Connectez-vous S'inscrire

Cinéma, DVD

Royaume-Uni : un film sur la fille du Prophète accusé de « blasphème » face à la censure (vidéo)

Rédigé par Lionel Lemonier | Jeudi 9 Juin 2022 à 17:25

           

La sortie de « The lady of Heaven », un long métrage sur la fille du Prophète Muhammad, provoque l'ire de fondamentalistes musulmans en Grande-Bretagne. Les manifestants ont obtenu sa disparition des écrans d’une chaine de cinémas. Une décision très controversée.



Royaume-Uni : un film sur la fille du Prophète accusé de « blasphème » face à la censure (vidéo)
Faut-il céder à la pression de militants qui exigent la déprogrammation d’un film en le qualifiant de « blasphématoire » et d'« irrespectueux », ou bien doit-on défendre la liberté d’expression ? Face à une foule d’hommes en colère, le manager d’un cinéma de Sheffield, dans le nord de l'Angleterre, ne s’est pas posé la question trop longtemps. Dans une vidéo publiée sur Twitter, on le voit qui annonce dans un premier temps que le film est déprogrammé pour la semaine. Puis, face aux réactions hostiles, qu’il est retiré de façon définitive.

Mardi 7 juin, le groupe Cineworld, qui possède les salles concernées, a déprogrammé The Lady of Heaven (La Dame du Paradis), un long-métrage sur la fille du Prophète Muhammad, après avoir constaté la multiplication de manifestations identiques devant les salles de cinéma qui proposaient le film dans différentes villes du Royaume-Uni. Le communiqué de la direction précise que cette décision a été prise pour « assurer la sécurité de nos équipes et des clients ».

Il est vrai que la situation devenait préoccupante. Une pétition en ligne réclamant le retrait du film qualifié de « blasphématoire », « irrespectueux » et « raciste » avait déjà récolté plus de 117 000 signatures en date du 7 juin, selon le journal britannique The Guardian. Aujourd'hui, elle culmine à plus de 127 000 signatures. Cela n’a pas empêché Claire Fox, qui siège à la Chambre des Lords en tant que Baronne Fox de Buckley, de publier un tweet sur « la dérive de lois extra-parlementaires sur le blasphème ».

« Les arguments de la cancel culture du type "Je trouve cela offensant" sont maintenant utilisés bien plus largement que par les seuls militants dans les campus. C’est désastreux pour l’art, dangereux pour la liberté de parole et une leçon pour ceux qui affirment que les revendications identitaires ne sont pas une menace pour la démocratie », estime-t-elle.

La projection du film défendue

Malik Shlibak, le producteur du film, indique que les cinémas doivent « défendre leur droit de montrer des films que les gens veulent voir ». « Je pense que les directeurs des salles de cinémas tremblent devant la pression et prennent ces décisions pour étouffer la polémique », ajoute-t-il, en précisant que la société de production a reçu des dizaines de messages de personnes qui essayaient d’acheter des billets pour voir le film sans pouvoir en trouver.

Vue, une chaine de salles de cinéma concurrente de Cineworld, n’a pas renoncé à présenter le film à Londres et dans le sud-est de l’Angleterre. La direction n’a cependant pas répondu aux remarques qui lui ont été adressées après avoir supprimé le film dans certaines de ses salles. Un porte-parole a déclaré que la chaine « prend au sérieux les responsabilités qui sont les siennes de proposer un large choix de films. Nous estimons utile de proposer des films présentant un intérêt particulier pour diverses communautés à travers le Royaume-Uni. Mais le groupe Vue ne montre que des films approuvés par la BBFC (la Commission britannique de classification des films, ndlr). La Dame du Paradis a reçu le feu vert de la commission et est donc présentée dans un certain nombre de nos salles ».

Royaume-Uni : un film sur la fille du Prophète accusé de « blasphème » face à la censure (vidéo)

Le premier film à aborder le personnage de Fatima Zahra

Réalisé par Eli King, ce film dramatique est sorti vendredi 3 juin dans les salles du Royaume-Uni. Il se présente comme le premier à aborder le personnage de Fatima Zahra, la fille du Prophète Muhammad et épouse d’Ali, le quatrième et dernier des califes bien guidés pour les sunnites et le premier imam pour les chiites. Le film revient d'abord sur le destin tragique d'un enfant irakien faisant face, au 21e siècle, aux affres d'une guerre ponctuée par d'innombrables crimes de Daesh. Il apprend alors l'importance et le pouvoir de la patience en découvrant l'épopée de Fatima.

Pourquoi le film est-il accusé de « blasphème » ? Un « visage » a été mis au Prophète à l’écran. Toutefois, aucun acteur ne joue ce personnage ni celui des personnages sacrées dans son entourage : les producteurs assurent que leurs visages ont été générés par ordinateur, quand ils ne sont pas représentés par des rayons de soleil éblouissants, ce qui est bien souvent le cas.

A priori, ses précautions auraient dû rassurer ces musulmans soucieux de voir appliquer l’interdiction de représenter le Prophète. Mais voilà, ce film est plutôt aligné sur une vision chiite des débuts de l'islam, ce qui suscite l'ire de militants fondamentalistes sunnites. D'autant que le scénario a été écrit par Yasser Al-Habib, un Koweitien chiite exilé au Royaume-Uni depuis 2005 après avoir été condamné dans son pays natal à de la prison pour avoir insulté des compagnons du Prophète et Aïcha, sa jeune épouse. L'homme, qui a même été déchu de sa nationalité koweïtienne, est accusé encore aujourd'hui par des détracteurs du film d'injurier des personnages sacrés de l'islam depuis sa mosquée située à Fulmer, dans le Buckinghamshire.

