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Réactions face aux massacres à Gaza

Rédigé par | Lundi 29 Décembre 2008 à 12:35

Le bilan des frappes israéliennes déclenchée samedi ne cesse de grossir. Face à l’émotion suscitée par les images de morts et de sang, de milliers de personnes à travers le monde manifestent leur colère envers Israël. En France, les manifestations spontanées du weekend s’organisent désormais. Les réactions des organisations musulmanes et des associations de paix pleuvent en attendant celles plus fermes des hommes politiques.



320 morts, 1420 blessés… et le bilan provisoire, fourni par le chef des services d'urgence dans la bande de Gaza, ne cesse de s’alourdir d’heure en heure. Au troisième jour consécutif de l’opération dite « plomb durci » commencée samedi, les raids israéliens demeurent toujours aussi violentes et sanglantes. Les 6500 réservistes mobilisés, une opération terrestre serait même en cours de préparation. L’armée israélienne dit viser des tunnels de contrebande ou encore des centres de commandement du Hamas. Dans les faits mosquées, l’université, quartiers résidentiels… rien n’est épargné par l'armée, qui affirme agir en réponse aux dizaines de roquettes lancés par le mouvement du Hamas et qu’Israël souhaite « anéantir » selon les termes propres du ministre israélien de la Défense, Ehud Barak.

Israël coupable de l’enfer à Gaza

Des infrastructures détruites, les hôpitaux débordés et sans ressources et les morgues saturées… la situation humanitaire s’aggrave davantage à Gaza. Sans surprise, plusieurs agences internationales, dont l’UNRWA, la principale agence d'aide des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine, parle désormais de « catastrophe humanitaire ». Considérée comme « entité hostile » à Israël depuis la prise du pouvoir du Hamas en juin 2007, le secteur frontalier longeant la bande de Gaza est décrétée « zone militaire fermée » depuis ce lundi. Les journalistes et les civils sont de fait interdits d'accès à ce territoire et les convois humanitaires passent au compte-goutte, aussi bien du côté égyptien qu’israélien.

L’opinion publique s’enflamme…

Mais les ripostes du Hamas- qui ont fait jusque là deux morts et une dizaine de blessés- valent-elles les frappes d’Israël ? Devant la disproportion des attaques israéliennes, les manifestations en Europe et dans les pays arabes se multiplient depuis samedi. La rue s’enflamme. En France, à l’appel de plusieurs associations de paix, plus de 1300 personnes se sont retrouvées à Barbès dimanche, dans le 18ème arrondissement de Paris, pour une marche en soutien au peuple palestinien à Gaza. « Halte au massacre du peuple palestinien », « Israël assassins, Europe complice », « Moubarak (le président égyptien, ndlr), traître parmi les traitres », pouvait-on entendre notamment. Les propos scandés par les manifestants en colère sont explicites. Tous condamnent d’une seule voix la punition collective opérée par les Israéliens, à l’image de Jihan, 22 ans, manifestante d’un jour choquée par les images transmises en boucle par Al-Jazeera. « Les images m’ont rendu folle. Je ne pouvais pas rester à la maison sans pouvoir crier ma colère », explique t-elle.

Fait rare, toutes les organisations musulmanes se sont jointes à l’appel des associations de paix. D’une voix, l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF), le Conseil français du culte musulman (CFCM) ou encore plusieurs conseils régionaux du culte musulman (CRCM) ont vivement demandé aux « musulmans de notre pays et toutes personnes éprises de paix et de justice à participer à toutes les manifestations et rassemblements de soutien ». « C’est peut être l’occasion, pour d’autres manifestations, d’être mieux organisé afin que l’impact soit beaucoup plus grand. Il s’agira d’unifier les slogans, d’encadrer la marche, de diffuser les informations et de parvenir à rassembler l’ensemble des acteurs associatifs », nous fait part Ammar Rouibah, acteur associatif. Nombreux sont les responsables musulmans comme Mohammed Moussaoui, président du CFCM, qui appellent les autorités françaises et internationales à réagir fermement et urgemment face à la violence israélienne, sans précédent depuis l’occupation des territoires palestiniens en 1967.

…face à une communauté internationale impuissante

Cependant, les réactions européennes et internationales se font timides. Dans un communiqué publié samedi, Nicolas Sarkozy se dit « vivement préoccupé devant l'escalade de la violence dans le sud d'Israël et dans la bande de Gaza » et « condamne fermement les provocations irresponsables qui ont conduit à cette situation ainsi que l'usage disproportionné de la force ». Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni d'urgence dimanche, a appelé à l’arrêt immédiat de toutes les violences mais sans faire de référence explicite aux bombardements israéliens. Le texte, non contraignant, a en effet été amendé par les Etats-Unis, ce qui réduit considérablement sa portée. Autant dire qu’Israël, qui ne cesse de clamer « son droit à l’autodéfense », a encore le champ libre...

Quant aux Etats arabes, leurs dirigeants temporisent à l’exception de Mouammar Khadafi, le numéro un libyen, qui fustigent les réactions « lâches et défaitistes » de ses voisins. En attendant une réaction plus ferme des Etats, d’autres manifestations populaires sont attendues cette semaine un peu partout en France et dans le monde.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur