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Culture & Médias

« Nos Daron.nes », une web-série pour raconter une autre histoire de l'immigration et de la France

Rédigé par | Mercredi 20 Janvier 2021 à 12:05

           

Avec la web-série « Nos daron.nes » produit par le réseau de de jeunes acteurs issus des quartiers populaires Ghett'Up, les troisième et quatrièmes générations de l'immigration sont invitées à se pencher sur l'histoire de ceux qui les ont précédés. Pour apprendre de ces récits, mais surtout pour les porter fièrement et permettre aux plus jeunes de se réapproprier leurs héritages qui, eux aussi, font l'histoire de France.



« Nos Daron.nes », une web-série pour raconter une autre histoire de l'immigration et de la France
Rendre un hommage et célébrer les première et seconde générations issues de l’immigration française, c’est la volonté affichée de la web-série participative « Nos Daron.nes » portée par l’association Ghett’Up, un réseau de jeunes acteurs qui travaillent à la revalorisation de l'image des quartiers auprès du grand public mais aussi auprès de leurs habitants eux-mêmes. Cette série de vidéos dont la première est déjà disponible sur Youtube met en avant des dialogues parents-enfants, des interventions d’experts et de jeunes activistes.

Le lancement de l'initiative le 1er janvier n'est pas anodin : il s'agit de la date de naissance par défaut de milliers d'immigrés, hommes et femmes, inscrite par l'Etat français sur leurs papiers. « Nos Daron.nes » invite les internautes à balayer des idées reçues sur l'immigration en se penchant sur des histoires et des parcours personnels divers. L’intime et l’amour filial s’invitent dans ces échanges dont le but est de « pousser » la « jeunesse héritière de l'immigration à se réapproprier son histoire à travers celles de ses parents pour mieux dessiner son avenir et contribuer aux différents débats contemporains qui en découlent », explique Ghett’Up.

Pour la chargée de projets Ihsane Jamaleddine, « notre approche intergénérationelle apporte un angle nouveau sur ces questions et dévoile une autre version de ces conversations ». « Il s'agit de prendre notre place dans l'imaginaire collectif de notre pays et raconter une autre histoire de l'immigration et de la France, dans laquelle nous sommes héritiers et légitimes ! », fait part la fondatrice du réseau, Inès Seddiki.

Le premier épisode, précédé d’une interview, est consacré au voyage et à l’arrivée en France de Dany Tum, une mère de famille d’origine cambodgienne. Dans cette interview, elle fait don d’un bout de sa vie avec pudeur et humilité. Elle raconte avec des mots simples la guerre et son périple vers l'Europe. Elle, qui a fui le régime des Khmers rouges dans les années 1970 à l’âge de 14 ans avec sa mère, voyait dans le pays des droits de l’Homme une terre promise. « Quand on est arrivé à Roissy, on s'est dit : ça y est, on est au paradis ! », raconte-t-elle. Son parcours d'intégration en France n'a néanmoins pas été un long fleuve tranquille, tout particulièrement en raison de la barrière de la langue.

C’est cette histoire que Danny Tum partage avec sa fille Sothany, née en France il y a 24 ans. Au cours de la conversation, mère et fille répondent à tour de rôle aux mêmes questions : Quel était ton rêve à 12 ans ? Que penses-tu de la France ? Chacune partage son expérience, échangeant des regards tantôt timides, tantôt complices. Si la mère livre un témoignage empli d'humilité et de révérence pour son pays d'accueil, sa fille parle avec assurance mais aussi avec gratitude tant pour le pays qui l’a vu naître que celle qui a vu naître sa mère.

« Toi aussi, tu peux être fière de toi ! »

Parmi les questions posées, une en particulier laisse Danny Tum sans réponse. « Que pensez-vous avoir apporté à la France ? », lui demande-t-on. Là, elle hésite et cherche ses mots avant laisser tomber un « rien ».

« Je ne suis pas d’accord ! Grâce à toi, la France est multiculturelle et ça, c’est super important. On t’a fait travailler dans des trucs que personne ne voudrait faire et pourtant tu y vas tous les jours, avec le sourire ! », défend Sothany. « J’aimerais bien que tu te vois avec mes yeux pour que tu te rendes compte que toi aussi, tu peux être fière de toi », ajoute-t-elle, déterminée à porter fièrement son histoire et celle de sa maman.

Pour l'historienne Naïma Yahi, également marraine de « Nos Daron.nes », cette fierté dont fait preuve Sothany est indispensable. Plus de 60 ans après les mouvements de décolonisation, il faut transmettre, rappeler à la France son identité multiple pour qu’elle ose enfin regarder droit dans les yeux ceux qui font partie de son passé, de son présent et construiront son avenir.

« On nous demande d’être des Français sereins et de croire que nos noms, nos corps, nos cheveux, nos religions, notre bouffe... Tout ça ne renvoie pas à des imaginaires qui restent à décoloniser, y compris dans nos propres imaginaires d’héritiers de l’immigration post-coloniale parce que, dans notre corps, cohabitent le dominant et le dominé », explique la chercheure associée à l’Unité de recherche Migration et Société (URMIS) rattachée à l'université de Nice Sophia Antipolis.

L’historienne, qui raconte avoir peiné à trouver sa place dans le monde de l’enseignement supérieur en raison du sujet qu'elle souhaitait étudier, à savoir la place des Maghrébins en France, a voué sa carrière à une cause : offrir à la troisième et quatrième génération de Français issus de l’immigration des outils qui leur permettront de faire vivre cette « fierté des parents, de la culture d'origine ».

« A moins de faire du révisionnisme historique, nous sommes intriqués dans l’histoire de France. C’est tout ce que j’ai à offrir à la France. C’est la réalité de nos héritages », déclare l'historienne. C'est pourquoi « il faut porter fièrement nos histoires singulières qui nourrissent dans un même lit une histoire collective », déclare la chercheure pour qui il faut « s’incruster dans la photo de famille » France pour « définitivement » faire des héritiers de l’immigration des Français à part entière.

Lire plus :
« Décolonisations : du sang et des larmes » : un documentaire pour assumer la violence du passé colonial français
Avec ADN, la quête identitaire et l’obsession des origines racontées par Maïwenn
Avec « Images de migrations », des films et des chercheurs pour regarder les migrants autrement
Attention, travail d'Arabe : l’ouvrage humoristico-politique d’Ali Guessoum




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Premier Janvier le 22/01/2021 20:33 | Alerter
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A moins d'avoir toujours été là, tout le monde à migré.
Immigré ou émigré.
Par exemple je suis Français. Issu de parents Français.
Mais nous aurions pu cesser de l'être. C'est un choix, pas une nature.
Cependant être est assimilé à des endroits.
Parce que pour des raisons pratiques, politiques, être semblable aux autres est une situation plus confortable.

2.Posté par Premier Janvier le 22/01/2021 20:54 | Alerter
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Je fais à la France le privilège de la choisir.
A mois d'être étranger personne ne dit jamais ça.
Pourquoi on se le demande.
Pourquoi c'est toujours la France qui prétend choisir. La France ou autre.
Tenez moi par exemple, comme je le disais, je ne l'ai pas choisie, elle ne m'a pas non plus choisie.
Cependant je ne peux pas ne pas être né quelque part. On est reconnu juste. Premier Janvier est à nous. Ensuite il fait ce qu'il veut mais l'on reconnait qu'il est à nous. Et voilà.


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