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Société

Marseille : un restaurant interdit aux femmes voilées, un refus assumé

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mardi 19 Novembre 2013 à 19:55

           


Marseille : un restaurant interdit aux femmes voilées, un refus assumé
Consommer un café, oui mais sans voile. C’est un cas de discrimination inquiétant que révèle le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), lundi 18 novembre. Deux femmes musulmanes se sont vues refuser l'accès à un restaurant à Marseille, jeudi 7 novembre, au motif qu’elles portent le voile.

Alors qu’elles s’apprêtaient ce jour-là à entrer dans le Memphis Coffee, le serveur fait barrage et leur explique qu’elles ne pourront entrer que si elles enlèvent leur voile. « Le directeur, venu en personne renvoyer ces deux femmes, leur explique qu'il ne fait qu’appliquer strictement et simplement la loi et leur répète que si elles souhaitent accéder à l’intérieur du restaurant, il ne tient qu’à elles d’enlever leur voile », indique le CCIF.

Sur la porte d’entrée du restaurant, une copie de la loi sur le voile intégral est placardée. Pourtant, les deux amies portent un hijab qui couvre seulement leurs cheveux. Elles ont beau expliquer que cette loi ne les concernent pas puisque que leur visages sont visibles mais rien n’y fait. L’accès au restaurant leur est toujours refusé, le directeur campant sur sa décision.

Une « ségrégation » dénoncée

Face à cette exclusion, les deux victimes ont décidé d’interpeller le directeur du restaurant et son serveur. « Vous nous avez rejetées très poliment et sans aucune violence, mais sachez que toutes les manifestations de courtoisie du monde n'arriveraient pas à masquer le manque de politesse essentielle et fondamentale dont vous faites preuve et l’impudence de vos propos », ont-elles écrit.

« Vous dévoyez les termes d’une loi pour légitimer la ségrégation. Vous tentez de faire de votre racisme une idéologie homologuée, c’est sans compter sur notre détermination à faire valoir nos droits », poursuivent-elles, avant d'ajouter : « Sur votre site, vous mentionnez que "la force de Memphis Coffee est de proposer à ses clients tout un univers axé autour de l’Amérique des années 50 avec sa cuisine et son décor"… Force est de constater combien vous avez le souci de la perfection et du détail, jusqu’à offrir également à vos clients un aperçu concret de la ségrégation pratiquée à cette même époque. Vous avez su vous adapter au contexte français en remplaçant la minorité noire américaine de l’époque par une minorité française aujourd’hui malmenée. »

Marseille : un restaurant interdit aux femmes voilées, un refus assumé

Le restaurant assume sa politique

Contacté par Saphirnews, le Memphis Coffee reconnaît les faits. « On demande systématiquement à nos clients de se découvrir », nous dit-on. Pour lui, cette pratique n’est en rien discriminante car elle est appliquée « à tout le monde ». Toutes les personnes portant un couvre-chef, que ce soit « un voile, une kippa, une casquette ou un chapeau », sont invitées à le retirer.

Après l’ouverture du restaurant voilà un an, la direction a décidé de mettre en place ce règlement à la suite d'un « problème de sécurité » survenu il y a plusieurs mois. « Un homme en casquette a volé des affaires dans les vestiaires, mais nos caméras sont en hauteur alors il n’a pas pu être identifié », justifie Jean-Baptiste, un des managers du restaurant. Depuis, le port de tout couvre-chef est interdit.

Cependant, aucune loi française ne l'interdit pour les usagers d'entreprises de service. L’établissement se fonde d'ailleurs, comme raconté par les musulmanes discriminées, sur l’interdiction du port du voile intégral. Une copie de la circulaire « du 2 mars 2011 relative à la loi du 11 octobre 2010 sur l’interdiction de dissimulation du visage » est ainsi visible à l’entrée du restaurant. Elles n'étaient coiffées que de simples foulards : ce règlement ne les concerne pas.

Les femmes discriminées ont déposé plainte contre le Memphis Coffee, apprend-on par le manager. Mais il reste confiant. « Il y a environ six mois, la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, ndlr) a déposé plainte pour les mêmes raisons mais le procureur nous a donné raison », indique Jean-Baptiste. Et il nous assure en parallèle que d’autres femmes voilées acceptent de retirer leur voile pour pouvoir entrer au Memphis Coffee.

Plainte contre le CCIF

Depuis la révélation de cette discrimination par le CCIF, les « menaces de mort et insultes » à l’encontre de l’établissement fusent - l'association ayant diffusé les coordonnées complètes de l'établissement sur son site - selon le manager, qui juge que l'ampleur prise par l’affaire sont « disproportionnées » alors qu'une discussion « à l’amiable » aurait pu régler le problème. Mais à la question de savoir si le Memphis Coffee envisage changer de politique, il déclare laisser cette décision à sa direction. Le gérant, qui n'était pas présent dans les locaux, n'a pas pu être contacté.

Face au flot d’insultes reçues, le restaurant nous a indiqué son intention de contre-attaquer en déposant plainte, mardi 19 novembre, contre le CCIF. Selon Jean-Baptiste, l’association a « lancé une propagande, et notamment des propos ambigus sur le fait que nous aurions sur notre porte une pancarte "Interdit aux chiens et aux femmes voilées" », qui était une image d'illustration du billet, et « incite à la haine de notre établissement alors que nous n'avons aucune haine contre qui que ce soit ». Le restaurant se défend de tout racisme, en donnant pour exemple les étrangers et musulmans employés au sein de l’établissement et le nombre important de clients d’origine étrangère accueillis...

Cet argument ne pèse pas lourd face à la réalité des discriminations subies par les musulmanes en France. Bien d'autres cas similaires ont été recensés en France. Une jeune femme voilée avait subi le même sort dans un restaurant à Martigues, début 2012.





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1.Posté par Beyle le 20/11/2013 10:20 | Alerter
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La volonté de nuire en diffusant les coordonnées du restaurant ainsi que les menaces et insultes démontrent encore une fois que nous avons affaire à une "communauté" qui n'est pas civilisé et que ce n'est pas seulement les femmes voilées auxquelles ils faudrait refuser l'entrée, mais à tous les colons de cette communauté, qui s'ils ne veulent pas suivre les règles du pays d'accueil peuvent rentrer chez eux de suite.

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