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Points de vue

Parler l'arabe en Afrique Noire, le cas du Sénégal

Rédigé par Bakary Sambe | Lundi 29 Mars 2004 à 00:00

           

La sacralisation de la langue arabe a contribué à l'expansion de l'islam et vice versa. Avec la colonisation française, l'enseignement de cette langue, son usage, ainsi que sa promotion vont se muer en véritable enjeu politique. Ne concernant qu'une certaine élite - princes et riches commerçants – et marginal à ses débuts, la conversion des Africains à l'islam, connut un accroissement exponentiel dès les premières années de la conquête coloniale française.



Parler l'arabe en Afrique Noire, le cas du Sénégal
Dans le cadre précis du Sénégal, résister à la colonisation signifiait aussi un rejet de la culture qu'elle véhiculait et forcément la langue qui en était le support : le français.

Après l'effondrement des résistances armées menées par la chefferie locale Ceddo, ce sont les marabouts qui prirent le relais. Leur résistance sera, plutôt, d'ordre culturel ; un moyen de trouver une alternative à la politique d’assimilation menée par le colonisateur, pour ne pas y céder. Dans ce contexte, l'arabe va être, pendant longtemps, privilégiée par les lettrés musulmans, d'une part, en ce qu'elle est la langue du Coran et, de l'autre, par son côté alternatif et libérateur du joug - au moins culturel et linguistique - colonial.

Le français, quant à lui, avait du mal à se débarrasser de son étiquette de langue de la colonisation, avec tout ce que cela impliquait pour son image. Tourner le dos à la langue française avait, alors, deux significations, politique et religieuse : résister à une domination culturelle et affirmer sa foi en l'islam.

Pour mieux comprendre cette attitude, rappelons que la langue française est longtemps restée un symbole de domination culturelle. Cela a fini par être la cause d'amalgames, loin d'être naïfs, sur le plan linguistique. Ainsi, « français » se dit en wolof « nasarân » (de l'arabe « nasrânî », nazaréen, chrétien ). Dans les perceptions, le français était conçu comme étant aux antipodes de la religion musulmane. La langue arabe, elle était devenue un refuge et une alternative à la colonisation et à sa politique culturelle basée sur le principe d'assimilation de l’indigène. Ce phénomène était beaucoup plus perceptible en Afrique noire francophone. A la différence des Anglais qui avaient opté pour l’indirect rule, sans aucune volonté de façonner culturellement colonisé, la France a toujours cru être investie d’une mission « civilisatrice » qui passerait obligatoirement par l’assimilation des peuples sous sa domination.

Ainsi, en refusant la domination de la langue et de la « culture française », les Sénégalais, surtout musulmans, ont donné libre cours à une autre : celle de la langue arabe support de la « civilisation musulmane ». Cependant, se considérant comme membre à part entière de la oumma islamique, cette communauté d’identification transnationale, ils sont, peut-être, moins conscients des effets de cette autre domination incorporée, ou, en tout cas forte influence sur les cultures locales.

Tout était fonction des perceptions, des visions et des enjeux de l'heure. cependant, il ne faudrait pas perdre de vue les antécédents historico-culturels ayant favorisé la promotion de l'arabe et facilité son adoption par les Noirs africains musulmans.

Le commerce transsaharien qui s'est développé dès le Moyen-Age se servait de l'arabe et de son alphabet pour faciliter les échanges entre commerçants africains et arabes. D'ailleurs, Khalîl al-Nahwî, remarque que l'impact de l'arabe sur les langues africaines est plus sensible dans le champ lexical du commerce (poids, mesures, temps etc.), ou encore de la perception, forcément religieuse, du monde et de l'univers. Il en sera, largement, de même pour le vocabulaire religieux ; l'arabe étant la principale sinon la seule langue liturgique des musulmans. Ce fait sacralisant sera certainement à l'origine de l'importante production littéraire en arabe et en « ‘ajami » (textes en langues locales transcrites avec l'alphabet arabe enrichi de signes diacritiques pour les sonorités étrangères à l’arabe). Les chefs religieux sénégalais ont rédigé en arabe leurs odes apologétiques dédiées au Prophète Muhammad, comme il est d'usage dans la tradition soufie. D'autres marabouts, par un souci de vulgarisation de l'islam et de son message, ayant une parfaite intelligence de la société sénégalaise et de son mode de fonctionnement, vont être plus créatifs.

