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Oscars 2017 : Moonlight, la rampe d'accès à la reconnaissance pour Mahershala Ali

Rédigé par | Lundi 27 Février 2017 à 17:38

Mahershala Ali est entré dans l'histoire, dimanche 26 février, en devenant le premier acteur de confession musulmane oscarisé, et ceci pour son interprétation dans le film Moonlight, qui a remporté le prix du meilleur film lors d'une cérémonie mémorable.



Il y a un an, les comédiens Will Smith et Jada Pinkett-Smith déclenchaient une polémique en appelant au boycott de la cérémonie des Oscars, qui ne reflétaient pas assez, à leurs yeux, la diversité de la société américaine. Cette année, six comédiens noirs ont été nommés - un record - grâce aux films Fences et Moonlight, réalisés respectivement par Denzel Washington et Barry Jenkins.

Mahershala Ali, a obtenu le prix du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation de Juan, un dealer cubain qui prend sous son aile un petit garçon maltraité par une mère toxicomane dans Moonlight. Ce long métrage, qui a remporté l'Oscar du meilleur film au nez et à la barbe de La La Land, raconte l'histoire de Chiron, un jeune afro-américain qui se bat contre son milieu familial et social pour vivre son homosexualité.

Né en 1974 d’une mère ministre protestante et d’un père comédien, Mahershala Ali a grandi à Oakland, en Californie, sous le nom de Mahershalahashbaz Gilmore. En 1999, il se convertit, choisi la branche de l'ahmadisme et prend pour nom de famille Ali. Suite à sa formation théâtrale au sein de la New York University, il débute sa carrière dans des séries télévisées telles que New York Police Blues et Les Experts, avant de connaître une véritable notoriété grâce au rôle décroché pour la série Les 4 400 en 2004. Au cinéma, il joue dans L’Etrange Histoire de Benjamin Button, Predators, The Place beyond the pines, la saga The Hunger Games et, plus récemment, dans Les figures de l'ombre.

Mahershala Ali a grandi dans un milieu difficile, son père ayant quitté le foyer alors qu’il n’était âgé que de trois ans. « Nous n’étions pas pauvres, mais nous devions faire face à des problèmes financiers parfois », raconte-t-il dans une interview au magazine THR. Il a été témoin des difficultés auxquelles sont confrontées les communautés noires : « J’ai d’abord vu mes cousins aller en prison pour des vols à main armée, et du deal. La mère d’un ami était une dealeuse. Les drogues étaient un moyens pour les gens de s’en sortir par eux-mêmes (…) souvent, le deal se faisait dans la discrétion pour compléter ses revenus. »

Son statut de comédien dans des films à succès ne l’a cependant pas épargné des discriminations qui se multiplient depuis l’avènement de Donald Trump à la présidence. « J’ai été interpellé en voiture. On m’a demandé où était mon arme, si j’étais un maquereau, ma voiture a été démontée. Les musulmans vont ressentir qu’il y a cette nouvelle discrimination qu’ils n’avaient pas ressentie avant, mais ce n’est rien de nouveau pour nous », a récemment témoigne Mahershala Ali, père d'une fille née le 22 février.

Ses mots de remerciements lors des Oscars, c'est à ses proches mais aussi à ses professeurs qu'il l'adresse « et une chose qu'ils n'ont pas arrêté de me dire constamment (...) : ce n'est pas à propos de toi. C'est à propos des personnages. Tu es un serviteur, tu es au service de ces histoires et de ces personnages et j'ai vraiment de la chance d'avoir eu cette opportunité ».