Mais même du côté chiite, The Lady of Heaven ne fait guère l'unanimité. Bien avant sa sortie, des responsables politiques et religieux iraniens ont critiqué un film vecteur de « divisions » entre musulmans. Il a d'ailleurs été interdit de diffusion en Iran ainsi qu'au Pakistan et en Egypte.

« Cette initiative artistique parle d’histoire et de religion, des sujets qui sont toujours confrontées à des interprétations différentes, explique Malik Shlibak. C’est normal et même très sain. Nous en sommes satisfaits et nous encourageons les gens à s’exprimer, qu’ils soient pour ou contre le film. Ce que nous ne pouvons supporter en revanche et contre quoi nous nous opposons fermement, c’est ce que les opposants essaient de faire : censurer ceux qui ne pensent pas comme eux et imposer ce que nous pourrions ou ne pourrions pas voir dans ce pays. » Il ajoute qu’ils ont le droit de protester mais que ce comportement est dangereux. « La population doit s’en rendre compte et s’y opposer parce que cela viole et met en danger leur liberté de parole. »





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Premier janvier le 09/06/2022 17:58 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Evidemment que le film divise chiites et sunnites.
Autrement ils ne le seraient pas chiites et sunnites.
Mahomet n'était ni chiite ni sunnite.
C'est sa succession qui s'est divisée entre son fils adoptif et son cousin.

2.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 10/06/2022 10:40 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
@101 qu'est ce que c'est que cette histoire de fils adoptif ? Attention au blasphème...

Sinon cette histoire de censure délirante montre bien les limites du communautarisme anglo-saxon en proie donc à la folie des offensés, point commun, comme c'est étrange, aux extrêmes pointes des délires islamiques et des délires wokes. Bon courage à l'avenir radieux des civilisations multiples en contact sur le même sol.

3.Posté par Premier janvier le 11/06/2022 21:14 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Des histoires de famille François.
Il me semble que je ne peux pas partir de mon présent pour revenir vers mon passé d'il y a 1400.
Aujourd'hui daesh par exemple.
Daesh peut être dans l'Histoire mais n'a de filiation avec aucun individu du passé
Qu'avec ceux du présent.
Pour mon passé à moi par exemple, si je me raconte je peux trouver dans mon histoire une relation à mon grand père puisque je l'ai connu mais en aucun cas je ne peux me trouver de points communs avec l'un de ses ancêtres qu'il y a 1400 ans.
Je ne peux dire du passé de mon grand père que ce que j'en ai connu moi même ou que l'on puisse me l'avoir rapporté.
Idem pour lui bien sur.
Il n'a pu dire de son grand père que ce qu'il a pu en connaître lui même et que l'on puisse le lui avoir rapporté.
Comme le disait un philosophe (je ne sais plus lequel il yen a trop) on est mort lorsque les enfants des enfants de nos enfants ne se souviennent plus de nous.
Ici, à partir d'aujourd'hui on est entrain de dire qu'il est lié à hier.
Jusque l'à ça va.
Seulement c'est des effets qu'il a une cause que l'on est entrain d'expliquer.
Ce que je suis moi même en 2022 ne peut pas avoir de rapport avec ce qu'à pu être un individu d'il y a 1400 ans.
Il peut être effectivement l'un de mes ailleuls (une cause donc) et j'en serais l'effet. Le fait que je sois là aujourd'hui ne peut en être que la cause.
Seulement le passé est un passé qui a lui même un passé.
Je suis le futur de mon grand père est vrai.
Mais futur et passé ne peuvent p...  

4.Posté par Rond LEDARON le 12/06/2022 19:54 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Le droit au blasphème ne concerne que l'islam et les musulmans. Droit de critiquer, d'omettre, de mentir, de délirer. Cette "liberté" n'a pas de pendant avec la République, le judaïsme ou l'homosexualité, thématiques à surtout prendre avec des pincettes sous peine d'être taxé de séparatiste, "d'antisémite" ou d'homophobe.
Tous les prétextes sont bons pour déverser un fiel sans cesse renouvelé et ainsi exhaler une haine qui ne doit plus être intériorisée.
Il en va ainsi d'une époque ou l'islam a les épaules très larges.

5.Posté par Premier janvier le 12/06/2022 21:10 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Ledaron. Si je dis une idée et que personne ne la reprenne.
2X2=10 par exemple.
Personne n'est d'accord avec cela.
Si je me mets à expliquer mon 2X2=10
Il est des grappes de raisin.
Il est cinq grains de raisin+5 grains de raisins.
Celles qui contiennent 6 grains de raison sont aussi des grappes de raisin.
Ou un arbre. Ou une maison. Ou une espèce. Ou une nature. Ou des idées. Ou n'importe quoi.
Personne ne peut être d'accord avec cela autrement on ne se comprendrait pas, on ne pourrait plus se parler.
On ne peut pas dire ce qu'il y a dans les choses.
On tache de le savoir en tentant de remonter à l'origine de l'origine de l'origine....
Jusqu'à en trouver une cause première.
Une même chose est autre donc.
On sait quelle est mais on ne sait pas dire ce qu'il y a dedans.
Je suis ce que je ne suis pas est indicible.
Et pourtant les choses (tout ce qui existe) ne peuvent être que cela.


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !