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Maroc : la répression contre le mouvement ‘Adl wal Ihsane se poursuit

| Mercredi 21 Juin 2006 à 17:15

Le mouvement islamique « Justice et spiritualité » fondé par Abdessalam Yassine connaît depuis plus de deux semaines des vagues d’arrestations et d’intimidations qui touchent l’ensemble de ses sections locales. Cette répression fait suite aux journées « portes ouvertes » organisées par le mouvement marocain, pour se faire connaître du grand public.



Nadia Yassine est la fille du fondateur de l' 'Adl wal Ihsane
En organisant, le 24 juin dernier ses « Journées portes ouvertes » pour se faire davantage connaître des marocains, le mouvement islamique Al ‘Adl wal Ihsane (Justice et spiritualité) ne s’attendait sûrement pas à une réponse aussi dur du pouvoir. Des centaines d’arrestations ont immédiatement suivies sur tout le territoire marocain.

Vague de répressions

Ainsi, selon l’association Nouvelle Amitié France Maroc (ANAEM), dès le mercredi 24 mai, une cinquantaine de personnes auraient été arrêtés à Témara avec confiscation de documents et d’équipements devant servir à l’organisation de ces journées.

Le même jour, un couvre-feu a été instauré dans une galerie marchande de Rabat obligeant les commerçants à fermer boutique. Un siège de plusieurs heures et un assaut aurait suivi avec l’arrestation de 75 personnes dont 20 femmes.

Quelques jours plus tard, à Taza et Oujda, au moins 165 personnes ont été arrêtées. Membre du Conseil d’orientation du mouvement, M. El Abadi a même été interdit de domicile.

A Rabat, le 6 juin, le feu aurait été ouvert, détruisant les deux étages supérieurs d’un immeuble où se réunissait des militants. La répression se serait étendue à Marrakech, Tétouan, Agadir, Meknès ou Fès.

S’exprimant dans le quotidien marocain l’Opinion, le ministre de l’intérieur M. Chakib Benmoussa, a déclaré, aujourd’hui, qu’"en agissant de manière active, Al Adl Wal Ihsane se situe hors de la logique de la loi et force doit rester à cette dernière et aux institutions représentatives légitimes". Justifiant les répressions par l’absence d’autorisation étatique pour ces journées portes ouvertes, le ministre a ajouté à l’AFP, que "le respect des libertés publiques, la préservation de l’ordre, la liberté d’expression, de réunion et de manifestation ainsi que la possibilité de collecter des fonds sont régis de manière à empêcher le citoyen d’être manipulé ou instrumentalisé" et donc qu’"il est du devoir de l’Etat de faire respecter scrupuleusement les lois en vigueur".

Des militants proches de l’Adl wal Ihsane, en France, réfutent cette explication et précisent que les répressions se poursuivent encore, deux semaines après. Ils affirment qu’elles sont destinées à briser le mouvement qui prend de l’ampleur, ce qui inquièterait le pouvoir royal.

Arrivés en France lundi dernier, Nadia Yassine, fille du leader spirituel du mouvement, et Abd El Wahed Moutawakkel, membre du Conseil d’orientation, donnent une série de conférence sur la situation « socio-politique au Maroc », suite à ces évènements. Ils interviendront vendredi soir, 18h, dans le quartier parisien de la Défense.

Fondé au début des années quatre-vingts par Abessalam Yassine, ‘Adl wal Ihsane est un mouvement politico-spirituel qui prêche un renouveau de l’islam sans usage de la violence, et qui plaide pour l’établissement du califat. Il ne reconnaît pas la légitimité de la monarchie marocaine.