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Société

Mosquées : à 2,1 ou 5 millions, les musulmans manquent toujours de places

Rédigé par | Lundi 21 Mars 2011 à 10:09

           

La France aurait-elle perdu la moitié de ses habitants musulmans ? Selon l’étude « Trajectoires et Origines » réalisée par l'Institut national des études démographiques (INED) et l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en 2008-2009, le nombre de musulmans en France est estimé à 2,1 millions et non plus 5 à 6 millions, souvent avancés par la classe politique, les économistes et les médias. Ces chiffres, passés inaperçus en octobre dernier, fait désormais l’objet de discussions, en plein débat sur l'islam. Pour Patrick Simon, socio-démographe à l'INED et un des contributeurs de l’étude, le chiffre des musulmans en France ne change rien à la nature du débat politicien. Il s’explique sur Saphirnews.



Mosquées : à 2,1 ou 5 millions, les musulmans manquent toujours de places

Saphirnews : Comment l'INED et l'INSEE en sont arrivés à conclure que les musulmans seraient 2,1 millions en France connaissant l'interdiction des statistiques ethnico-religieuses ? Sur quoi vous êtes-vous fondés ?

Patrick Simon : Le questionnaire de l’enquête comprend des questions sur la religion des enquêtés et celle de leurs parents, ce qui permet d’analyser les dénominations religieuses déclarées ainsi que la religiosité et les pratiques qui y sont associées.
L’enquête a suivi toutes les procédures légales au Conseil national de l’information statistique (CNIS) et à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), instances qui ont validé la légalité des questions sur la religion et ont défini les modalités de leur exploitation. Les statistiques sur la religion comme sur l’origine ethnique ne sont pas interdites totalement, elles font l’objet de précautions particulières. Ces précautions ont été suivies scrupuleusement par l’INED et l’INSEE lors de la réalisation de l’enquête.

Patrick Simon, chercheur à l'INED
Patrick Simon, chercheur à l'INED

Qu'entend-on par musulmans « déclarés » ? Sont-ce des musulmans « pratiquants » ou le chiffre comprend-il aussi les personnes dites de « culture musulmane » ?

P. S. : Nous avons défini les musulmans à partir d’une question directe sur la religion, formulée ainsi : « Avez-vous une religion ? » et, en cas de réponse positive : « Laquelle ? ».
Sont considérés comme « musulmans » toutes les personnes ayant fait référence à l’islam dans leur réponse, quelles que soient leurs origines ou leurs pratiques. Certains n’avaient pas de parents « musulmans » (déclarés par eux comme musulmans) mais se sont dits musulmans. D’autres, plus nombreux, ont eu un ou deux parents musulmans mais se sont déclarés sans religion ou, plus rarement, d’une autre confession. Les personnes de « culture musulmane », c’est-à-dire venant d’une famille musulmane mais se déclarant sans religion ne sont donc pas compris dans notre population.
En revanche, on observe une proportion non négligeable de personnes se déclarant musulmane et pour qui la religion n’a pas d’importance dans leur vie et qui n’ont pas de pratique religieuse. Ces derniers peuvent être également qualifiés de « musulmans culturels ». Ils sont néanmoins comptabilisés, car ils se sont déclarés comme « musulmans ».

Comment expliquez-vous le décalage entre les chiffres ? Ne pensez-vous pas que vos chiffres sont sous-estimés sachant que les moins de 18 ans et les plus de 50 ans sont exclus des statistiques ?

