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Points de vue

Quand l'Union populaire prend le visage de la désunion dans les quartiers

Rédigé par Jaouad El Amrani | Jeudi 5 Mai 2022 à 13:30

           

Alors que Jean-Luc Mélenchon a dépassé les 45 % de suffrages à Dreux et à Vernouillet au premier tour de la présidentielle, il en va autrement en dehors de l’agglomération où l’extrême droite est arrivée en tête. Une victoire de l’Union populaire est néanmoins à portée de main, si tant est déjà qu’un candidat qui la représente fasse consensus. Or, « une double déception guette les électeurs des cités populaires de Dreux (…) en passe de ne pas avoir de candidat aux élections législatives de juin qui leur correspond », relève L’Echo Républicain. Yassine Chaary, coach d’un club de foot local très actif pendant la campagne, souhaite se présenter au nom de l’Union populaire, qui ne l’entend pas de cette oreille. Un Drouais s’offusquant que les habitants se voient confisquer « le droit d’être dignement représentés » s’exprime sur cette affaire.



Quand l'Union populaire prend le visage de la désunion dans les quartiers
Mélenchon. Mélenchon par-ci. Mélenchon par-là. Ce dimanche 10 avril à Dreux, les scrutateurs de nos bureaux de vote font inlassablement résonner le nom de Jean-Luc Mélenchon lors du dépouillement et nous offrent l’harmonieuse mélodie que nous appelions tous de nos vœux.

12 candidats. 12 noms. 12 bulletins et pourtant un seul phagocyte tous les autres. C’est le bulletin de l’espoir. L’espérance d’un avenir apaisé où ne serions plus LE sujet mais les sujets d’une République réconciliée, avec nous, avec elle-même et avec ses principes.

Une espérance qui sera néanmoins vite anéantie, brisée par la révélation du visage des deux finalistes. Cette finale se jouera donc sans nous, nous les oubliés, les reclus, les parias. La désillusion et le désenchantement seront cependant de courte durée, gommés par la formidable perspective offerte par l’Union populaire et son leader : et s’il existait finalement la possibilité d’un troisième tour ?

Alors nous serions prêts à jeter nos toutes dernières forces dans cette ultime session de rattrapage démocratique, en formalisant le constat dressé lors de ce premier tour : nos quartiers ont voté Mélenchon de manière quasi-plébiscitaire, il serait donc légitime de les associer à la campagne qui s’annonce.

Mais voilà. Alors que nous pensions avoir une responsabilité prépondérante dans le succès local de l’Union populaire et donc avoir toute notre place au sein de leurs équipes, un barrage se dresse devant ces aspirations. Il a le visage de la désunion. Ce visage qui nous renvoie une fois encore à nos conditions. Qui nous renvoie à nos bas d’immeuble, toujours. Qui nous confisque le droit d’être dignement représentés.

Entre paternalisme des uns et carriérisme des autres

Alors même, que sans le fastidieux travail de Yassine, Ali et moi-même, la participation n’aurait jamais été aussi importante. A l’instar du bureau n°10 des Oriels, quartier populaire par excellence, où le nombre de votants a bondi de 60 %, passant de 384 votants aux municipales 2020, scrutin généralement mobilisateur, à 614 suffrages exprimés lors de cette présidentielle. C’est donc avec le sentiment du devoir accompli que nous attendions l’échéance d’après : les législatives.

Hélas, le paternalisme des uns et le carriérisme des autres matérialisent ce plafond de verre qui veut nous maintenir, au pire au rang de spectateurs, au mieux au rang de colleurs d’affiches. Je vous le dis, chers camarades, ce temps est révolu.

Nous poursuivons aujourd’hui d’autres buts, d’autres idéaux. Nous souhaitons « en être ». Nous souhaitons nous engager pour notre ville, notre pays, notre nation. Pour notre circonscription, disons-le clairement. Quand bien même nos cheveux sont crépus et nos visages basanés, ils peuvent tout autant que les autres incarner l’attachement viscéral aux valeurs de la République.

*****
Jaouad El Amrani est un Drouais engagé sur les questions de citoyenneté et de la vie de la cité.

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Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par pie-stache le 09/05/2022 13:10 | Alerter
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Le paternalisme et le carriérisme des « insoumis » que vous identifiez aujourd'hui me rappelle exactement l'expérience que j'ai vécue à l'occasion des campagnes présidentielle et législative de 2017, lorsque je m'étais engagé dans ma ville en faveur de Mélenchon.
Dans un premier temps, avant la présidentielle, la France insoumise parlait de luttes sociales, d’engagement citoyen, dressait des constats accablants sur le libéralisme économique et la 5e république. L’écho que rencontrait la France insoumise était nécessairement fort pour beaucoup de gens qui voyaient en son discours une analyse pertinente de la situation politique et une raison d’espérer son amélioration prochaine. Nous étions une bonne trentaine dans ma ville à nous être manifestés et engagés dans le cadre du « groupe d’appui » que j’avais lancé au retour de la « convention nationale » de Lille, en octobre 2016. Je me souviens d’ailleurs que, dès le début, mon initiative n’avait pas été du goût des deux représentants du Parti de gauche dans cette ville en question.

Puis, après la présidentielle, tandis que s’ouvrait la séquence des élections législatives, l’implication citoyenne jadis mise en avant par le mouvement « insoumis » devait laisser la place aux intrigues partisanes locales. Les militants du groupe d’appui que nous étions ont constamment été écrasés sous le poids des chefferies partisanes (PG, PCF, PS…). À titre d’exemple, la campagne législative des insoumis dans ma circonscription avait été dirigé...  


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