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Points de vue

Pourquoi s'efforcer au quotidien d'avoir une bonne opinion envers l'autre

Rédigé par Faten Louati-Khalfet | Vendredi 3 Mars 2023 à 08:30

           


Et si l’on prenait le temps de s’arrêter sur notre façon d’être aux autres ? A tout être humain, à notre famille, à nos collègues, à tous nos frères et sœurs en humanité ou en religion. Un temps pour se questionner, avec sincérité, essayer de comprendre ce qui peut nous pousser à juger l’autre avec tant de facilité et quels peuvent en être les effets.

C’est parfois devenu un automatisme, presque un réflexe, de poser sur l’autre un regard très critique. Faire preuve envers lui, envers elle, d’une critique qui ne soit pas constructive. Chercher son défaut, son éventuelle mauvaise intention, sa faute, sa faiblesse… tout ce qui nous permettrait de porter un jugement négatif.

Cependant, les croyants sont appelés à veiller à ce qu’ils pensent, à éviter la mauvaise opinion. Dieu, qu’Il soit Exalté, nous recommande, Lui-Même, de nous éloigner des opinions infondées, négatives.

« Ô croyants ! Évitez de trop conjecturer sur les autres, car il est des conjectures qui sont de vrais péchés. Ne vous épiez pas les uns les autres ! Ne médisez pas les uns des autres ! (…) » (Coran, sourate 49, verset 12)

L’autre, un autre monde

L’autre a des paroles, des attitudes, des comportements que nous ne comprenons pas toujours, que nous pouvons être tentés d’interpréter négativement. Avant de le juger, rappelons-nous qu’il ne pense pas de la même façon que nous, que ses ressentis, sa personnalité et son vécu sont autres. Son histoire, son éducation et son cheminement sont autres. L’autre est un autre monde, un monde qui a sa propre logique et ses propres difficultés.

C’est avec un regard de douceur et de miséricorde que nous devons l’aborder. Trouver à chacun des excuses, essayer de se mettre à sa place, considérer ses éventuels obstacles personnels et, surtout, éviter de porter des jugements hâtifs. Porter un regard empreint d’amour, ce regard et cette attitude qui nous aident à atteindre Son Amour. Nous l’atteignons, Son Amour, s’Il le veut, en aimant Ses créatures, en faisant preuve avec elles de bienveillance et d’indulgence.

Faire preuve d’empathie

Notre sœur ou notre frère qui se sent jugé, peut vivre cela difficilement. Se sentir jugé, c’est se sentir coupable et amoindri. Et ne pas trouver auprès de notre sœur ou de notre frère cette bienveillance que nous aurions aimé trouver, c’est nous sentir moins en confiance avec elle ou lui, penser que toute faute ou toute faiblesse de notre part risque d’être mise en lumière.

Cela peut blesser plus ou moins douloureusement et parfois même nous éloigner. Certains peuvent finir par délaisser les lieux de culte, la communauté, le groupe ou même la pratique religieuse, faute d’avoir ressenti qu’ils étaient compris et acceptés. Faute d’avoir reçu un regard de douceur, de compréhension et d’aide. Se sentant ainsi jugés, ils ont parfois préféré s’éloigner.

C’est dire comme il est important de s’efforcer de porter une bonne opinion, un regard indulgent et de toujours tendre la main, d’être attentif à l’autre, à son état.

Il est nécessaire de prendre conscience, individuellement et collectivement, de ce que « juger l’autre » signifie réellement.

Vouloir cheminer avec nos sœurs et frères, c’est prendre soin d’eux, s’efforcer à avoir la bonne opinion, apprendre à faire preuve de bienveillance à leur égard, à conseiller l’autre de façon adaptée.

C’est lorsque l’on se sent pleinement accepté, malgré et avec nos différences et nos faiblesses, que l’on peut construire ensemble et, si Dieu le permet, appeler à Lui.

De la bienveillance pour grandir vers le meilleur

La bonne opinion est aussi fondamentale au sein de la famille, particulièrement avec les enfants. Poser sur eux un regard bienveillant, positif, optimiste, un regard qui valorise toujours ce qu’il y a de bien en eux, qui les aidera à grandir vers le meilleur. Les juger, c’est risquer de les enfermer dans une vision négative d’eux-mêmes.

Voir en eux de belles qualités les aidera certainement à les développer et cela est aussi une réalité avec les adultes.

Lorsque l’autre voit le bien qui est en nous, qu’il nous l’exprime, nous valorise, cela nous donne de l’espoir et nous aide à nous améliorer. Cela n’empêche pas le conseil bienveillant, qui peut s’exprimer parfois sans mot. Servir de modèle à l’autre, c’est lui permettre de s’améliorer progressivement par mimétisme.

