Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

Réformer l’islam de France ? Ne cherchez pas l’homme providentiel mais les principes communs

Rédigé par | Vendredi 16 Février 2018 à 17:17

           


Réformer l’islam de France ? Ne cherchez pas l’homme providentiel mais les principes communs
Le président Emmanuel Macron a décidé de s’attaquer à un chantier qui a fait l’objet des convoitises de tous les présidents de la République française à compter de Nicolas Sarkozy, l’islam de France.

Outre les problématiques suscitées par la sémantique (faut-il davantage de parler d’islam en France ou de France ?) et la compabilité avec la laïcité de l’Etat (l’Etat est-il réellement compétent pour organiser un culte ?), l’islam de France, en tant qu’organisation qui a à sa tête des hiérarques musulmans, n’emporte que très peu la conviction des musulmans présents sur le territoire. Il s’agit d’un état de fait dont il convient de prendre connaissance. Ensuite, il convient également de prendre en considération l’ensemble des « querelles de chapelle » suscitées par les différentes influences nationales qu’englobent l’islam de France, comme on aime à le rappeler, puisqu’il s’agit d’un islam divers et, par nature, différent dans ses courants de pensée.

La recherche d’un islam « républicain » passe donc tant par un assentiment de la population que par un accord sur les individus qui seront chargés de le porter, structurellement parlant. Or, ce sont précisément les individus qui le portent qui n’amènent guère satisfaction aux musulmans de France. Il convient donc d’abandonner cette conception de la recherche de l’homme providentiel afin de dégager d’abord, ensemble, un nombre de principes communs aux musulmans – qui se conforment, en tous points, aux principes républicains.

Des principes communs aux musulmans qui se conforment, en tous points, aux principes républicains

Le premier principe viserait à rejeter toute forme de terrorisme ou de violence en religion quelle qu’en soit la forme ou la méthode.

Le deuxième principe viserait, dans une société plurielle, à défendre la liberté d’expression de tous les citoyens - dans les limites que confère la loi, avec le respect des sentiments religieux d'autrui - et à croire, pour les musulmans, en un « jihad » non violent, par la plume, pour répondre aux différentes attaques faites contre l’islam.

Le troisième principe viserait à croire en l’égalité, à l’éducation, à l’émancipation et à l’autonomie des femmes.

Le quatrième principe serait de prôner la liberté de conscience et la liberté de religion et de prôner la laïcité de l’Etat telle qu’elle résulte de la loi de 1905.

Le cinquième principe serait d’être fidèle au pays dans lequel nous vivons.

Enfin, plusieurs autres principes pourraient être déclinés : celui de ne pas croire dans un messianisme violent, ou encore celui d’interdire tout monopole du salut.

L’islam en France passe aussi par l’absence d’intervention trop massive de l’Etat

La réalité, c’est que les musulmans de France ont l’impression que la République demande à ces derniers de choisir entre leur religiosité et la République, d’où la défiance à l’égard des institutions de l’islam de France. Le regard qu’il convient de porter sur une éventuelle institutionnalisation de l’islam en France est bien plus large et global. Il faut quitter le système horizontal pour revenir vers une forme de démocratie participative au sein de l’islam en France.

Par ailleurs, les musulmans devront nécessairement se départir des querelles de chapelle et préciser aux fidèles la destination des fonds qu’ils récoltent. En effet, de nombreux fidèles indiquent qu’ils disposent de moyens financiers, qui pourraient notamment avoir pour effet de financer des mosquées, mais qu’ils préfèrent ne pas dépenser ces fonds en raison du défaut de traçabilité de leur donation.

Evidemment que l’islam en France va passer par une réforme des musulmans. Mais elle passe aussi par l’absence d’intervention trop massive de l’Etat car n’oublions pas que la séparation Etat/religions est une valeur cardinale de la République et que l’islam en France ne produit pas de terrorisme, les jeunes radicalisés s'étant souvent construits sur Internet.

*****
Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur et conférencier spécialiste de la laïcité. Il a écrit Outils pour maîtriser la laïcité, publié aux éditions La Boîte à Pandore.

Lire aussi :
La structure de représentation des musulmans de France doit émerger d’eux-mêmes, de la base
Les fausses pistes autour de l'islam de France


Asif Arif
Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam, le terrorisme... En savoir plus sur cet auteur


Réagissez ! A vous la parole.
Du plus récent au plus ancien | Du plus ancien au plus récent

3.Posté par Alain le 02/03/2018 19:43 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
l’islam en France ne produit pas de terrorisme, les jeunes radicalisés s'étant construits sur Internet.

Oui bien sur monsieur le journaliste, c'est pourquoi les mosquée sale-affiste sont fermés et les sale-imam son expulsé ou jugé !

2.Posté par François CARMIGNOLA le 20/02/2018 21:00 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
D'abord, il n'y a pas "les musulmans".

L'enquête de l'institut montaigne, pas vraiment démentie, en montre la diversité. Elle indique qu'un gros tiers des personnes se déclarant elles même comme de foi musulmane se situent en dehors de la république et hostiles à ses lois et valeurs. En gros ceux qui sont favorables au port du niqab, suivez mon regard.

http://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/rapport-un-islam-francais-est_-possible.pdf

Une minorité (46%) du total seulement se déclare globalement en adhésion avec ces lois et valeurs.
Le reste, entre les deux, hésite à manifester ses désaccords manifestes et souhaite en tout cas voir sa religion être prise en compte de manière particulière.

Contrairement à ce que pense et affirme Hakim El Kraoui, la présence du groupe "sectaire", jeune et déraciné et partiellement fanatisé est extrêmement inquiétante et obère complètement l'intégration globale de l'islam dans la normalité française. A moins que l'on ne décide effectivement que de telles opinions et comportements n'ont rien d'islamique et qu'il faille les proscrire.

Et bien il semble, et c'est tout le problème, que la partie centrale, incertaine et sous la pression du salafisme "hypocrite" (en gros les frères musulmans), ne peut/veut pas se résoudre à faire le ménage.
Cela n'est pas sain du tout.

1.Posté par Fania le 20/02/2018 03:10 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Il existe des sondages ou l'on te demande, tu préfères la loi de la république ou la loi islamique. Faire un choix entre les préceptes de ta religion et les codes de la république.
C'est ta religion ou la république. Le vrai problème c'est que les penseurs et intellectuels sont complètement barrés.

1 ... « 2 3 4 5

SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !