Sur le vif

Nouvelle charge de Bouteflika

Rédigé par Laila Elmaaddi | Mardi 9 Mai 2006 à 09:26



Lors de la commémoration des massacres commis le 8 mai 1945 par l'armée française dans l'est algérien, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a lancé une nouvelle salve contre la France coloniale.

Quelques semaines après avoir parlé de "génocide identitaire", le président Bouteflika a récidivé en évoquant la "violence génocidaire" du colonialisme. Son message a été lu par le ministre algérien des moudjahidine (anciens combattants), Mohamed Cherif Abbas, dimanche soir, à Guelma à 500km à l'est d'Alger.

"Nous ne devons pas oublier les fosses communes de mai 1945, ni les fours à chaux d'Héliopolis, pas plus que les bombardements de l'aviation et de la marine, les exécutions sommaires, les viols, tous ces meurtres de masse qui plongèrent les régions de Sétif, Guelma et Kherrata dans une ambiance d'apocalypse", écrit le président algérien. Dans ce message, il évoque encore l'horreur de la machine coloniale "renouant avec sa pulsion originelle, celle du déferlement de violence génocidaire".

"Pour une centaine d'Européens tués, on estimera à plusieurs dizaines de milliers les Algériens assassinés, non pas parce qu'ils combattaient les armes à la main le colonialisme, mais pour ce qu'ils étaient, des êtres humains aspirant à vivre au rythme de leur liberté en tant que peuple autonome, ce qui est la définition même de ce que l'on appelle un génocide", a asséné le chef de l'état.

"Il eut sans doute mieux valu, dans l'intérêt de nos deux peuples et de leur amitié, que des Français disent à d'autres Français, de manière calme et ferme : 'oui, notre aventure coloniale a été génocidaire. Oui, colonisation n'a pas rimé avec modernisation mais avec décivilisation. Oui, notre Etat doit se purger de sa face obscure, de sa face colonialiste et pour cela, comme l'ont fait d'autres Etats à travers le monde, présenter ses excuses aux peuples auxquels il a imposé son oppression colonialiste et en particulier au peuple algérien qui l'a subie de manière si longue, si brutale, si multiforme, si génocidaire'", a déclaré le président algérien.

Pour dépasser le passé, selon Abdelaziz Bouteflika, "il serait bon que nous prenions appui sur ces données tangibles pour construire une amitié fondée sur la résilience de l'immense traumatisme induit par le colonialisme et délibérément tournée vers l'invention du futur".

Le chef de l'état algérien a nuancé son propos en faisant le distinguo entre le colonialisme comme système et la France en tant que peuple, et cela en affirmant que "nous n'avons jamais confondu la nation française, le peuple français, ni même l'Etat français avec le colonialisme français qui a été sa face obscure".