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Sarkozy: dépasser les séquelles de la colonisation et bâtir 'l'Eurafrique'

| Vendredi 27 Juillet 2007 à 09:00

           

Hier à Dakar, Nicolas Sarkozy lancé un appel à la jeunesse africaine, qu'il a exhortée à dépasser les séquelles de la colonisation, tout en refusant l’idée de repentance, afin de bâtir "l'Eurafrique" avec la France et l'Europe. Un discours aux accents parfois lyriques, mais jugé "moralisateur" par l’assistance.



Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy

Préparer l'avènement de l'Eurafrique

Hier, le président Nicolas Sarkozy a effectué au Sénégal, la première étape de son premier voyage de chef d'Etat en Afrique subsaharienne.

Devant un millier de personnes - dont plusieurs centaines d'étudiants - réunies à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, Nicolas Sarkozy a en grande partie consacré son discours de près de 50 minutes aux accents parfois lyriques aux rapports douloureux des Africains et des Français avec la colonisation.

La colonisation "fut une grande faute", la traite négrière et l'esclavage "un crime contre l'humanité toute entière", a reconnu le chef de l'Etat français. "Nul ne peut faire comme si cette faute n'avait pas été commise."

Il a cependant ajouté qu'il n'était pas venu parler de "repentance" mais proposer aux jeunes d'Afrique, "non de ressasser ensemble le passé mais d'en tirer ensemble les leçons afin de regarder ensemble vers l'avenir."

La colonisation "n'est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l'Afrique", qui a "sa part de responsabilité dans son propre malheur", a fait valoir Nicolas Sarkozy, avant de dresser un diagnostic parfois sévère.

"Ce que veut faire la France avec l'Afrique, c'est préparer l'avènement de l'Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l'Europe et l'Afrique", a-t-il lancé.

"Ce que la France veut faire avec l'Afrique, c'est une alliance, c'est l'alliance de la jeunesse française et de la jeunesse africaine pour que le monde de demain soit un monde meilleur", a ajouté le chef de l'Etat français.

L’âge d’or « n’a jamais exister »

L'Afrique doit prendre conscience "que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter ne reviendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé", a-t-il notamment dit. "Le problème de l'Afrique, ce n'est pas de s'inventer un passé plus ou moins mythique pour s'aider à supporter le présent mais de s'inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres."
Le défi de l'Afrique est de "s'approprier les droits de l'homme, la démocratie, la liberté, l'égalité, la justice (...), la science et la technique modernes", a-t-il ajouté.

Il invité la jeunesse africaine à ne pas se couper de la part d'héritage occidental qui l'enrichit : "Jeunes d'Afrique, la civilisation européenne a eu tort de se croire supérieure à celle de vos ancêtres mais désormais elle vous appartient aussi."

Il a promis le soutien de la France pour aider le continent à s'engager dans la voie d'une "Renaissance africaine".

"Cette Renaissance, je suis venu vous proposer que nous l'accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l'Afrique dépend pour une large part la Renaissance de l'Europe et la Renaissance du monde", a-t-il dit.

La France, a-t-il précisé, veut ainsi mettre sur pied avec l'Afrique un "développement partagé", une "stratégie commune dans la mondialisation", des universités, laboratoires, projets et pôles de compétitivité communs, une politique d'immigration "négociée" et "décidée ensemble".

Réactions controversées

Ce discours a suscité des réactions controversées dans l'assistance, dont une partie ne semble pas avoir apprécié un ton qualifié par certains de "moralisateur".

"Ca a été un discours docte qui a voulu donner une pédagogie aux Africains pour sortir de leurs problèmes. Mais les Africains sont conscients de leurs problèmes", a estimé Aïssata Tall Sall, membre du Parti socialiste (PS, opposition).

"C'était un discours un peu trop moralisateur. Il est incontestable que nous sommes responsables d'un certain nombre de choses du point de vue de l'immobilisme de l'Afrique, mais le monde est également coupable d'une bonne partie de la situation de l'Afrique", a réagi de son côté Moustapha Kassy, professeur d'économie à l'université.

