Psycho

Myriam : « Mon mari ne me touche plus. Je ne veux plus me sentir boniche »

Rédigé par Sabah Babelmin | Samedi 14 Aout 2021 à 10:55



J'ai 39 ans, mon mari aussi. Je suis mariée depuis plus de trois ans. Mais actuellement cela devient compliqué avec mon mari. Je suis tombée enceinte en 2018 de mon mari. On avait encore des rapports sexuels et c'était assez fréquent.

Depuis janvier 2019, mon mari ne me touche plus. Je suis malheureuse et j'en souffre. Je ne me sens pas désirée et j'ai l'impression d'être là juste pour le ménage, les repas et les papiers. J'ai essayé d’en parler avec lui et il prend cela à la rigolade. Je lui pose des questions mais il les évite. Je lui ai expliqué que j'en avais besoin. Mais aucune réaction de sa part. Je vous avoue que nos rapports intimes n'étaient pas au top mais on en avait. Et je m'en contentais.

Aujourd'hui, après presque deux ans sans rapport, ça devient dur pour moi. J'ai du mal à le supporter et, pour lui, je pense que c'est pareil. Il ne fait rien avec moi. Ni sorties, ni repas, ni cadeaux. RIEN. Ni amour, ni tendresse, juste des paroles pour me faire des reproches. Je m’occupe de mon fils toute seule la journée car il travaille et, quand il ne bosse pas, il va voir ses potes. Il est égoïste. Je travaille de nuit pour m’occuper de mon fils la journée quand il n'est pas à la crèche.

Là, j'arrive à un point où je vais le tromper afin de combler mon manque de sexualité et me sentir femme et pas boniche. Désolé, je le ressens comme cela. Il ne souhaite pas divorcer. Après plusieurs dialogues, je ne sais pas comment faire. En islam, le mari doit faire son rôle, tout comme la femme. Mais là, je gère tout à la maison (factures, éducation de mon fils, etc.). Deux ans sans relation intime, sans vie de famille partagée : sommes-nous encore mariés en islam ? Pourriez-vous me répondre s'il vous plaît et m'indiquer mes droits ? Car je suis perdue.

Sabah Babelmin, psychanalyste

Chère Myriam,

Etre mariée, ce n’est pas être la boniche de quelqu'un comme vous l’écrivez ! C’est plutôt être solidaire, complice, épanouie sexuellement et s’entraider dans les moments difficiles.

Or, vous avouez que, depuis deux ans, vous n’avez plus de rapports avec votre mari, et que vous assumez toutes les tâches à la maison en plus de votre fils. « J'ai essayé d’en parler avec lui et il prend ça à la rigolade. Je lui pose des questions mais il les évite. » Que s’est il passé depuis deux ans ? Pas vraiment deux ans puisque vous dites que, depuis janvier 2019, il ne vous touche plus. Vous avez accouché, et cela parfois peut ralentir la sexualité, car beaucoup de femmes s’occupent beaucoup plus de leur bébé que de leur mari. En d’autres mots, elles deviennent plus mères que femmes. Est-ce votre cas ? Et certains hommes ont parfois du mal à reprendre leur place d’homme auprès de leur femme. Ce qui se passe dans un couple est coproduit par les deux partenaires, il n’y a pas une victime et un bourreau, vous êtes tous les deux responsables de cette situation.

Vous avouez aussi qu’avant ce n’était pas top mais vous vous en contentiez ? Est-ce à dire que vous étiez l’objet de votre mari ? C’est comme si, me semble t’il, vous ne vous autorisez pas de le séduire, de prendre de l’initiative, mais vous attendez sagement, en ravalant votre frustration, qu’il vienne vers vous ?

Il est important que vous alliez voir un professionnel pour vous aider à comprendre ce qui se passe dans votre couple. Si aucun dialogue n’est possible avec votre mari, prenez rendez-vous avec le professionnel pour lui en parler très sérieusement et lui dire votre frustration de femme, essayer de comprendre ses raisons, ce qui vous aidera peut-être à prendre une décision par la suite.

Si rien n’en ressort, c’est votre droit de divorcer. Vivre en colocataires sans tendresse, ni sexualité peut engendrer beaucoup de rancœur et de frustration et parfois même de la violence, surtout que vous avez aussi un enfant qui doit sentir votre détresse. Bon courage.

La rubrique « Psycho », qu’est-ce que c’est ?

Des psychologues et psychanalystes répondent à vos questions. Musulman(e)s du Maghreb ou de France, professionnel(le)s actif(ve)s exerçant en cabinet, ils réfléchissent à votre problématique et tentent de vous éclairer à travers leur expérience professionnelle et leur pratique spirituelle. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair en vous-même ou à mieux décrypter le comportement des personnes de votre entourage.
Ils ne sont pas médecins, même si on les désigne parfois comme des « médecins de l’âme », mais leur rôle est de vous aider à trouver en vous-même la meilleure réponse à vos interrogations sur vos relations aux autres, votre conjoint ou conjointe, vos parents, vos frères et sœurs, vos amis, vos collègues de travail, vos voisins...
Alors, n’hésitez pas, interrogez-les, ils tenteront de vous répondre en s’éclairant des plus belles pensées de l’islam.
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