Points de vue

Quand Tsahal s’invite à Paris

Rédigé par Bahri Fouad | Samedi 27 Novembre 2004 à 00:00

Le KKL, mouvement sioniste, organise le 29 novembre, un gala au Théâtre du Gymnase, à Paris, pour le profit de l’armée israélienne.



Le KKL, mouvement sioniste, organise le 29 novembre, un gala au Théâtre du Gymnase, à Paris, pour le profit de l’armée israélienne.

 

Smaïn est de retour. Le comique d’origine maghrébine qui présente son tout nouveau spectacle « Rebelotte », se produit actuellement au Théâtre du Gymnase. Mais lundi 29 novembre, ce n’est pas Smaïn qui montera sur scène. C’est à un tout autre spectacle que sera convié le public parisien, dans cette salle située 38, boulevard Bonne Nouvelle, dans le 10è arrondissement. Il pourra assister et même applaudir un gala dont les fond collectés financeront officiellement le bien être …. Du soldat israélien.

Apologie de guerre

On pourrait croire que le slogan n’est pas sérieux, de par l’énormité même du propos. Et pourtant, Paris ne sera que l’ultime étape d’un gala qui a déjà débuté le 15 novembre dernier à Toulouse, puis s’est poursuivi à Montpellier, Lyon, Marseille, Metz et à Strasbourg, le 25 novembre.

 

Cette tournée, qui présente la troupe de l’armée de l’air israélienne baptisée « Lahakat Hel Avir » est organisée par un mouvement sioniste intitulé KKL (Keren Kayemeth Leisrael), qui se mobilise pour Tsahal (l’armée israélienne) « dans le cadre de sa campagne de développement du Néguev ».

Le mouvement, dont le sigle n’est pas sans rappeler celui du Ku Klux Klan (KKK), propose « un tour de chant, des projections vidéos » et « des surprises…dans toute la France. » En fait, il s’agit clairement pour le KKL, au delà du mince apport financier d’un tel projet, d’une opération de propagande visant à améliorer l’image de marque de l’armée d’un Etat plusieurs fois condamnés par des résolutions de l’ONU et coupable de crime contre l’humanité.

La France représente dans cette tournée une étape fondamentale et un enjeu, en raison de sa traditionnelle position équilibrée dans le conflit israélo-palestinien et du refroidissement des relations entre Tel Aviv et Paris.

Cela dit, la fête ne devrait pas être au rendez-vous. Certains, en tout cas, tel qu’Euro-Palestine et le CAPJPO, se le promettent. Ces deux mouvements, engagés depuis longtemps dans la lutte contre les crimes de l’armée sioniste, en Palestine et qui militent pour une paix juste au Proche-Orient, sont choqués qu’un tel spectacle puisse se produire dans le pays des droits de l’homme. On se souvient que le 8 mars dernier, ces mouvements étaient parvenus à faire annuler une représentation similaire, au Palais des Congrès, préparée par une autre organisation sioniste, l’association pour le bien être du soldat israélien.

Présidente de CAPJPO, Olivia Zémor dénonce « le caractère excessivement choquant de ces collectes, sur notre sol, de fonds pour une armée d’occupation, qui bafoue les Conventions de Genève et les résolutions de l’ONU, massacre en Palestine, et menace la paix dans le monde. » Elle appelle les citoyens français à écrire et téléphoner au directeur du théâtre, Jack Bertin, pour obtenir l’annulation du gala.

Depuis plusieurs jours, des militants d’Euro-Palestine distribue des tracts devant la salle et annonce une manifestation le soir de la représentation. L’objectif est de créer des rassemblements quotidiens, dans l’espoir éventuel de provoquer des troubles à l’ordre public, seul motif qui permettrait à la Préfecture de Paris d’annuler le « show » israélien.

Alors, les militants d’Euro-Palestine parviendront-ils à annuler, pour une seconde fois, cette tournée de soldats « enfants », « aux voix sublimes » et « émouvantes », selon KKL ? Réponse, lundi prochain.