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Société

Octobre rose, un rendez-vous essentiel pour appuyer la lutte contre le cancer du sein

Rédigé par Yousra Gouja | Lundi 7 Octobre 2019 à 16:00

           

Depuis 1993, le mois d'octobre est l'occasion de sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein qui touche près de 60 000 personnes chaque année. A cette fin, les initiatives se multiplient comme ce fut le cas à Paris, les 4 et 5 octobre, où un parcours multi-sensoriel a été installé pour permettre aux visiteurs de mieux comprendre la réalité physique et morale du cancer du sein. L'occasion de voir se rassembler des acteurs et des actrices associatifs engagés à promouvoir une lutte nécessaire.



Encourager toujours plus de femmes en France à participer au dépistage du cancer du sein, c’est le but affiché de la campagne Octobre rose. Ici, à l'exposition d'Ozalys présentée à Paris les 4 et 5 octobre. © CMyNewMe/ Facebook
Encourager toujours plus de femmes en France à participer au dépistage du cancer du sein, c’est le but affiché de la campagne Octobre rose. Ici, à l'exposition d'Ozalys présentée à Paris les 4 et 5 octobre. © CMyNewMe/ Facebook
Encourager toujours plus de femmes en France à participer au dépistage organisé du cancer du sein, c’est le but affiché de la campagne Octobre rose. Des opérations de sensibilisation à cette maladie sont organisées à travers toute la France. A Paris, une exposition temporaire baptisée « Ozalys ose ! Parler des cancers féminins autrement : de la prévention à la résilience » a été installée, vendredi 4 et samedi 5 octobre, au Studio des Acacias.

Le temps de deux jours, les femmes (mais aussi les hommes) ont été invitées à vivre une expérience immersive inédite au cœur d'un parcours multi-sensoriel afin de toucher toute la réalité physique et morale du cancer du sein. A l’initiative de ce « cocon féminin de sororité », Isabelle Guyomarch, la fondatrice de la marque de cosmétique Ozalys destinée aux femmes malades.

Un parcours immersif dans la peau de combattantes

A peine notre veste placée aux vestiaires, nous nous glissons dans la peau d’Alice, cette peau abîmée par les effets secondaires de la chimiothérapie. « Chaque marque sur le corps est un coup de scalpel », indique Isabelle Guyomarch.

Le couloir aux illustrations reflète les moments clés qui signent le début des angoisses pour les femmes atteintes du cancer, à commencer par le rendez-vous chez le médecin, ce moment où elles ont la sensation de perdre le contrôle de leur vie.

Nous sommes alors entraînées dans un circuit où le toucher prime. Une orgue à sensations fait place avec différents cylindres de tailles variables, comme s’il exprimait une douleur différente à chaque recoin. Après le toucher, la perte du goût, une autre expérience désagréable pour les malades... Et le parcours de combattantes continue jusqu’à mieux comprendre, au bout, le douloureux chemin traversé par les femmes malades. Livret en main, chaque étape du pendant et de l’après-cancer est, en effet, expliqué afin de préparer un futur le plus serein possible.

Aller au-delà d’une opération « ruban rose »

L’art est ici thérapeutique. « C’est un événement qui suscite l’émotion et c’est l’objectif », pour qu’on en parle autrement « sans uniquement parler de ruban rose », nous précise Isabelle Guyomarch.

Elle-même s’est relevée du cancer du sein qui lui avait été diagnostiqué en 2013. C’est en 2017 que cette survivante, auteure de Combattante. Vaincre les tabous des cancers féminins (Cherche midi, 2019), a lancé sa propre marque de produits adaptés aux personnes qui ont le cancer. Avec Ozalys, le bouchon, par exemple, n’est plus difficile à ouvrir car souvent, ayant les mains irritées, les malades ont du mal à reproduire ce geste si simple en apparence.

Aux côtés d’Isabelle Guyomarch, qui jongle avec son activité de présidente de CCI Productions, entreprise française spécialisée dans la fabrication de parfums et de produits cosmétiques haut de gamme, plusieurs associations menant au quotidien des initiatives de soutien et d’accompagnement des femmes malades ont fait acte de présence pour apporter leur témoignage. Elles œuvrent à changer le regard de la société sur le cancer du sein. La féminité est, certes, altérée mais la sororité des femmes présentes aident à avoir une nouvelle vision de soi-même.

C'est le cas de l'association Jeune & Rose, qui organise des « télététons » pour récolter des dons visant à faire partager massivement ses messages d’alerte et de prévention du cancer du sein. Le réseau « C My New Me » (Mon nouveau moi) propose, pour sa part, un forum dédié aux malades et aux accompagnants qui veulent s’entraider après l’annonce du cancer. « Je suis guérie de mon cancer du sein triple négatifs (un cancer très agressif face auquel peu d'armes thérapeutiques existent, ndlr) quand j’étais enceinte de sept mois. J’avais deux enfants en bas âge. J’ai dû me faire opérer tout de suite. J’ai eu beaucoup de difficultés à me faire soigner en France car j’étais expatriée », témoigne Luz d’Ans, 43 ans, dirigeante d’une entreprise de coaching, aujourd’hui guérie.

Octobre rose, un rendez-vous essentiel pour appuyer la lutte contre le cancer du sein

Ne pas faire rimer cancer « avec privation de maternité »

Avec l’exposition, Ozalys a aussi souhaité sensibiliser les femmes aux possibilités de fertilité après des chimiothérapies et autres traitements anti-cancéreux, « parce qu’une meilleure prévention permet une meilleure résilience ». Avec l’association Le premier jour du reste de votre vie, le message clé est fort : « Il y a une vie avec et après le cancer ». « J’ai voulu proposer un support psychologique car j’ai eu du mal à en trouver », nous fait part Laurie Panse. Aujourd’hui enceinte, elle s’est présentée au Studio des Acacias pour partager un message d’espoir aux femmes qui se persuadent de ne pas pouvoir avoir d’enfants.

« Pour beaucoup de femmes, cancer rime avec privation de maternité Mais aujourd’hui, il est possible d’avoir un enfant après un cancer », signifie Ozalys. « En prévention des effets secondaires des traitements de la maladie, il faut envisager, pour les femmes en âge de procréer, une préservation de la fertilité avant le début de la thérapie en congelant du tissu ovarien ou bien des ovocytes, voire des embryons, par une méthode de congélation appelée vitrification. »

La campagne Octobre rose se poursuit dans toute la France et des conseils, toujours les mêmes, sont formulés aux femmes, y compris les plus jeunes : celui, d'une part, de pratiquer une auto-palpation des seins afin de détecter de manière précoce toute anomalie (une boule par exemple) et, d'autre part, celui de participer à une campagne de dépistage organisé pour les femmes qui ont plus de 50 ans, les plus exposées aux risques.

Autre nouveauté en matière de lutte contre le cancer du sein qui a été dévoilée cette année : un test génétique permettrait d’éviter la prescription de chimiothérapies inutiles à 7 femmes sur 10, selon une étude américaine mise en avant lors du Congrès mondial de cancérologie ASCO 2018. Ces tests sont pris en charge par l’assurance maladie mais à un taux de remboursement insuffisant pour les centres de soin, selon Le Progrès, ce qui explique qu’ils soient inégalement utilisés en France.





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