Sur le vif

Migrants : la maire de Calais rejette l’injonction du Conseil d’Etat

Rédigé par | Mardi 1 Aout 2017 à 12:25



Natacha Bouchart, la maire de Calais, a annoncé lundi 31 août qu’elle ne « donnera pas suite aux injonctions » du Conseil d’Etat. La plus haute juridiction de France avait, quelques heures auparavant, ordonné des mesures d’aide aux migrants.

« La décision de justice du Conseil d'État est une injustice pour les Calaisiens, car elle les met de nouveau sous la menace de la recréation d'une énième jungle », a déclaré l’édile par communiqué. Elle ajoute qu’en l’absence « de politique nationale et européenne offrant une solution globale de maîtrise de l'immigration, la Ville de Calais ne donnera pas suite aux injonctions qui lui ont été faites ».

La mairie s'expose ainsi à une amende de 100 € par jour mais Nathalie Bouchart a fait savoir, via La Voix du Nord, que « c'est déjà inscrit dans le budget des dépenses imprévues de la Ville », préférant s'acquitter de l'amende plutôt « que d’encourager une situation qui mènerait à 10 000 migrants à Calais dans un an »

Le gouvernement réagit à la décision

Saisi par 11 associations et une cinquantaine d’exilés, le tribunal administratif avait ordonné fin juin que les droits humains élémentaires des 400 à 700 migrants qui survivent dans les camps clandestins soient respectés. Ainsi, l’Etat et la municipalité de Calais devaient faire en sorte que les migrants puissent disposer de douches et de toilettes.

Le ministère de l’Intérieur et la ville de Calais ont lancé, début juillet, un recours auprès du Conseil d’Etat. Ce dernier a ainsi jugé lundi que « les conditions de vie des migrants révèlent une carence des autorités publiques, qui est de nature à exposer les personnes concernées à des traitements inhumains ou dégradants et qui porte donc une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ».

Si la municipalité calaisienne a rejeté l’avis du Conseil d’Etat, il en va autrement pour le gouvernement. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé en conférence de presse que « des douches mobiles vont être déployées dans Calais afin d’éviter de fixer les migrants dans un lieu ».

Il a aussi affirmé l’ouverture prochaine de deux centres d’accueil à Troisvaux et à Bailleul, dans deux communes des Hauts-de-France. Ils auront pour objectif d’examiner la situation des migrants. « Nous ne voulons pas recommencer les mauvaises expériences du passé et nous ouvrirons deux centres assurant l’hébergement et l’examen des situations de ces personnes », a précisé le ministre.

Lire aussi :
Migrants de Calais : l'Etat interpellé par le Défenseur des Droits face à la gravité de la situation
Loire Atlantique : un centre d'accueil de migrants visé par balles