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Points de vue

Migrants et réfugiés : hommes et femmes en quête de paix

Rédigé par Mgr Yves Boivineau | Vendredi 26 Janvier 2018 à 08:55

           


Le pape François à la rencontre de migrants à Bologne (Italie), le 1er octobre 2017 (photo © L'Osservatore Romano)
Le pape François à la rencontre de migrants à Bologne (Italie), le 1er octobre 2017 (photo © L'Osservatore Romano)
Le message du pape François pour la Journée mondiale de la Paix 2018 est à accueillir dans son contexte. La communauté politique internationale a lancé un processus multilatéral de consultations et de négociations qui doit conduire à l’adoption, par les Nations unies, de deux pactes internationaux d’ici à la fin de l’année 2018 : l’un sur les migrants, « pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », et l’autre concernant les réfugiés.

Le Saint-Père souhaite que ces accords « soient inspirés par la compassion, la prévoyance et le courage de façon à saisir toute occasion de faire progresser la construction de la paix », et il invite l’Église à prendre part à ce processus. Il avait déjà approuvé les vingt points d’action concernant les migrants et les réfugiés, préparés par la section qui est chargée des Migrants et des Réfugiés au sein du nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, au Vatican. Son message pour la Journée mondiale du migrant est de la même veine.

Avec son accent particulier et dans un nouveau contexte, François se situe dans la continuité de ses prédécesseurs, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, qu’il cite à plusieurs reprises. Depuis le début de son pontificat, il attire notre attention sur la situation des migrants et des réfugiés qui fuient les guerres, les persécutions, la pauvreté, la misère, misère accrue par la dégradation environnementale.

Adopter une attitude responsable fondée sur la dignité de tout être humain

Nous ne sommes pas dans une situation passagère : les migrations vont caractériser notre avenir. On compte aujourd’hui dans le monde 250 millions de migrants – à l’intérieur des frontières nationales et au-delà –, dont 22 millions et demi sont des réfugiés, à savoir « des hommes et des femmes, des enfants, des jeunes, des personnes âgées qui cherchent un endroit pour vivre en paix », ou qui essaient très souvent de « laisser derrière eux le “désespoir” d’un avenir impossible à construire » (Benoît XVI).

Nous sommes devant une situation qui suscite de fortes réactions, souvent nourries par « une rhétorique largement diffusée » mettant en exergue « les risques encourus pour la sécurité nationale ou le poids financier de l’accueil des nouveaux arrivants » : « ceux qui fomentent la peur des migrants, parfois à des fins politiques, au lieu de construire la paix, sèment la violence... ». François nous invite à aiguiser notre regard pour mieux prendre en considération les situations et les enjeux, et adopter une attitude responsable fondée sur la dignité de tout être humain.

Une maison commune où tous ont les mêmes droits

Le pape François n’occulte pas les difficultés auxquelles sont confrontés aujourd’hui les gouvernants qui doivent gérer ces situations nouvelles complexes qui, souvent, s’ajoutent aux problèmes déjà existants : « En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, dans la mesure compatible avec le bien de leur peuple... » Il refuse toutefois de considérer les migrations comme une menace et nous invite à un « regard contemplatif », à savoir un regard rempli de confiance, seul en mesure de construire un avenir de paix.

Nous sommes une unique famille dans cette maison commune où tous ont les mêmes droits de bénéficier des biens de la Terre. En outre, les migrants et réfugiés « n’arrivent pas les mains vides » et « ils enrichissent la vie des nations qui les accueillent ».

Pour offrir aux migrants et aux réfugiés la paix qu’ils recherchent, le Pape propose un processus qui s’articule autour de quatre verbes, et donc quatre principes d’action, à conjuguer : accueillir, protéger, promouvoir, intégrer.

Accueillir, protéger, promouvoir, intégrer

« Accueillir », c’est avant tout offrir aux migrants et aux réfugiés de plus grandes possibilités d’entrée, sûres et légales, dans les pays de destination et veiller à un accueil approprié et digne.

« Protéger », c’est garantir le respect de la dignité de toute personne et empêcher l’exploitation de ceux qui fuient un danger réel, en quête d’asile et de sécurité.

« Promouvoir », c’est favoriser le développement intégral des personnes déplacées. Il commence par l’accès à l’instruction des enfants et des jeunes. En facilitant la rencontre des autres, l’instruction développe un esprit de dialogue et prévient les risques de fermeture et d’enfermement.

« Intégrer », c’est permettre aux migrants de participer activement à la vie de la société qui les accueille, dans une dynamique d’enrichissement mutuel.

Le pape François s’adresse à tous les croyants et personnes de bonne volonté. Tous sont invités à conjuguer leurs efforts pour accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les hommes et les femmes obligés de quitter leur terre et leur maison. Le Pape cite saint Jean-Paul II, dans son message pour la Journée mondiale de la paix de 2004 : « Si le “rêve” d’un monde en paix est partagé par de nombreuses personnes, si l’on valorise la contribution des migrants et des réfugiés, l’humanité peut devenir toujours plus la famille de tous et notre terre une véritable “maison commune”. »

Les accents sont les mêmes, mais l’urgence d’agir est sans doute plus forte, pour assurer la paix aujourd’hui et demain.

*****
Première parution de cet article dans la Lettre de Justice et Paix, n° 231, janvier 2018.
Mgr Yves Boivineau, évêque d’Annecy, est président de Justice et Paix, service de la Conférence des évêques de France.





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par François CARMIGNOLA le 26/01/2018 21:26 | Alerter
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La question des "réfugiés" est source d'un clivage profond dans l'opinion française qui se déclare catholique. Le pape a clairement pris position et cela aura des conséquences. Contre la pilule et pour les africains, l'irréalisme de la gouvernance religieuse chrétienne la met hors du monde complètement.

Par contre, la partie "libérale" des occidentaux qui n'ont pas encore compris que le prix à payer des migrations récentes sera exorbitant peut encore se réclamer du pape, sommet du ringard moraliste qui veut encore tenter d'influer sur les opinions politiques...

2.Posté par Gneu le 31/01/2018 19:49 | Alerter
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Vous en faites un vous de clivage. Pour les Africains. Non mais qu'est-ce qu'il ne faut pas lire.

3.Posté par Drum le 02/02/2018 18:02 | Alerter
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Clivant chez les catholiques. Tandis que chez les non catholiques ça ne le serait pas.
La migration est essentiellement inter européenne et inter africaine.
La pape est pour les africains dites-vous. Je ne crois pas qu'il doit raisonner ainsi.
Ca c'est un logiciel politique, pas chrétien. C'est votre logiciel.

4.Posté par François CARMIGNOLA le 02/02/2018 21:10 | Alerter
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@Gneu @Drum le clivage ne concerne pas QUE l'opinion catholique, bien sur...

@Drum Au sujet des migrations, il est parfaitement vrai qu'elles sont principalement des mouvements internes aux continents européens et africains !
On peut donc dire: "raison de plus!".

5.Posté par Drum le 03/02/2018 21:01 | Alerter
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Nationalisme ou xénophobie existent. Mais en faire des principes intrinsèques aux religions font d'elles qu'elles ne sont plus des religions mais qu'elles deviennent des principes politiques. Si un chrétien noir et un chrétien blanc ce n'est pas la meme chose, c'est donc que ce n'est plus de religion dont il est question.

6.Posté par Divaa le 12/03/2018 14:11 | Alerter
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Grâce à votre site je viens d’appendre plusieurs choses. Continuez !

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