Abdoulaye Wade
Abdoulaye Wade

La question de l'immigration

M. Sarkozy a dénoncé le " mensonge" et "l'hypocrisie" au sujet de l'immigration en France.
"Sur la question de l'immigration, il y a beaucoup de mensonge et d'hypocrisie", a martelé M. Sarkozy au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue du Sénégal Abdoulaye Wade.

Nicolas Sarkozy a rappelé que l'Afrique est à 14 km de l'Europe, arguant que "l'échec de l'Afrique, c'est la catastrophe pour l'Europe. La réussite de l'Afrique, c'est la réussite pour l'Europe".

Il a précisé qu'en 2006, la France a accepté 83% de demandes visas pour le Sénégal, avant d'ajouter : "je ne suis pas sûr que tous les pays fassent comme la France. C'est un chiffre sur lequel, il faut méditer. Le président Wade et moi nous nous sommes entendus".

M. Sarkozy a fait part de la présence dans les universités françaises de près de 10.000 étudiants sénégalais, précisant que " c'est la nationalité la plus représentée".

Il a exhorté à ce propos les jeunes Africains formés en Europe à revenir dans leur pays pour "bâtir l'Afrique" : "Il faut mettre un terme au pillage des élites africaines dont l'Afrique a besoin pour se développer", a-t-il souligné.

Une préoccupation partagée par Abdoulaye Wade. "Je ne donne pas des bourses pour que les gens restent en France. Je préfère à ce moment-là investir cet argent en Afrique", a déclaré le président sénégalais lors d'une conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par msawri le 27/07/2007 18:15 | Alerter
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le président N. Sarkozy voit grand. Aidons-le. S'il cherche à nous embobiner, appliquons quand même pour le confondre, le dicton populaire marocain : ne jamais rater de suivre le menteur jusqu'au seuil de la maison. Il nous demande d'arrêter de pleurnicher sur le passé et de nous consacrer ensemble sur de belles perspectves d'avenir. C'est une excellente manière pour l'Europe de s'acquitter de ses dettes envers l'Afrique. Exigeons que les belles paroles marchent de pair avec les faits. Dieu le Très-Haut est puissant sur toute chose.

2.Posté par Malik le 28/07/2007 11:05 | Alerter
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On ne construit pas l'avenir en enterrant le passé. Pas de repentance, une éducation sur les responsabilités de tous et sur les conséquences sociologiques des colonisations d'hier dans notre société aujourd"hui.

3.Posté par OUMAR le 28/07/2007 14:06 | Alerter
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Pour être entièrement crédible,on ne devrait pas trouver des contre exemples aussi minimes qu'ils soient au discours du président de la république.Or pour moi les îles comores contituent un contre exemple:voir l'article suivant:
LA PERTE DE L’IDENTITE
CONTINUE POUR LES MAORAIS

SUR QUEL PAS MARCHER ?

D’un cote selon des journalistes non démentis, le gouvernement de la
France ,et des élus de Mayotte, orchestrent le retour de Mayotte aux Comores parce que Mayotte est comorienne. De l’autre côté, selon d’autres journalistes,les jeunes Maorais pavaneront avec un drapeau français au jeu de l’océan indien de 2007,à Madagascar,parce que Mayotte est française .
Finalement pour les gouvernements français, Mayotte est comorienne ou française ?
Quand est ce que les gouvernements français se résoudront-ils à dire la vérité, sur l’identité des Maorais, aux Maorais eux -mêmes et aux autorités comoriennes ?
Sans doute jamais !la vérité se lira toujours sur le terrain et sur les acte et jamais sur la parole.
Et s’agissant du terrain et des actes,on constate :
Que tout en continuant de parler de Mayotte française et de départementalisation, les autorités françaises refusent l’égalité, en particuliers l’egalité de salaires, et de prestations sociales , que réclament des Maorais par de longues grèves jamais enregistrées à Mayotte.
Près ou plus de trois mois de grève pour les instituteurs et les agents des services fiscaux.
Cependant, les autorités françaises continuent, d’appliquer le « katiba » la loi...  


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