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Points de vue

Pour la naissance d'une nouvelle conscience : la clé de l'éducation à la culture de paix

Journée internationale du vivre ensemble en paix 2023

Rédigé par Khaled Bentounès | Lundi 15 Mai 2023 à 09:30

           


Que dire de l’état du monde d’aujourd’hui sinon qu’il se trouve confronté à une mutation et à un brassage spectaculaires. La mondialisation étend sa toile, faisant fi de toutes valeurs universelles. C’est en apparence le règne souverain de l’uniformité et de la globalité. Cette dynamique, loin de nous conduire vers l’unité, nous amène vers un monde binaire, dualiste, de plus en plus fracturé. L’Orient et l’Occident tendent à s’opposer, nourrissant de plus en plus les antagonismes. Une nouvelle approche s’impose : comment trouver des remèdes et des solutions aux problèmes que nous constatons individuellement et collectivement liés à la situation inquiétante que nous traversons.

Ce constat nous interpelle au plus profond de nous-mêmes et nous rappelle qu’être humain est avant tout un état de conscience, qui se situe au-delà de l’appartenance à une communauté, une religion ou une culture. Nous nous rendons confusément compte que nous avons tous impérativement besoin d’une nouvelle conscience pour faire face aux défis planétaires qui se présentent à nous, qu’ils soient sociaux, politiques, écologiques, climatiques, économiques ou spirituels.

Sortir de notre inconscience, un facteur clé pour atteindre la paix avec soi, avec l’autre et avec le reste du vivant

Une nouvelle vision s’impose pour ouvrir en nous un espace où l’autre a droit à sa place et à sa dignité. Elle seule peut nous conduire vers une remise en question de nos systèmes, du but que nous donnons à nos vies et à notre façon d’être au monde. Pour vivre et prospérer, notre société a besoin d’une vision partagée, d’un dénominateur commun qui l’unit à travers un idéal porteur de sens et de cohésion. Ainsi, chacun peut prendre conscience qu’il est membre d’un même corps et que, tout en agissant pour le bien commun, il agit pour son bien propre.

Sortir de notre inconscience est un facteur clé pour atteindre la paix avec soi, avec l’autre et avec le reste du vivant. En affirmant le choix de notre interdépendance et de nos responsabilités envers les autres êtres humains et envers la planète Terre, nous pouvons agir de manière plus éthique et plus respectueuse, favorisant ainsi la justice, l'égalité, la coopération. Cet effort impératif doit contribuer à réduire les tensions, les conflits et les violences. Il devient un guide vertueux universel pour promouvoir des décisions capitales qui préservent l’avenir des jeunes générations tout en nous réconciliant les uns avec les autres.

Pour la naissance d’une nouvelle conscience en mettant la paix au cœur des enseignements

Pour atteindre un état de paix durable, il faut réfléchir aux conséquences de nos choix individuels et collectifs et aller vers des changements de comportement, de mentalité et de politique à différents niveaux, depuis le local jusqu'au global. Sortir de la culture du JE pour aller vers la Culture du NOUS. C’est là que l’éducation à la Culture de Paix, dès l’enfance, entre en jeu pour la naissance de cette nouvelle conscience en mettant la paix au cœur des enseignements et des apprentissages.

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO – Londres, 16 novembre 1945.

Comme siège de notre bien-être, la conscience peut favoriser l'empathie, la tolérance, la coopération et l’économie de paix. La prise en compte de la complexité et de la diversité des réalités sociales, culturelles et politiques permet de mieux comprendre les enjeux et les défis qui se posent à la construction d’une culture qui encourage l'engagement citoyen et la participation active à vivre ensemble en paix dans des sociétés plus pacifiques et plus justes : la Culture de Paix.

Nous avons besoin de distinguer ce qui, en nous, est inscrit dans la finitude, du souffle de l’Esprit permanent et éternel qui anime et relie le Tout pour nous enraciner dans une conscience universelle qui nous permet de réaliser notre appartenance à l’Univers et de nous lier de manière responsable au reste du vivant afin de construire la civilisation de l’Universel.

CC BY-NC-SA 2.0/Elias Rovielo
CC BY-NC-SA 2.0/Elias Rovielo

Rétablir le rôle de la médiation, qu’elle soit préventive ou réparatrice

La crise que traverse notre époque nous place dans une urgence qui ne peut être niée. Personne ne peut mesurer les effets dévastateurs qu’elle peut susciter aujourd’hui ou encore pire, pour les générations à venir. Il est temps de rétablir le rôle de la médiation, qu’elle soit préventive ou réparatrice, pour susciter l’espoir, recréer la confiance et rétablir les liens afin que les membres d'une communauté puissent travailler ensemble en synergie, générer des actions collectives pour renforcer la justice sociale, l'inclusion et la tolérance, créant ainsi un climat favorable à la résolution pacifique des conflits.

Former des médiateurs à la maîtrise de leurs propres émotions, préjugés et limites, est impératif pour qu’ils puissent mieux comprendre les parties en conflit et favoriser la communication et la coopération entre elles. Cette aptitude doit les aider à rester impartiaux. Le médiateur ou la médiatrice est un « accoucheur » de solutions créatives, adaptées aux besoins des parties.

Où sont celles et ceux qui peuvent par amour et dévouement répondre à cette attente, celles et ceux qui portent en eux ce Message de réconciliation par l’altérité et l’éveil salutaire qui permet de faire de l’adversaire un associé ?

Pour renouer avec la chaleur de la mélodie du chant, source de vie, que la Terre adresse aux cieux, il appartient aux femmes et aux hommes clairvoyants et sages de remplir le vide médian et de tisser le vêtement de l’entente pour guérir les maux de ce siècle. Le Cheikh Al-Alawi (1869-1934), un sage du XXe siècle, a dit : « La maladie est en toi, et tu ne vois rien. Le remède ne peut venir que de toi et tu n'en sais rien. Tu crois que tu n'es rien de plus qu'un corps minuscule, alors qu'en toi se trouve le Macrocosme avec une majuscule. »

Les chocs sont parfois salutaires. Tout nous pousse à unir nos efforts et prendre le chemin qui réconcilie notre belle planète Terre avec ses habitants. C'est un devoir sacré pour tous et nous ne pouvons fuir cette responsabilité. Mettre nos savoirs, nos avoirs, nos connaissances et notre technologie en synergie au service du bien commun. Agir ensemble pour la paix, le Vivre ensemble, la justice et la dignité. Chacun de nous est une cellule d'un même corps. Il s'appelle « Humanité ».

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Cheikh Khaled Bentounes est fondateur et président d’honneur de l’Association internationale soufie alâwiyya (AISA).

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1.Posté par Rond LEDARON le 23/05/2023 18:44 | Alerter
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