Le Messager de Dieu, paix et bénédiction sur lui, nous enseigna : « Le croyant est le miroir du croyant. »

Et nous dans tout cela ? Qu’est-ce que nos jugements disent de nous ? Cet autre, avec tous ses défauts, toutes ses fautes, toutes ses faiblesses et tous ses manquements, qui nous semblent parfois insupportables, ne nous renvoie peut-être qu’à nous-mêmes. Il n’est certainement que le reflet de tous ces défauts, ces fautes, ces faiblesses et ces manquements qui se trouvent en nous-mêmes…

Nos jugements et notre cheminement

La mauvaise opinion peut être un obstacle dans notre cheminement vers Dieu. En effet, juger l’autre, lui accorder peu d’estime tandis que l’on s’accorde à soi une haute estime, c’est risquer de faire preuve d’un certain orgueil.

Bien au contraire, le croyant, parce qu’il chemine vers Son Seigneur, fait preuve d’introspection et prend davantage conscience de ses propres défauts, de tout ce qu’il lui reste à améliorer. Il se tourne alors vers Lui, plein de crainte quant à son état intérieur, à ses manquements.

Tout préoccupé qu’il est à essayer de s’améliorer jour après jour, conscient de tout ce long chemin qu’il lui reste à parcourir, dans une constante introspection et réclamant sans cesse des
comptes à son propre égo, il ne peut que regarder l’autre avec miséricorde.

Notre bien-aimé Prophète, paix et bénédiction sur lui, a dit : « Le Miséricordieux fait miséricorde à ceux qui sont miséricordieux. Faites miséricorde à ceux qui sont sur la Terre, alors Celui qui est dans les Cieux vous fera miséricorde. » (rapporté par At-Tirmidhi)

C’est bien cette miséricorde, que l’on réserve à nos semblables, qui nous donne l’espoir d’obtenir celle de notre Créateur.

Lorsque l’on chemine vers Lui, on apprend à adopter une attitude empreinte d’humilité : « (…) Et fais bonne annonce aux humbles. » (Coran, sourate 22, verset 34)

Une humilité sincère nous aide à réserver à l’autre la meilleure opinion, à lui trouver des excuses, à essayer de nous mettre à sa place, de comprendre son histoire, son éducation, sa différence… à le penser meilleur que nous. Et lorsque nous sommes déçus par son attitude ou ses paroles, efforçons-nous d’éviter les jugements hâtifs. En cas de désaccords, de divergences (qui sont en réalité une richesse), apprenons à nous remettre nous-mêmes en cause, à nous questionner sur nos propres attitudes intérieures.

Son propre égo mis au défi

Au fond, juger l’autre, s’empresser de chercher ce qu’il y a de négatif en lui, cela ne dit rien de l’autre mais cela dit tellement de nous. Lorsque ces pensées nous viennent, c’est l’occasion de nous observer, de surveiller notre propre égo.

C’est l’occasion de suivre le modèle du noble compagnon Omar, que Dieu l’agrée, qui, tout en occupant les plus hautes fonctions, ne cessait de porter une attention constante et exigeante sur son intérieur et son égo. Nous rappeler que nos ennemis sont avant tout intérieurs.

« T’appliquer à découvrir tes défauts cachés vaut mieux pour toi que de t’évertuer à découvrir des mystères qui te sont cachés. » (Les sagesses, Ibn ‘Ata Allah As-Sakandarî)

Apprendre à garder la bonne opinion de l’autre, c’est d’abord éduquer son propre égo. Nous tourner vers nous-mêmes pour tenter de nous améliorer. Ne pas considérer ce que nous avons pu atteindre spirituellement comme un acquis, rester toujours dans la crainte de ce que Dieu sait de nous. Projeter nos jugements vers nous-mêmes pour cheminer tous ensemble vers Lui.

Aimer l’autre, c’est lui chercher des circonstances atténuantes, des raisons, voir en lui le bien. Essayer de poser sur lui un regard de miséricorde, de bonté, d’indulgence, de douceur, de pardon. Ce même regard que l’on aime recevoir quand nous faisons des erreurs, quand nous n’avons pas été à la hauteur, quand nous aurions pu mieux faire.

On demande à Dieu de nous permettre de cheminer, de nous aider à toujours garder le bon jugement, la bonne opinion de nos semblables.

On Lui demande de nous permettre de nous améliorer constamment au contact de nos frères et sœurs qui ont tant de qualités dont nous pouvons nous imprégner, qui portent en eux tant de richesses, si nous prenons la peine de les considérer.

Des trésors présents en chacun de nous qui deviendront ensemble, si Dieu le veut, une belle lumière pour aller à Lui.

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Première publication sur le site de Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM).

Lire aussi :
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Connaitre ses limites et les faire respecter




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par maria le 04/03/2023 14:28 | Alerter
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