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Culture & Médias

Photo de classe : un documentaire ode à la diversité à l’école

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 25 Novembre 2013 à 06:00

           

C’est une expérience instructive et remarquable qui a été menée dans une classe d’une école du 18e arrondissement de Paris. Durant toute une année scolaire, les élèves ont été amenés à se questionner sur leurs origines. Ce projet documentaire, produit par la société Narrative et baptisé « Photo de classe », sonne comme une hymne à la diversité et contre le racisme ; une vraie bouffée de fraîcheur appréciable dans ces temps de morosité où le racisme prend de son essor.



Les réalisatrices Estelle Fenech et Catherine Portaluppi ont filmé l’aventure originale menée, toute une année scolaire, par 24 élèves d’une classe de CE2 à l’école Gustave Rouannet, dans le 18e arrondissement de Paris. A la rentrée 2012, leur institutrice Julie Noël leur avait donné pour mission d’enquêter sur leurs origines pour permettre à chacun d’en savoir plus son histoire personnelle et celles de ses camarades.

Dans cette classe, « où la plupart des élèves ont des parents ou grands-parents qui ne sont pas nés en France », le projet baptisé « Photo de classe » promettait de voyager. Diffusé en ligne depuis le 20 novembre, en partenariat avec TV5 Monde, le documentaire expose la diversité culturelle de cette classe.



Photos de familles

Afin d’en savoir plus sur leurs origines, les élèves de 8 ans ont été amenés à interroger leurs parents venus de Moldavie, de Chine, du Mali, de l’Equateur, d’Iran ou encore d’Algérie. La moitié des parents ont accepté de témoigner de leur histoire familiale devant la caméra tenue par leur enfant. L’occasion pour certains parents de raconter une histoire qu’ils n’avaient encore jamais livrée à leur progéniture. Les enfants, curieux d’en savoir plus sur leur parcours, les questionnent sur la guerre, qu’ils ont parfois connue dans leur pays d’origine, sur leur vie d’écolier et sur les raisons de leur venue en France. Le projet leur permet ainsi de découvrir le passé de leurs parents et donc leurs origines.

Les parents étaient également invités à partager des photos d’époque. « Ce travail a donné lieu à une vraie rencontre entre l’école, les enfants et leurs parents. Rien que pour cela, le projet valait la peine », témoigne Julie Noël, qui dit avoir été tout particulièrement « émue » lorsque les enfants devaient présenter devant la classe un objet personnel de leur pays d’origine. Tambours, boubou, éventail espagnol, couscoussier... ont été autant d’objets apportés par ses enfants aux origines culturelles diverses.

L'identité en question

En parallèle de ce travail de recherche sur leur identité, les élèves ont pu participer à des « débats philo » durant lesquels ils ont pu échanger sur le racisme et l’immigration. Avec ce travail de réflexion, les enfants ont pu exprimer des visions sur lesquelles devraient méditer les adultes.

A la question, « Qu’est-ce qu’être Français ? », la jeune Lana, d’origine portugaise et guadeloupéenne, répond sans détour : « Je me sens française car je parle la langue française, je suis dans une école française. » Chibou, dont les parents viennent de Guinée, ne comprend pas que les immigrés sans-papiers puissent aller « en prison », comme le suggère l’un de ses camarades, puisque qu’ils « n’ont tué personne ».

« L’important est de se poser des questions sur qui on est pour pouvoir s’intéresser aux autres », souligne leur institutrice. L’atelier « Langues » leur a permis, notamment, de découvrir que beaucoup d’entre eux parlent une langue étrangère à la maison.

Le documentaire retrace ces différents travaux riches en enseignements. « Notre ambition est de nous écarter des craintes et des discours préconçus à l’école, pour faire découvrir que la diversité peut devenir une chance pour les enfants de migrants mais aussi pour leurs camarades de classe », expliquent l’institutrice et les réalisatrices du documentaire.

Un outil pédagogique en préparation

Lilian Thuram, à la tête de Fondation Education contre le racisme, est le parrain de « Photo de classe ». Marie-Rose Moro, pédopsychiatre et auteure du livre Enfants de l’immigration : une chance pour l’école, soutient également ce projet.

Cette expérience pourrait être reproduite ailleurs. Un kit pédagogique à destination des enseignants est en cours de préparation, apprend-on sur le site Photo de classe, qui diffuse le documentaire. Ce projet, qui permet de travailler sur des notions de « français », de « géographie » et d’« arts plastiques » est d’ailleurs « pluridisciplinaire », et a donc toute sa place dans une salle de classe.

Nul doute qu’une telle expérience gagnerait à être généralisée. Eduquer les jeunes générations à l’ouverture d’esprit devient indispensable pour le vivre-ensemble dans une société française métissée.





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par M. le 10/12/2013 17:07 | Alerter
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C'est pas mal... Mais il faut faire attention à ne pas réduire l'histoire et la culture de chaque enfant, de chaque famille, à des elements folkloriques, exotiques (couscoussière, éventail...). Quand j'avais 6 ans, au CP, un petit garçon est arrivé de Chine en cours d'année. Pour éviter que l'attention se focalise sur lui et sa difference et qu'il soit stigmatisé comme "l'étranger" de la classe, notre institutrice a voulu nous montrer que nous sommes tou-te-s different-e-s et nous avons tou-te-s des origines diverses. Donc elle nous a demandé de ramener chacun-e un objet de "chez nous". C'était une initiative plutôt positive, ça partait d'une bonne intention. Mais à cause de l'ignorance de l'institutrice, ça a donné lieu à un souvenir douloureux pour moi : j'avais ramené un livre de cuisine tunisienne, l'instit' l'a feuilleté rapidement et m'a demandé "où est le tabboulé ?", comme s'il manquait quelque chose dans mon livre. moi je ne savais pas quoi répondre... ma mère m'a dit plus tard "le tabboulé c'est libanais, pas tunisien". mais sur le moment, j'ai eu l'impression d'être prise en défaut, qu'il y avait une erreur dans mon livre. l'instit' nous demandait de lui apprendre quelque chose sur ma culture, mais elle prétendait ensuite connaître ma culture mieux que moi, et pointer du doigt un manque dans ce que je lui montrais !!! elle amalgamait dans un folklore indistinct toute la diversité des cultures arabes, sa connaissance sommaire ne lui permettant pas de distinguer l...  


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