P. S. : Le chiffre de 2,1 millions que nous obtenons diffère des estimations habituelles pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, nous ne recueillons l’information que pour les personnes âgées de 18 à 50 ans mais le chiffre total de musulmans inclut également les plus de 50 ans et les moins de 18 ans.
Par ailleurs, la plupart des estimations sont fondées sur l’origine des personnes et non sur leur déclaration en matière de religion. Sont considérés comme « musulmans » tous les immigrés venant d’un pays à dominante musulmane ainsi que tous les descendants de ces immigrés nés en France.
Cela est relativement inexact : d’une part, parce que de nombreux pays à dominante musulmane comprennent des minorités non musulmanes ; d’autre part, parce que tous les habitants de ces pays ne se considèrent pas nécessairement comme ayant une religion.
C’est encore plus vrai pour les descendants nés en France. Entre 20 et 30 % des descendants d’immigrés du Maghreb nés en France se disent sans religion. Doivent-ils être considérés de « culture musulmane » ? C’est une question intéressante du point de vue de la sociologie de la religion mais, d’un point de vue démographique, nous avons retenu une définition plus étroite où nous respectons la déclaration des personnes. Il en va de même pour les catholiques.
Les chiffres de 5 ou 6 millions sont surestimés, mais l’enjeu d’arriver au « vrai » chiffre du nombre de musulmans en France est assez limité. S’il s’agit de montrer que l’islam est devenu une religion importante en France : même 2,1 millions de musulmans suffisent à valider cette idée puisque l’islam se trouve être la deuxième religion après le catholicisme.
Il est plus intéressant de notre point de vue de travailler sur la transmission religieuse, le profil de ceux qui se disent très religieux ou moins religieux, les pratiques qui y sont associées et les « chances de vie » déterminées par l’investissement religieux.
Notre enquête aborde très directement la question des discriminations et il est démontré que les personnes se déclarant musulmanes y sont plus exposées que les autres. Il s’agit de comprendre pourquoi et comment.

Les convertis seraient compris dans les 2,1 millions. Avez-vous quelques éléments à nous fournir concernant le phénomène ?

P.S. : Nous n’avons pas d’éléments plus précis sur les conversions que ce que nous pouvons déduire de la comparaison entre la religion des enquêtés et celle de leurs parents.
Bien que nous ayons 22 000 personnes dans notre échantillon, ce qui permet d’analyser des sous-populations, la précision de nos estimations sur un petit groupe comme les convertis à l’islam est assez limitée. Nous les estimons entre 70 000 et 110 000, toujours sur le même groupe d’âge de 18 à 50 ans.
Mais l’estimation est à prendre comme un ordre de grandeur et avec précaution. Plus de 95 % des musulmans vivant en France sont issus de familles musulmanes.

Enfin, qu'est-ce que vous évoquent ces chiffres, révélés à l'heure où la France entre en plein débat sur l'islam ?

P. S. : Je ne pense pas que le chiffre des musulmans en France change quoi que ce soit au débat sur l’islam, dont la composante n’est pas liée à des paramètres numériques stricto sensu. Même dans le cadre du débat ouvert sur les « prières de rue », la question de l’insuffisance en capacité d’accueil des lieux de culte n’a pas été mise en doute et elle est vérifiée, qu’il y ait 5 ou 3 millions de musulmans en France.
Ce débat met en jeu des points de vue opposés sur les valeurs, les représentations et l’organisation de la société française dans le contexte multiculturel qui est le sien. Il repose sur des fantasmes à l’égard de la participation des musulmans dans la société française et sur des stéréotypes importés du Moyen-Orient, d’Iran ou d’Afghanistan qui sont plaqués sur les pratiques sociales et religieuses des musulmans. De là découlent les représentations de formes de repli identitaire qui les caractériseraient.

L’incorporation de l’islam en France est un processus qui dépend non pas d’ordre de grandeur numérique mais d’un aggiornamento des représentations qui continuent à peser sur les musulmans, d’une part, et d’une actualisation des représentations de la société française pour y incorporer la présence visible et active des musulmans, d’autre part. On peut ajouter dans le respect de la laïcité, c’est-à-dire de la liberté de conviction des un-e-s et des autres. Mais la laïcité est une dialectique permanente qui doit, elle aussi, s’actualiser et il n’y a pas de raisons à ce que les musulmans ne trouvent pas leur place, en tant que musulmans entre autres dimensions identitaires qu’ils peuvent mobiliser selon les contextes.



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Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Musulman,Citoyen,Electeur,Conscient le 21/03/2011 10:24 | Alerter
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Cela fait bientot 20 ans que le nombre de musulmans en France est regulierement estimé autour de 6 millions,

Premiere surprise,malgré la natalité,l'immigration,et les convertions,ce chiffre n'aurait pas augmenté!

Deuxieme surprise,"l'etude", a la laquelle vous faites reference, indiquerait que le nombre de musulmans en France serait de l'ordre de 2 millions,soit une diminution de 66%!

Quel est donc le but de cette manoeuvre? Apaiser les "peurs "des Francais face au peril islamique,ou negliger et diminuer l'importance et la contribution des musulmans en France?


