mort. Il a commencé à travailler, il gagne bien sa vie mais il est souvent absent de la maison (il travaille parfois le dimanche). Parfois, j’ai l’impression que ça l’arrange pour éviter de passer du temps ensemble.

Je pense qu’il ne m’aime plus, il ne me désire plus et ne répond à aucune de mes interrogations. J’ai arrêté de lui faire comprendre que j’avais envie de lui, car il me blessait quand il me rejetait. Il refuse le dialogue même quand il est à deux doigts de me (nous) perdre.

En effet, lassée de cette vie et surtout très triste que mon mari me délaisse, j’avais commencé à organiser mon départ de la maison. À la dernière minute, le propriétaire n’a pas voulu me faire confiance car je ne travaillais pas.

Récemment, je lui ai envoyé un ultime message en le suppliant de me dire la vérité. Je lui ai dit que je le soupçonnais de ne plus avoir de sentiments pour moi (évidemment, son indifférence et le fait qu’il me critique souvent et n’ait aucune attention pour moi m’amènent à le penser) et de rester malgré tout ensemble car il ne veut pas vivre loin de notre bébé (qui a 20 mois aujourd’hui).

Il m’a répondu qu’il allait réfléchir. Sans réponse de sa part au bout de quelques jours et toujours en situation de colocation (« salam, bonne journée, bonne nuit »), quoique l’on partage généralement le repas, je l’ai poussé (encore) à me parler et il m’a lâché : « Je ne sais pas faire ça. »

Je précise que, dans la vie de tous les jours, il est capable de discuter avec n’importe qui de nombreux sujets mais, manifestement, quand il s’agit de nous, il sèche. Je hais sa famille car je pense que son problème de communication vient de là car, chez eux, personne ne parle de ses sentiments. On discute de tout et de rien.

Je pense que cette situation n’est pas vivable sur le long terme. Qu’en pensez-vous ?

Merci de m’avoir lue et pour vos conseils éventuels.
Bien à vous.
Selma

Lalla Chams en Nour, psychanalyste

Me voilà bien embarrassée pour vous donner des conseils, car ce n’est pas vraiment le rôle d’un psy.

De plus, votre récit de vie ne me permet pas de comprendre ce qui s’est passé dans la tête de ce mari silencieux qui ne sait pas parler de ses sentiments. Il a l’air de tenir à vous puisqu’il reste pour l’enfant, ou bien il est influencé par sa culture où le modèle parental n’est pas forcément fondé sur l’amour des conjoints l’un pour l’autre. Reproduit-il sans en être conscient l’attitude de son père vis-à-vis de sa mère ?

Nous recevons tant de lettres dans cette rubrique qui évoquent la difficulté de ces mariages trop rapides, purement conventionnels, influencés par la famille, où chacun n’est pas libre de son choix mais dépendent des critères d’un père ou d’une mère, quand ce n’est pas d’une sœur ou d’un frère…

Vous avez connu la passion, dites-vous, vous avez vécu ensemble, vous vous connaissez bien. Alors que s’est-il passé ? Trop de différences entre vos deux tempéraments ? L’enfant est-il arrivé trop tard ? Le dialogue entre vous a-t-il jamais vraiment existé ?

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
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