Arts & Scènes

Miloud et Omar en scène

Envoyée spéciale à Bordeaux

Rédigé par Nadia Sweeny | Lundi 24 Avril 2006 à 17:47

A l’occasion de la rencontre des musulmans du sud ouest de la France, organisée par le CRAISOF (Conseil Régional des Associations Islamiques du Sud Ouest de la France), le 22 avril à Bordeaux, Miloud et Omar nous ont offert, chacun dans leur domaine, un spectacle original. Sérieux dans les propos, doux par le chant et hilarant par les sketches, ils reviennent tous deux sur les problèmes récurrents de l’immigration, parfois de la souffrance, et surtout de l’intégration.



Solennellement Miloud

Miloud
Miloud Zenasni, chanteur confirmé, a présenté en avant première au public bordelais, quelques chansons tirées de son nouvel album « Itinéraire ». Applaudi chaleureusement par la foule, Miloud, seul face au public, aborde des thèmes variés, rattachant l'auditoire à son histoire personnelle, son passé mais aussi à sa condition de vie quotidienne et à l'image dont elle souffre.

Le musicien nous offre en premier lieu, accompagné de sa guitare, une chanson en langue arabe, sur le Prophète de l'islam. La seconde, en français, est une invitation au voyage pour le « bled » (le pays d'origine). Dans sa troisième « exploration », Miloud s'interroge sur l'image négative que les différences engendrent. Cet hymne à la liberté, s'il s'adresse ici précisément aux musulmans et aux familles « issues de l'immigration », renferme un message universel d'appel à l'indépendance de choix et de vie. Au message « quoi qu'ils en pensent tu t'en balance », de nombreux jeunes et moins jeunes d'ailleurs, ont exprimés leur engouement par de chauds applaudissements.

Dans un registre plus sérieux et très solennel, Miloud Zenasni a tenu à offrir aux « anciens » l'une de ses performances vocales. Demandant à la foule un peu de calme afin de lui transmettre son message, il cherchera à faire resurgir le sentiment de respect pour les parents et grands-parents qui sont venus en France afin d'y trouver une terre d'accueil et de salut. Il met en avant la force de ces « anciens » qui, au péril de leur vie, se sont battus pour nous offrir des conditions de vies meilleures. Ainsi, les paroles en français illuminées par une magnifique tonalité orientale, prennent tout leur sens.

« Match Nul »

Omar
Dans ce One man show, "match nul", Omar Zaoui aborde les différents problèmes de la migration et notamment de l'intégration. Durant plus d'une heure et demi, il met en scène avec un humour déconcertant les cocasseries de la vie quotidienne des familles issues de cette immigration. Du cousin clandestin qui tente de traverser la méditerranée, au père de famille « haj » imam de la mosquée de la cité dont les toilettes sont en panne, à la mère qui négocie un pourcentage des revenus de son fils, en passant par le cousin qui « pète les plombs » à cause de la difficulté du Ramadan, tout ceci revu et corrigé par les habitants de la cité.

Des personnages originaux apparaissent plus pertinents que jamais : le maire skyzophrène durant un mariage « rebeu » qui ne sait plus s'il est raciste ou pas, la militante féministe musulmane, et la maman qui donne des cours d'histoire revus et corrigés par elle-même où JC devient Jackie Chan…
On regrettera cependant le retour de personnages récurrents sur lesquels de nombreux comiques jouent déjà tels le "jeune de la cité" qui « se prends pour un chaud » ou encore le « papa rebeu ». Cependant, les remarques restent pertinentes et Omar nous dépeint un quotidien vivant et un état des lieux désopilant et réaliste.

Micro-trottoir :

« Je trouve le résultat mitigé, le one man show est un mixe entre Gad El Maleh et Djamel Debbouze. Par contre, j'apprécie les messages politiques qui s'en dégagent. » Jihad, 22ans.

Mounia et Hamas
« On devrait faire ça plus souvent, ça participe à l'intégration. Pour les jeunes c'est plus facile de comprendre quand il y a de l'humour ». Mounia 17 ans.

« Je trouve que cette initiative est une preuve d'ouverture d'esprit. On comprend des choses en s'amusant, c'est bien pour les jeunes. » Hamas, 15 ans.

« Je suis insensible à certaines choses mais je trouve ça plutôt bien pour la jeune génération. C'est tout de même plus adressé à un public maghrébin, mais bon c'est normal ils sont plus nombreux. » Abdelkarim, 40 ans.

Yacer et son petit frère Zakaria
« Il y avait une bonne ambiance. J'ai tout aimé et j'ai appris beaucoup de choses. L'islam je trouvais ça facile mais en fait, je me rends compte que c'est plus dur que ce que je croyais. » Yacer, 14 ans.