2.Posté par SylvainD le 21/03/2011 19:31 | Alerter
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'même 2,1 millions de musulmans suffisent à valider cette idée puisque l’islam se trouve être la deuxième religion après le catholicisme. '

Bravo! Vous voulez une médaille en chocolat??

'S’il s’agit de montrer que l’islam est devenu une religion importante en France'

2 millions comparé aux 66 millions de français, soit moins d'un trentième de la population? Des nèfles en somme, sérieusement .islam 2ème religion de France avec 2 millions de pratiquants, wouaw? Et ca vient nous faire chier à réclamer du hallal de partout à tel point que 70% des viandes seraient hallal??? Que les cantines scolaires se mettent à servir du hallal? Bravo la capacité de nuisance pour 2 millions de pratiquants!!!!

'Même dans le cadre du débat ouvert sur les « prières de rue », la question de l’insuffisance en capacité d’accueil des lieux de culte n’a pas été mise en doute et elle est vérifiée, qu’il y ait 5 ou 3 millions de musulmans en France. '

Et alors? Qu'ils se les payent ces mosquées, à 2 millions ils voudraient que ce soient les 64 millions d'autres qui payent pour leurs mosquées? Bravo la mentalité!!! Soit disant il seraient bien intégrés, si ils sont si bien intégrés ils ont certainement des sous pour se les payer leurs mosquées.

'et d’une actualisation des représentations de la société française pour y incorporer la présence visible et active des musulmans, d’autre part.'

On les voit plus que les chrétiens, c'est dire à quel point ils sont visibles. Par contre niveau activité...mais tant mieux ...  

3.Posté par bob l'eponge le 22/03/2011 06:19 | Alerter
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Au nom de quoi le contribuable français non musulman devrait il financer des mosquées avec ses impôts, à fortiori en pleine periode de crise, alors que dans le même temps on lui annonce quasi quotidiennement des coupes budgetaires, des plans de rigueur, des remises en cause de ses acquis sociaux (diminution des remboursements de frais medicaux, retraites amoindries, taxes de + en + elevées etc)? Je pense que le citoyen français en accepte déjà beaucoup et a déjà enormement donné aux derniers arrivés en France depuis 40 ans... La vache à lait est à sec, et relancer l'emploi ou réindustrialiser le pays me semble bien + urgent et utile à tous que de financer des lieux de culte à telle ou telle autre communauté.

4.Posté par sentinelle le 22/03/2011 09:12 | Alerter
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sylvainD le D c'est pour désinformation ou pour débile.retourne dans ton bistrot avec tes potes de comptoir apprendre a ecrire le francais

5.Posté par Othmane le 25/03/2011 01:05 | Alerter
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si je prend ma famille et que j'applique les critéres de comptage de cette étude, et bien il n'y a q'une seule personne musulmane dans ma famille, ma fille ne compte pas elle à moins de 18 ans, moi je suis un converti donc je ne compte pas, donc seule ma femme existe en tant que musulmane. Donc pour 3 personne une seule comptabilisée, et bien on tombe bien sur les 6 million, puisqu'il compte une personne sur trois, pour avoir le bon chiffre il faut multiplié par 3 donc 2 million x 3= 6 million.
La denegation, le mensonge c'est de la discrimination, c'est de l'islamophobie.

6.Posté par SB le 06/04/2011 09:08 | Alerter
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Othmane (commentaire 5): _"ma fille ne compte pas elle à moins de 18 ans"

_"nous ne recueillons l’information que pour les personnes âgées de 18 à 50 ans mais le chiffre total de musulmans inclut également les plus de 50 ans et les moins de 18 ans"

Othmane (commentaire 5): _"moi je suis un converti donc je ne compte pas"

_"Sont considérés comme « musulmans » toutes les personnes ayant fait référence à l’islam dans leur réponse, quelles que soient leurs origines ou leurs pratiques."



7.Posté par Georges Lautness le 08/04/2011 13:15 | Alerter
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qt[Au nom de quoi le contribuable français non musulman devrait il financer des mosquées avec ses impôts, à fortiori en pleine periode de crise]

Au nom de quoi les contribuable français paye-t-il les enseignants du privé et notamment des écoles catholiques, à fortiori en pleine période de réductions massives des personnels de l'éducation nationale ?


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