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Prison ferme pour la profanation de tombes musulmanes

Rédigé par Laila Elmaaddi | Jeudi 10 Mai 2007 à 09:51

Hier soir, deux des auteurs des dégradations commises en avril dans le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire, près de Lens (Pas-de-Calais), ont été condamnés à Arras à deux ans de prison, dont un ferme.



Notre-Dame-de-Lorette est la plus grande nécropole militaire de France. Plus de 30.000 soldats tués lors de la Première Guerre mondiale y reposent.

Comparution immédiate

Deux jeunes gens de 18 ans et 21 ans qui avaient reconnu la profanation d'un cimetière militaire dans la nuit du 18 au 19 avril ont été condamnés par le tribunal correctionnel d'Arras (Pas-de-Calais).

Le procureur Jean-Pierre Valensi, évoquant des "actes minables" et la nécessité de faire "un exemple pour tous les nazillons de leur espèce", avait requis deux ans de prison dont un avec sursis contre Steeve, présenté comme l'"instigateur" des faits, et dix-huit mois de prison dont neuf avec sursis à l'encontre de Vincent.

Les deux prévenus ont en outre été privés de leurs droits civiques pour une durée de trois ans. Cette peine est assortie d'une obligation de soins psychologiques et alcoologiques.

Ils étaient jugés en comparution immédiate et sont incarcérés depuis le 22 avril.


Des idées confuses

Steeve Castel, un chômeur de 21 ans, et Vincent Ledieu, un lycéen de 18 ans, avaient peint des inscriptions nazies et racistes sur 52 stèles de soldats musulmans tués lors de la Première Guerre mondiale et un ossuaire. Le troisième auteur présumé de la profanation, un mineur de 16 ans, sera jugé jeudi par le tribunal des enfants du tribunal correctionnel d'Arras.

Lors de leur garde à vue, ils avaient avoué des motivations racistes. Le procureur de la République d'Arras avait évoqué "des idées confuses, une idéologie skinhead et néo-nazie".

Quatre associations s'étaient constituées partie civile

A l'audience, les deux hommes, cheveux ras et tête baissée, n'ont pas expliqué leurs motivations et ont présenté des excuses, ce qu'ils avaient déjà fait par écrit via leur avocat.

L'avocat des deux hommes, Me David Lefranc, a demandé aux juges de faire abstraction "de leur look, fait pour faire peur" en demandant "de ne pas en faire des héros de la cause skinhead en leur infligeant de trop lourdes peines".

Poursuivis pour dégradations graves commises en réunion à raison de l'appartenance à une nation, une ethnie, une race ou une religion, les prévenus encouraient cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Quatre associations qui s'étaient constituées partie civile, dont SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), le Conseil régional du culte musulman (CRCM) et l'Association des anciens mineurs marocains du bassin minier, ont obtenu 1 euro symbolique de dommages et intérêts.