Religions

Quand l'Aïd rime avec début du Haj...

Rédigé par Bouali Houda | Jeudi 13 Février 2003 à 00:00

Ce 11 février 2003 est une date de fête pour la communauté musulmane. Dans le monde entier, chacun fête l’Aïd comme il se doit. En Arabie saoudite, ce n’est pas tant le sacrifice du mouton qui importe mais principalement le début du pèlerinage et de ces rites.

Lakhdar Bouali nous raconte les débuts du Haj, en compagnie de son groupe de français.



 Ce  11 février 2003  est une date de fête pour la communauté  musulmane. Dans  le monde entier, chacun fête l’Aïd  comme il  se doit. En Arabie saoudite, ce n’est pas tant le sacrifice du mouton qui importe mais principalement le début du pèlerinage et de ces rites.

Lakhdar Bouali nous raconte les débuts du Haj, en compagnie de son groupe de français.

 

Les dix premiers jours, Lakhdar et son groupe les ont passés à Médine( Madinat an-nabi soit la ville du  Prophète). Des visites de nombreux sites de l’histoire musulmane étaient au programme : le tombeau  du  Prophète, Al  Baqi’ (cimetière ou  sont enterrés de nombreux compagnons), Al Jabal  Uhud, la fameuse montagne  où s’est déroulée  la bataille de Badr et où  Hamza ( oncle du prophète)  est enterré.

  En  route pour la ville Sainte…

Puis le  2 février, ils ont roulé  pendant 415 kilomètres  en  direction de la Mecque    ils sont arrivés le soir même, à  leur hôtel à  seulement  100 mètres de la Ka’ba. Lakhdar est très content, car ça sera plus facile  vu le nombre  élevé de personnes à  sa charge. Il est vrai qu’il n’est pas rare de voir des personnes qui se perdent, la proximité de la Kaa’ba est donc la bienvenue. Les badges sont donc de mises, où le nom et le numéro du groupe sont inscrit.. Aussitôt  arrivés à la Mecque, ils ont commencé par faire leur procession de circumambulation sept fois autour de la Ka’ba en commencant chaque tour  par la pierre noire sacrée. A la fin des sept tours,  ils ont fait  une prière de deux rak’ates derrière  la station  d’Ibrahim ( Maquâme ibrahim). Les pèlerins ont avoué n’avoir saisi le but de leur voyage qu’à ce moment précis. Ils se sont ensuite  sereinement  dirigés vers le monticule d’Al-Safa où  des invocations  étaient  récitées d’une seule, à l’unisson. Puis, ils sont allés au monticule d’Al Marwâ  avec les mêmes invocations. Ils ont du  faire sept trajets pour achever leur Saï (procession) entre Al-Safa et Al Marwâ.

Après cette journée de Oumra ( préalable au haj mais pas obligatoire), ils ont eu  6 jours à leur disposition où ils  géraient  totalement leurs  occupations. Alors que certains  se  concentraient dans les prières et les invocations, d’autres préféraient  faire des emplettes ou  d’autres encore conjugaient les deux. Mais pour tout le monde, l'exaltation était là, même pour Lakhdar qui s’y rend pour la onzième fois.

 

…pour effectuer le Haj

Le 10 février ( 8éme jour de Doul Hija des mois de l’année lunaire), ils on revêtis les habits rituels d’Ihram (état de sacralisation, deux étoffes de tissus blancs non cousus pour les hommes) en prononçant leur vœu du  Haj dite Talbiya : «  Je réponds à  votre appel Allah,  pour le Hajj, oui je réponds à votre appel… ». Le groupe s’est ensuite dirigé vers Minnâ à 17 kilomètres de la Mecque.

Sitôt  le soleil  du   neuvième jour levé, Lakhdar les a conduit à  Arafat  calmement. C’est le véritable commencement du Haj : « ouakafa al ‘arafa » (stationnement à ‘Arafa)..

Tous les pèlerins du  monde entier s’y  retrouvent. Les bousculades y sont fréquentes. Ils y célèbrent les 2 prières de Midi  et de l’Après-midi conjointement avec un seul appel  à  la prière (Adhane). Lakhdar Bouali préconise à son groupe de faire beaucoup d’invocations  et d’implorations possibles, en faisant face à  la Ka’ba. Chacun se recueille seul  dans ses prières mais tous avec le même état d’esprit, se rapprocher de Dieu. Le sentiment  des pèlerins est confus : « ils n’arrivent pas à  l’exprimer,  ils sont soulagés,  se sentent légers et proche d ‘Allah. » nous confie Lakhdar.

Au  coucher du  soleil, ils se sont dirigés à  Muzdalifah (10 kilomètres de Arafat) avec calme et dignité respectueuse en récitant la Talbiya. Encore une fois, ils y  établissent conjointement la prière du Coucher du  soleil  et du  Soir et là  aussi  avec un seul  Adhane et  deux Ikamâh. Ils y ont passé la nuit. Les pèlerins ont l’air inépuisables et même la nuit, ils  multiplient les invocations.

Après la prière de l’Aube, ils reprennent la direction de Minnâ en répétant la Talbiya munis de sept  petits cailloux seulement pour les lancer sur le socle (Jamarat) d’Al Akaba.

Une fois arrivés, les fidèles ont lancé successivement un à  un, les sept cailloux sur la grande Jamarat Al Akaba (stèles).

 

Sacrifice du Mouton délégué aux autorités saoudiennes

Ensuite, ils ont procédé à l’immolation  de l’offrande. .

Mais il  faut    savoir, qu’à  la Mecque, ce n’est pas que la « fête du  mouton », comme on la surnomme en France. Tandis que partout ailleurs,  le sacrifice du  mouton est un acte primordial  pour les musulmans, les pèlerins, eux, en général, délèguent cette tache aux autorités saoudiennes. En effet, sur place, les pèlerins, se contentent  d’acheter un mouton qu’ils ne verront certainement pas, même si  quelques personne  tiennent à faire le sacrifice eux-mêmes.

Le gouvernement  saoudien a installé une structure qui vise à   redistribuer  la viande à des pauvres. Elle dessert  également les pays alentours, notamment, le Yémen.

Par la suite, les pèlerins se trouvent en état de désacralisation et peuvent porter leurs habits « civils ».

En écoutant Lakhdar  nous relater tous ces évènements, on a pu  constater une fatigue, mais une fatigue agréable. Il a comparé les pèlerins à des enfants  émerveillés dans un parc d’attractions, «  mais là, les attractions sont gratifiantes  pour l’au-delà » a-t-il  ajouté.

Le retour est pour bientôt et le groupe de pèlerins  commence déjà à  être nostalgique, mais avant, ils ont encore quelques rites à effectuer. Le voyage n’est donc pas totalement terminé.