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S’insurgeant contre l’ONU, Israël poursuit ses frappes sur Gaza

Rédigé par Karl Batty | Lundi 20 Novembre 2006 à 10:55

Condamnant fermement la résolution votée aux Nations Unies pour le retrait immédiat des troupes israéliennes de la bande de Gaza, Ehoud Olmert poursuit ses incursions militaires, faisant de nouvelles victimes. Le Jihad islamique pour sa part, se dit prêt à cesser les tirs de roquettes dès lors que l’armée israélienne cessera ces violences contre le peuple palestinien.



La France accusée

Dimanche, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a fermement condamné la résolution des Nations unies demandant le retrait immédiat des troupes israéliennes engagées dans la Bande de Gaza. Ce texte a été adopté vendredi par une très large majorité. 156 voix contre 7 et six abstentions. Les Etats-Unis ont de nouveau rejeté ce texte, de même qu'Israël, l'Australie, les îles Marshall, la Micronésie, Nauru et Palau. Cette résolution demande expressément la fin de toutes les formes de violence entre Israël et les Palestiniens, dont les opérations militaires de l'Etat hébreu à Gaza et les tirs de roquettes palestiniennes sur Israël. Par cette résolution, l’ONU déplore également la mort de 19 civils palestiniens tués dans un bombardement israélien le 8 novembre à Beït Hanoun, dans le nord du territoire palestinien, et demande une commission d’enquête.

« Je vois (cette décision) comme très grave », a commenté Le Premier ministre israélien Ehud Olmert lors du Conseil des ministres. « Nous n'avons aucun doute sur le fait que ce n'est pas à l'Etat d'Israël de fournir des réponses sur l'attaque de civils », a-t-il répondu à la demande de la commission d'enquête après l'attaque de Beit Hanoun. Olmert a dénoncé « les donneurs de leçons » de l'ONU. « C'est à ceux qui tirent systématiquement et depuis longtemps contre des civils (israéliens), sans que les donneurs de leçons y voient une raison pour faire voter des résolutions à l'ONU pour les condamner, qu'il faut demander des explications », a-t-il affirmé. « Avec une telle attitude, il n'y aura pas de coopération d'Israël », a souligné Olmert, laissant clairement entendre qu'Israël ne coopérerait pas avec la commission de l'ONU sur les événements de Beit Hanoun.

L'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Dan Gillerman, a accusé dimanche la France d'avoir « lancé des fleurs aux terroristes » en poussant à l'adoption de la résolution. « La France n'enverrait pas des fleurs à ceux qui se livreraient à des tirs de missiles contre ses villes. Le soutien à cette résolution revient en fait à envoyer des fleurs aux terroristes, des fleurs qui seront peut-être un jour déposées sur la tombe d'une victime israélienne supplémentaire », a affirmé M. Gillerman à la radio publique.

Israël a donc condamné dimanche la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies, qui appelle notamment à l'arrêt de ses opérations militaires contre des Palestiniens, et lancé le même jour un nouveau raid aérien.

Les frappes militaires continuent

Dimanche, deux membres de la branche armée du mouvement Hamas ont été blessés dans un raid aérien à Gaza. L'armée israélienne a déclaré avoir visé deux activistes impliqués dans des tirs de roquettes Kassam contre le territoire israélien. Des sources médicales déclarent que le missile qui a frappé leur voiture a fait un mort et huit blessés parmi les passants, dont cinq enfants. Le véhicule atteint par l'armée de l'air a été visé à proximité d'une mosquée du quartier de Zeitoune à Gaza, alors que des fidèles revenaient de la prière, ont indiqué des témoins. Quelques heures plus tôt, plusieurs roquettes s'étaient abattues sur la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, faisant trois blessés dont un grave.

Deux autres Palestiniens ont péri samedi dans des affrontements avec les forces israéliennes dans le nord de la bande de Gaza, ont rapporté des habitants et des responsables médicaux. De source hospitalière, on a précisé qu'un adolescent de 16 ans avait été tué par des militaires israéliens dans la ville de Beït Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza. L'armée a précisé pour sa part qu'elle avait ouvert le feu sur un groupe d'activistes. L'UNRWA, l'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, s'est également indignée du fait que deux enfants palestiniens ont été blessés samedi dans une école de Beit Lahiya par des balles Israéliennes. Un enfant de sept ans a été touché à la tête alors qu'il se trouvait à son bureau et une fillette de douze ans à la jambe, pendant l'évacuation du bâtiment.

