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Pas de larmes pour Idi Amin Dada

Rédigé par Bamba Amara | Lundi 18 Aout 2003 à 00:00

Idi Amin Dada, ex-président ougandais est mort ce samedi 16 août dans un hôpital de Djeddah (Arabie Saoudite). Depuis 20 ans, il vivait sous la protection du régime saoudien qui l’avait accueilli à la condition qu’il quitte définitivement le monde politique. Un monde qui n’était pas fait pour lui. Idi Amin est entré en politique comme on entre dans une arène : pour faire le clown. Huit années durant, il fut un clown sinistre avant de se réfugier dans l’Islam puis en Arabie Saoudite avec les membres de sa famille.



Idi Amin Dada, ex-président ougandais est mort ce samedi 16 août dans un hôpital de Djeddah (Arabie Saoudite). Depuis 20 ans, il vivait sous la protection du régime saoudien qui l’avait accueilli à la condition qu’il quitte définitivement le monde politique. Un monde qui n’était pas fait pour lui. Idi Amin est entré en politique comme on entre dans une arène : pour faire le clown. Huit années durant, il fut un clown sinistre avant de se réfugier dans l’Islam puis en Arabie Saoudite avec les membres de sa famille.

 

Un bon bougre réputé manipulable

Idi Amin Dada arrive à la tête de l’Etat ougandais avec le soutien d’Israël et de la Grande Bretagne qui voyaient en lui un homme facile à manipuler pour servir leurs intérêts. Ancien champion de boxe au physique impressionnant (1m90, 120 kg), il sera aussi plongeur puis cuisinier. Lorsqu’il s’enrôle dans le 4e bataillon de l'armée coloniale britannique, les anglais voient en lui un 'bon bougre, mais plutôt faible en matière grise'. Le parfait profil pour mater les sujets trop bruyants de la couronne. Ils le poussent donc au pouvoir par un coup d’Etat militaire en 1971. Mais les choses se passèrent différemment. Voyant que les rênes de l’économie lui échappaient, le pouvoir d’Idi Amin se montre rebelle à ses bailleurs.

 

En mars 1972 il s’en prend aux nombreux riches commerçants étrangers. Il expulse 500 ressortissants israéliens en quatre jours et rompt les relations diplomatiques avec Israël, son meilleur partenaire. Il écrit dans la foulée un télégramme au secrétaire général de l'ONU dans lequel il mentionne que 'si Hitler avait envoyé six millions de juifs à la chambre à gaz', c'était parce qu'il savait 'que les juifs vont à l'encontre des intérêts du peuple du monde'. Idi Amin passe définitivement pour un admirateur de Hitler. La même année, il expulse aussi 80 000 commerçants d’origine indienne. Il termine ses frasques par la nationalisation d’une quarantaine d’entreprises étrangères avant de faire passer toutes les compagnies britanniques sous le contrôle de l'État ougandais.

L’Angleterre lui coupe alors tout soutien. L’économie s’effondre. Son pouvoir sombre dans la dictature avec pour obsession : la discipline.

 

Un règne de violence et de terreur

Privé de ses soutiens, boudés par ses voisins, Idi Amin Dada se réfugie dans l’Islam à la satisfaction du colonel Kadhafi et du régime saoudien. L’économie ougandaise chancellera huit années sous la perfusion des pétrodollars. Les mosquées poussent alors sur le territoire ougandais même s’il est reçu par le Pape en 1975.

Le tonitruant chef d’Etat excelle dans les sarcasmes en tout genre à l’endroit des occidentaux, ses maîtres d’hier. Il se fait porter sur un palanquin par quatre anglais, à la manière dont les colons Blancs se faisaient porter par les africains Noirs. Il nargue l’Angleterre en se faisant appeler « Son Excellence le conquérant de l'Empire britannique »

Fardé de signes honorifiques auto-décernés en tout genre, il exigeait du protocole de l’appeler 'Son Excellence le conquérant de l'Empire britannique, El Hadj, Maréchal Docteur Idi Amine Dada, Président à vie de la République d'Ouganda, Commandant en chef des Forces armées ougandaises, Président du Conseil de la police et des prisons'. Pour les fidèles de son régime, il se faisait appeler par le gentil surnom de « Big Dad »

 

Son régime laisse à l’Ouganda un souvenir de violence et de terreur. Des atrocités dont les victimes se chiffrent par centaines de milliers. Les rumeurs lui attribuent des têtes humaines dans les réfrigérateurs de son palais. Mais ces rumeurs ne sont pas vérifiées.

Chassé par un coup d’Etat en 1979, il continuera à défrayer la chronique. Ancien champion de boxe, il propose en 1981 d'organiser un combat dans lequel il affronterait l'ancien champion du monde, Mohamed Ali à des conditions délirantes : le combat aurait lieu à Tripoli (Libye) où, explique-t-il son « frère de sang Kadhafi servira d'arbitre, l'ayatollah Khomeny d'annonceur et Yasser Arafat (...) d'entraîneur.'  Il déclarait aussi, non sans un brin de cynisme : 'depuis que je suis parti, les droits de l'Homme ne sont plus respectés en Ouganda'.