Economie

Sauvons France Télécom

Rédigé par Lamine C. | Samedi 7 Décembre 2002 à 00:00

Au lendemain du conseil d'administration du mercredi 4 décembre, le nouveau PDG de France Télécom (FT), M. Breton, a exposé son plan stratégique de sauvetage de FT à la presse. Entre autre, l´état s´engage à accorder des aides financières à la hauteur de 9 milliards d'euros au titre d´avance aux d'actionnaires et envisage une augmentation de capital (privatisation)...



Au lendemain du conseil d'administration du mercredi 4 décembre, le nouveau PDG de France Télécom (FT), M. Breton, a exposé son plan stratégique de sauvetage de FT à la presse. Entre autre, l´état s´engage à accorder des aides financières à la hauteur de 9 milliards d'euros au titre d´avance aux d'actionnaires et envisage une augmentation de capital (privatisation). En interne, le groupe va entreprendre un plan de réduction de ses coûts de 15 milliards sur 3 ans, ce qui n´est pas sans inquiété les fonctionnaires et salariés de FT. Ce grand oral nommé « Ambition France Télécom 2005 » aura eu pour motivation principale de persuader les investisseurs et marchés financiers que France Télécom va se redresser dans l´avenir. Maintenant, tout est dans les mains des marchés financiers, et particulièrement des agences de notation, qui doivent reprendre confiance dans un groupe qui accumule une dette abyssale de 70 milliards d´euros en 2002.

Un discours volontariste
La tactique de séduction du nouveau patron de FT consiste à tenir un discours volontariste et offensif : «Quand j'ai rejoint le groupe, c'était sauve qui peut, a-t-il raconté. Aujourd'hui nous avons une marge de manoeuvre. Il faut prendre en main notre destin.». À présent, le nouveau patron doit essuyer les plâtres d´une gestion trop ambitieuse de l´ancienne direction qui lança FT dans une politique d'acquisitions trop coûteuses et risquées en pleine bulle spéculative. Les dettes se sont accumulées.
Dans les faits, l'opérateur historique prévoit d'économiser 15 milliards d'euros sur trois ans, hors plan massif de suppression d'emplois. Les investissements seront revus largement à la baisse et toutes les dépenses seront passées au crible. La seule filiale Orange prévoit 3 milliards d´euros d'économie.
L´état, 1er actionnaire du groupe, s´engage à débourser 9 milliards d´euros à titre de soutient financier. M. Breton est resté silencieux quant à l´éventuelle privatisation évoquée mercredi soir par le gouvernement Raffarin. Il laisse à son actionnaire le plaisir de mener ce futur débat coloré de dogmatisme.

La dette colossale : le talon d´Achille
Le problème de la dette semble loin d´être résolu. Il est indispensable que France télécom puisse retrouver la confiance des agences de notation pour refinancer sa dette. En 2003, 15 milliards d'euros arrivent à échéance. Et 50 milliards doivent être remboursés d'ici à 2005.

Une réorganisation des cadres
Pour renforcer ces propos, Breton a multiplié les signes d'autorité. Il a invoqué un vaste programme de réorganisation interne, qui devrait, dans un premier temps, affecter les cadres dirigeants. Il renouvelle fortement les équipes de direction en licenciant Jean-Louis Vinciguerra, le directeur financier, Nicolas Dufourcq, le patron de Wanadoo et pousse Jean-François Pontal, le patron d´Orange, à la retraite pour mars. Rien du volet social n'a été détaillé. M. Breton a certes annoncé un gel des embauches jusqu'en juin 2003, tout en confirmant la poursuite des congés de fin de carrière, qui prévoient le départ en retraite et préretraite dès 55 ans d'environ 20 000 salariés d'ici 2005. Cependant, Orange a annoncé mercredi, 2 000 suppressions d'emplois.