Coup de théâtre

Dans la nuit de samedi à dimanche, l'armée israélienne a annulé une frappe aérienne prévue contre la maison d'un membre des Comités de résistance populaire dans la bande de Gaza. L'armée israélienne avait averti les occupants de la maison visée, dans le camp de réfugiés de Djabaliya, de l'imminence du raid aérien. Des centaines de voisins et de manifestants se sont alors rassemblés devant le bâtiment et plusieurs d'entre eux se sont barricadés à l'intérieur ou se sont installés sur le toit. Cette manifestation, la première du genre selon des sources palestiniennes, était conduite par Nizar Rayan, un haut responsable du Hamas, et retransmise en directe par la télévision palestinienne.

Le premier rassemblement s'est produit juste avant minuit dans la maison de Mohammed Baroud, responsable des comités de résistance populaire. La même scène s'est répétée deux heures plus tard au domicile de Mohammed Nawajeh, un des dirigeants du Hamas dans le nord du territoire. Le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh s'est lui aussi déplacé, montant sur le toit de la maison de Mohammed Baroud dimanche matin lançant « Nous sommes fiers de cette résistance nationale. (…) « C'est le premier pas vers la protection de nos maisons. »

Cette nouvelle tactique pourrait contraindre les Israéliens à réévaluer leur campagne de raids sur la Bande de Gaza. Les Palestiniens se sont rassemblés dès que l'armée israélienne a ordonné aux occupants des immeubles de les évacuer.

L'armée israélienne a affirmé avoir annulé les opérations prévues dans la nuit, tout en affirmant vouloir continuer à détruire « les infrastructures terroristes ». Les militaires ont dénoncé « l'exploitation cynique de civils innocents par les terroristes qui en font des boucliers humains.»

Le Jihad Islamique se dit prêt à arrêter les tirs de Roquettes

Le mouvement radical palestinien, Jihad Islamique, a annoncé vendredi au président palestinien Mahmoud Abbas qu'il était prêt à « stopper les tirs de roquettes » sur Israël si l'armée israélienne cessait ses attaques contre les Palestiniens. « Les tirs sont une riposte aux agressions sionistes. Nous sommes prêts à les stopper si ces agressions cessent », a déclaré un haut responsable du Jihad, Khaled El-Batsh, en sortant d'une rencontre avec M. Abbas, à Gaza. Il a précisé que telle était sa réponse au président palestinien qui demandait au Jihad « d'observer le calme » dans le cadre d'un éventuel accord avec les Israéliens, ces derniers s'engageant alors à stopper leurs incursions, leurs bombardements et les assassinats ciblés d'activistes.

Selon lui, une telle décision doit être prise par l'ensemble des groupes armés palestiniens et pas seulement par le Jihad islamique. Le Jihad, qui dans le passé n'a pas observé une trêve décidée par d'autres organisations, est l'un des principaux responsables des tirs de roquettes.

Un proche de M. Abbas s'est félicité de cette prise de position. « Elle est particulièrement importante puisque le Jihad devrait être la seule organisation non représentée dans un nouveau gouvernement palestinien », a déclaré ce responsable qui a requis l'anonymat. Les autres mouvements devraient selon lui accepter une suspension des violences, qui apparaît comme une condition pour leur participation à un prochain cabinet. A ce sujet, M. Abbas a eu dans la soirée une rencontre, qualifiée de « positive » par ce responsable, avec le Premier ministre Ismail Hanyeh, du mouvement Hamas. « Il faudra cependant encore plusieurs jours pour conclure », a-t-il ajouté.

Depuis septembre 2000, neuf personnes ont été tuées en Israël par de tels tirs. Depuis l’enlèvement d'un soldat israélien, le 25 juin 2006, et le lancements de multiples opérations militaires dans la bande de Gaza, plus de 300 Palestiniens ont été tués.