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Points de vue

Profanation à Tarascon : unissons nos cœurs pour dire NON à ceux qui sèment la haine et la barbarie

Rédigé par Mohammed Moussaoui | Dimanche 9 Mai 2010 à 19:56

           

La cérémonie de recueillement, organisée à l’appel du CFCM, ce dimanche 9 mai, au cimetière de Tarascon (Bouches-du-Rhône), à la suite de la profanation de sept stèles de soldats musulmans morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale, a rassemblé près de 400 personnes. Étaient présents de nombreux élus locaux, des représentants religieux juifs, chrétiens et musulmans, des représentants des anciens combattants mais aussi le ministre de l’Intérieur, en charge des cultes, Brice Hortefeux. Voici le discours prononcé par Mohammed Moussaoui, président du CFCM.



Mohammed Moussaoui : « Rien ne peut justifier cette banalisation de la haine comme rien ne peut pardonner la stigmatisation de l’Autre. »
Mohammed Moussaoui : « Rien ne peut justifier cette banalisation de la haine comme rien ne peut pardonner la stigmatisation de l’Autre. »
Nous sommes rassemblés, aujourd’hui, en ce lieu chargé d’Histoire, où reposent des hommes de toutes origines, de toutes confessions et de toutes conditions. Des hommes d’honneur et des soldats valeureux qui ont donné leurs vies pour la France.

Notre émotion est forte de nous retrouver, ici, dans ce cimetière, partagés entre le souvenir de ces hommes, qui ont enduré bien des privations et des souffrances, et la grande tristesse de voir leurs mémoires souillées et profanées par des individus sans conscience et sans morale.

Faut-il encore le rappeler ? Oui, nous sommes indignés par la triste série de profanations qui frappent nos mosquées, les tombes de nos morts et les stèles de nos soldats.

Il y a à peine quelques jours, non loin d’ici, des individus se sont attaqués à la mosquée d’Istres et l’ont criblée de balles, plongeant ainsi ses fidèles dans l’angoisse et l’inquiétude.

Pas moins de quinze mosquées ont été victimes de profanations depuis le début de l’année 2010.

Quant aux profanations de tombes de soldats musulmans morts pour la France, nous gardons bien en mémoire l’acte odieux et insultant qui a été sciemment commis alors que la communauté musulmane de France célébrait l’Aïd al-Adha (Aïd El-Kébir), en décembre 2008, la fête la plus importante du calendrier musulman. Plus de 500 tombes de soldats musulmans morts pour la France, en 1915, ont été honteusement souillées et dégradées.

Que dire aussi de l’acte lâche et insultant qui a visé huit tombes de soldats marocains morts pour la France dans le cimetière de Montjoie-Saint-Martin, dans la nuit du 20 au 21 octobre 2009 ?

Aujourd’hui, les souvenirs de ces actes ressurgissent à travers cette nouvelle agression qui n'est, une fois de plus, que l’expression d’une haine innommable et d’un acharnement raciste et odieux.

Ces individus lâches se sont acharnés à souiller les tombes de ces soldats musulmans qui se sont vaillamment battus pour défendre la France. Un tel mépris est une insulte aux valeurs et principes de la République. Doit-il rester impuni ?

Non ! Cette grave atteinte à l’honneur et à la mémoire de ces hommes morts pour la patrie doit être punie avec la plus grande sévérité et nous attendons fermement des pouvoirs publics qu’ils déploient tous les moyens nécessaires pour que ces actes abjects ne se renouvellent plus.

Aujourd’hui, nous assistons à une montée et à une banalisation du racisme, de l’islamophobie et de l’antisémitisme. Devons-nous l’accepter comme une fatalité sans rien tenter pour y remédier ? Non ! Car rien ne peut justifier cette banalisation de la haine comme rien ne peut pardonner la stigmatisation de l’Autre.

À ce propos, je tiens à saluer l’esprit de responsabilité dont ont fait preuve les musulmans de France, qui, au lieu de céder aux provocations, ont privilégié le dialogue et l’apaisement.
L’islam est une religion de paix et les amalgames dont sont victimes les musulmans et leur religion ne sont ni tolérables ni acceptables.

Les crispations et le repli sur soi sont un frein et une menace pour le vivre-ensemble. Nous devons les combattre et le plus tôt sera le mieux. Notre mission commence dès l’école. Apprenons à nos enfants à mieux se connaître, à être plus respectueux les uns envers les autres. Les différences culturelles ou cultuelles sont une richesse inestimable et offrent une belle ouverture sur le monde.

Comme le disait le Président de la République, le 26 janvier dernier, en s’inclinant devant la mémoire et le sacrifice des soldats qui reposent à Notre-Dame-de-Lorette : « Être Français, c’est appartenir à une nation qui s’est construite, au fil de l’Histoire, siècle après siècle, en surmontant bien des épreuves, en relevant bien des défis, en représentant tant d’espoirs et de promesses, en portant des valeurs et des idéaux à vocation universelle. La France n’est pas une page blanche. Être Français, qu’on le soit de naissance ou qu’on le devienne, c’est avoir la France en héritage, non pas comme un patrimoine figé qui devrait être jalousement gardé dans un musée, mais comme un héritage qui n’aurait d’autre testament que de nous en montrer dignes et de le faire fructifier pour les générations futures. »

Nous devons, également, nous montrer plus attentifs quant à la place et à l’image que donnent les manuels scolaires de l’islam et des musulmans. Souvent les incompréhensions naissent d’une présentation tronquée ou erronée.

En souvenir des soldats qui reposent au cimetière Notre-Dame-de -Lorette, je fais mienne une citation du Président de la République : « Aux esprits oublieux, aux esprits ignorants, faut-il rappeler les faits d’armes de cette armée d’Afrique qui rendit à la France son honneur militaire ? (…) Tous les hommes qui reposent dans ce cimetière, tous ces hommes désormais irrémédiablement unis dans la mort, ont fait le sacrifice de leur vie pour que perdurent au-delà de leur existence la France et les principes de notre République. (….) Nous n’avons pas le droit de l’oublier. Sachons donc, quelles que soient nos convictions, quelles que soient nos croyances, quelles que soient nos origines, nous montrer dignes de leur exemple et de leur courage. »

Ce message exprimé par le Président de la République, en début de cette année, au nom de toute la nation, n’a malheureusement pas été écouté et respecté par les auteurs de cette nouvelle profanation.

Unissons nos cœurs pour dire NON à ceux qui sèment la haine et la barbarie. Unissons nos forces pour dire haut et fort : « Plus jamais ça. »


* Mohammed Moussaoui est président du CFCM (Conseil français du culte musulman).






Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Selda le 15/05/2010 00:44 | Alerter
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S'il est bien entendu légitime de condamner toute exaction, crier au racisme pour parler d'une religion frise la confusion mentale. Mais quand on apprend que l'auteur de faits est d'origine maghrebine et agé de 14 ans.... M. Moussaoui est totalement déconsidéré dans sa recherche systématique de la posture de victime.
Quelle honte !
http://www.laprovence.com/article/region/tarascon-le-profanateur-des-steles-musulmanes-a-14-ans


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