Bien que maîtrisant, parfaitement les règles de la prosodie arabe (al-'arûd) et ses mécanismes, des cheikhs vont produire d’importantes œuvres en wolof transcrites avec l'alphabet arabe. Cheikh Moussa Kâ, disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie des Mourides, en était l’un des plus remarquables.

Dans les travaux effectués par Saliou Kandji et Vincent Monteil [1], en répertoriant les mots empruntés à l'arabe dans les parlers locaux, on note la prédominance du vocabulaire religieux et des termes ayant trait à l’existence et à l’univers. Si nous avons fait ce détour, c'est pour essayer d'expliquer le caractère sacralisé de l'arabe, en tant que langue et civilisation, chez les Sénégalais. Cette conception sera déterminant dans le débat ou querelle idéologique sur le rapport de l’Africain à l’islam ainsi que sa place dans cette communauté transnationale.

b[[1] Le laboratoire d’islamologie de l’IFAN détient d’innombrables manuscrits de ce type.]b




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par boniface le 31/07/2006 15:12 | Alerter
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pourquoi dit-on que l'islam participe-t-elle au retard de l'afrique?

2.Posté par Ali BARRO le 25/06/2007 03:59 | Alerter
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Assalamou Aleikoum
Chers frères,veuillez bien m'apporter quelques brins de votre sagesse,de votre intelligence,de votre Lumière.
Je vous remercie.
Que ALLAH vous garde en paix

3.Posté par Attisso Kokouvi le 12/09/2007 19:35 | Alerter
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Parler et écrire des langues étrangères est bénéfique. Cependant, vivre dans son terroir et ne pas parler et surtout ne pas savoir écrire sa langue maternelle est une tare Alors que dans tous les pays de notre planète l'enseignement se fait dans la ou les langues du pays, en Afrique subsaharienne il se fait dans les langues de ceux qui nous ont faits esclaves et nous ont colonisés. Notre aliénation étant au paroxysme, nous sommes fiers d'être francophones ou anglophones ou lusophones voire arabophones. Sur le plan religieux il en est même: fiers d'être musulmans ou chrétiens.

Dis-moi ton nom et la religion que tu pratiques et je te dirai qui est ton maître.

À cause de notre pauvreté intellectuelle nous manquons de stimulus pour recouvrer notre identité culturelle par l'innovation de nos langues et de croyances. L'économie des peuples se creé sur leur culture et la langue en est son vecteur. Nous vivons dans les dépendances linguistique, religieuse dont leur résultante est l'indépendance économique. Le drame est que nous Subsahariens croyons que notre développement se fera grâce aux aides extérieures et pour cette raison nous ne voulons . Sommes-nous des paresseux?

4.Posté par slt le 14/12/2007 10:56 | Alerter
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Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Une soeur
> palestinienne dit avoir vu dans son sommeil le messager d'Allah, le prophète
> Mohamed (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui), et lui a
> recommandé de passer la salutation (le salaam) aux gens. Celui qui lit ce
> message, doit à son tour le transmettre aux autres et doit attendre 4 jours
> avant de vivre un événement positif qui fera de lui un être très heureux.Par
> contre celui qui ne transmet pas ce message après l'avoir lu, traversera une
> période difficile et sera très triste. Ce message est une dette jusqu' au
> jour de la rétribution. ' Laa Illaha ila anta soubhanak ini kountou min
> aldaalimiin'.Envoie ce message à 25 personnes et tu dois t' attendre à des
> bonnes nouvelles Incha'Allah c juste du copier coller. faites le geste ki ne
> vous prendra k kelk minutes. k le bon dieu vous garde. amen

5.Posté par fatou le 07/02/2008 20:37 | Alerter
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c bien de parler arabe commssa on pe facilement apprendre le coran inchalah

6.Posté par cabo le 12/02/2008 00:32 | Alerter
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salut à tous je travaille sur la question de l'islam précisement le bureau des affaires musulmanes et je souhaite m'ouvrir à vous afin de pouvoir m'orienter dans ce travail.
merci

7.Posté par Ali Barro le 15/08/2008 05:10 | Alerter
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Salut a tous
Bonjour particuleir a Kakouvi du bénin et un banc pour son écrit.
Mon cher kakouvi, nous les africains semblont nous plaire dans notre misere eternellement quotidiennisante, je touche tout de meme du bois.
Le lavage de cerveau que nous avons recu est immense. Nous sommes blancs dans notre esprit dit-on, comme si en etre noir est synonyme d'egarement.
J'espere que l'Afrique trouvera son vrai chemin car plus de 50% de ce que nous entreprenons présentement ressemble a des constructions de sable


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