Sur le vif

Mort de Kadhafi : un crime de guerre d’après HWR

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 18 Octobre 2012 à 09:03



Juste après la mort de Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011, les autorités libyennes ont donné leur version sur cet évènement. Selon eux, le dictateur et son fils Mouatassim Kadhafi ont été tués au cours d’un échange de tirs croisés. Toutefois, un an après, la sortie de « Death of a Dictator : Bloody Vengeance in Sirte » contredit cette version officielle. Ce rapport de plus de 50 pages est l’œuvre de l’ONG Human Right Watch (HRW).

Au moment des faits, une équipe de cet ONG se trouvait effectivement à proximité de l’endroit où le dictateur avait été intercepté. Elle a donc pu mener sa propre enquête en réunissant plusieurs éléments de preuves incluant des vidéos. Via ce rapport, l’ONG dénonce donc les exécutions sommaires de Mouammar Kadhafi, de son fils et des hommes qui l’accompagnaient.

Dans le rapport, l’ONG précise que « les vidéos montrent Mouammar Kadhafi se faisant rudement passer à tabac par les forces de l’opposition et recevant des coups de baïonnette aux fesses, entraînant de nouvelles blessures (…). Au moment où il est filmé en train d’être chargé dans une ambulance à moitié dénudé, il semble sans vie ». HRW a donc conclu que « le temps que Mouammar Khadafi arrive à Misrata, un voyage d’au moins deux heures, il était alors presque certainement mort et des images de son corps ont commencé à circuler ».

Le commandant de la brigade de Misrata de la milice de la Côte Est, Khalid Ahmed Raid, a également témoigné dans le rapport de HRW en déclarant que « quand nous avons capturé Kadhafi, c’était une grande pagaille. Il y avait des combattants partout. Il était en vie quand je l’ai vu, donc il a du être tué plus tard (…) c’était très confus. Des gens lui tiraient les cheveux, le battaient. Nous comprenions qu’il fallait un procès, mais nous ne pouvions contrôler personne ».

Concernant le fils du dictateur, HRW précise que « Mouatassim Kadhafi a lui aussi été capturé vivant sur le lieu de la bataille, (…) filmé en train d’être transporté vers la ville de Misrata par des membres d’une milice de l’opposition, (…) il a de nouveau été filmé dans une pièce en train de fumer des cigarettes et de boire de l’eau tout en prenant part à une conversation hostile avec ses ravisseurs ». Son cadavre, avec une nouvelle blessure à la gorge sera exposé publiquement dans la ville le soir même.

Selon HRW, les combattants de Mouammar Kadhafi ont également été froidement exécutés. Leurs corps sans vie, avec les mains attachées dans le dos pour certains, ont effectivement été retrouvés dans l’hôtel Mahari, deux jours après les faits. Le rapport le prouve avec une vidéo retrouvé dans un téléphone portable d’un milicien de l’opposition. Elle montre les membres du groupe en train de se faire insulter et malmener. 17 personnes sur cette vidéo seront parmi les victimes retrouvées à l’hôtel Mahari.

Par ce rapport, Human Rights Watch rappelle donc à la communauté internationale qu’« en vertu des lois de la guerre, tuer des combatants captures constitue un crime de guerre, et les autorités civiles et militaires libyennes sont tenues d’enquêter sur les crimes de guerre et les autres atteintes au droit humanitaire international ». Il invite la Cour pénale internationale à poursuivre en justice les auteurs de ces exécutions.

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